21 décembre 2024
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Yennayer : pour une réhabilitation pleine et entière de notre amazighité

PATRIMOINE

Yennayer : pour une réhabilitation pleine et entière de notre amazighité

Demain c’est Yennayer, pendant que nous réhabilitons Cacnaq, notre ancêtre à nous tous, par une statue sur la terre de ses enfants, la plupart des Algériens avaient le regard tourné, par un mimétisme idiot, vers la statue de Okba ben Nafaa ; le profanateur de notre culture berbère et le bourreau de notre peuple. Si les têtes coupées, par l’entremise de ce scélérat général arabe, des enfants de la Kabylie orientale pouvaient témoigner.

Les prêcheurs de la haine se lèvent, comme un seul homme, pour dénoncer tout ce qui ressuscite, de prêt ou de loin, les couleurs qui rappellent les emblèmes antiques des algériens. La statue de Cacnaq est une victoire sur l’obscurantisme. Demain, nous édifions la statue de Aksel dans la Kabylie des Koutamas et la statue de la Kahina au centre des Aurès.

Demain c’est Yennayer et nous devons arrêter d’être honteux de nous-mêmes pour relever le défi et célébrer avec faste et fierté la fête qui nous ressemble. Demain nous serons riches, par les victoires successives de la berbérité, comme hier à Tizi Ouzou. L’esprit critique berbère nous libèrera de la crédulité béate, prisonnière d’un esprit primaire formaté à outrance par le spectre du haram.

Ce n’est pas parce que nous sommes musulmans, que nous devons accepter la philosophie nauséabonde édictée par l’esprit en décomposition des arabo-islamistes. Mais, nous sommes trahis par une classe politique qui se plaît, outre mesure, à effacer nos vertus culturelles pour nous éloigner de la modernité et de l’ouverture vers la culture universelle des peuples de toute l’humanité. 

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Le complexe atavique de l’algérien de se réfugier, en faisant le clown, dans les cultures des autres, devient une vertu à la mode. Et, nous laissons faire, impuissants devant les méthodes insidieuses d’un système néfaste qui défigure, sciemment et sans se cacher, le caractère berbère de notre société. Le pouvoir, cet ennemi interne soutenu par les islamistes, ne se contente pas d’écrabouiller, au vu et au su de tout le monde, les symboles berbères, mais il nous impose, c’est encore pire, de vénérer ce qui nous vient d’ailleurs. 

Je compatis pour la grande douleur de tout algérien qui se sent, aujourd’hui, berbère. Ce n’est pas facile, pour beaucoup d’être brimer et qui souffrent du déracinement sur leur propre terre.

Yennayer qui fut la grande fête du peuple Amazigh d’Afrique du Nord, devient, par la propagande forcenée des arabo-islamistes, une menace pour l’équilibre et la paix de la société. 

Les principes berbères forgés par une pensée pratique, de nos aïeux, qui avaient fait leurs preuves à travers le temps sont en danger. Nous devons nous montrer vigilants en nous concentrant sur l’essentiel pour avoir gain de cause afin de rendre à l’Algérie son véritable visage d’antan.

La revanche de la raison l’importera, assurément, un jour pour voir le pouvoir entre les mains du peuple. J’aimerais vivre assez longtemps pour voir enfin une Algérie libre, vivant conformément aux valeurs et suivant les couleurs vives de sa culture. Et, brandir aux yeux du monde entier une démocratie définie par le pouvoir du peuple.

Ce jour-là, nous commémorons le calvaire enduré par les jeunes victimes, fauchés à la fleur de l’âge, de Okba ben Nafaa en Kabaïl El-Hadra.  

Yannayer, qu’on le veuille ou non, fait partie du patrimoine millénaire de la tradition berbère. Le socle, si on regarde bien, d’un savoir vivre basé sur les valeurs d’une philosophie universelle qui prêche la liberté et le bien-être des hommes. Des concepts venus de très loin enrobés par des principes fondateurs, malgré des hostilités récurrentes. Ils réussirent par la force de leur évidence, de tracer leurs chemins, à travers le temps, pour parvenir, jusqu’à nous. Nous avons la chance, que la véritable pensée berbère, telle qu’elle fût conçue et vécue par nos aïeux, soit arrivée à bon port. Préservons-là, elle serait la richesse qui fonderait l’ossature de la force de demain de notre nation.

Pour ressusciter Yennayer (Yennar) de ses cendres, cette fête qui nous ressemble tous, chaque algérien doit se mobiliser, par des petits gestes physiques, culinaires, musicales, chants oraux, ou créations intellectuelles, chacun à son niveau, pour pérenniser ce patrimoine qui fut la fierté des hommes et des femmes berbères venus de la plaine et de la montagne. Ce jour l’aurore avec ses senteurs des roses en miel, réveillera avec le sourire le soleil qui brillera sur tous les amazighs.      

Je souhaite bonne fête de Yennayer à tous les berbères du monde. J’offre à tous les berbères, c’est ma contribution ; la fable de Yennar (Yennayer) tirée de mon recueil des fables et contes berbères en poésie (1) aux éditions Edilivre. 

Yennar et la chèvre

Yennar, le fils impérial de l’empire du temps

Se réjouit de son règne à l’arrivée de l’hiver

Et clame haut sa fierté d’être fêté chaque an

Par la ferveur légendaire des tribus berbères

 

On l’accueille avec chants et cantates sacrées

En priant d’épurer la terre avec des saignées

Ce prince dur, féroce, sans recul et sans pitié

S’attaque aux faibles, aux intrus et impuretés

 

La chèvre regarde impuissante son chevreau

Transi, engourdi et gelé d’un froid mordant

Sous la pluie avec des trombes glacées d’eau

La rage dans le cœur, mais elle fait semblant

 

De tenir son rang en faisant preuve de bonté

Usant d’un langage fin et l’art de la flatterie

En courtisant le prince avec un savoir parler

Plaire aux puissants et masquer sa bouderie

 

En apparat des grands jours la tête auréolée

Adulé par la dévotion servile des adorateurs

L’entrée musicale aux notes d’un vent glacé

Annonce le cynisme cruel du bon seigneur

 

L’insolent Yennar, insensible à la souffrance

Des malades et des jeunes fragiles infortunés

Utilisant sans sagesse ses pouvoirs immenses

En oubliant qu’un jour son règne sera terminé

 

Il exige, encore plus les fureurs des tempêtes

Une neige dense et le verglas qui givre la terre

Les pluies et le déluge féroce qui tue les bêtes

Des éclats des éclairs et les bruits du tonnerre

 

La chèvre usée mais garde encore son sourire

Vaincue, mais n’a jamais perdu sa confiance

Se révolter ici, c’est exposer son fils au pire

La revanche se nourrit du génie et la patience

 

Ouf la fin ! C’est, enfin le jour de votre départ

Dit la chèvre, heureuse et soulagée, à Yennar

Vous partez, sans faire un mal, pauvre fuyard

Votre chute nous ravit, place à l’aimé Fourar

 

La chèvre rebelle a de la rancune cachée

En faisant croire à l’image d’une vraie fidèle

Elle sait enrober sa petite mine dégoûtée

Pour Yennar, cet aveu est une trahison cruelle

 

Je demande à mon frère, pour laver l’affront

De me prêter un jour et une nuit de sa saison

Et revenir faire sentir à toi et ton cher enfant

La douleur du froid qui fait perdre la raison

 

Yennar tient parole, la chèvre a perdu son fils

Fourar floué, incrédule de voir février mutilé

D’un jour et une nuit, par les vertus du vice

On perd toujours à aider la haine des humiliés

A. B.

Note

1. Une fable orale, sauvée des vicissitudes de l’oubli en ayant, désormais, une forme écrite. Elle existera jusqu’à la fin des temps.  

 

Auteur
Abdelaziz Boucherit

 




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