Au-delà de la question du pourquoi que pose la sortie de Zeroual (81 ans) en cette période de célébration du soixantième anniversaire de l’indépendance, il est intéressant de relever quelques phrases clefs du message que notre ancien président a adressé au peuple. Donc à nous tous.
Quelques morceaux choisis :
« Aujourd’hui, plus que jamais, notre pays a besoin de tous ses enfants et de leur engagement afin de bannir à jamais les comportements néfastes du passé et de parachever l’édification d’un état moderne, digne des sacrifices de nos chouhadas et capable de faire face aux multiples défis et aux diverses menaces qui marquent notre siècle ».
De quels comportements néfastes et de quel passé parle donc notre Liamine national ? De la désignation par l’armée de chaque président, pour les comportements ? De la période Bouteflika uniquement, pour le passé ?
Est-il utile de rappeler à notre cher président que tout comme par le passé, le présent aussi est entaché de dérives dont il est inutile de dresser la liste sinon rappeler le fait que Tebboune est le président désigné par une seule personne, à savoir feu Gaïd Salah ? Et ce, à contre-courant de tout ce que le peuple réclame depuis des décennies : un président sorti des urnes et non des labos scabreux de la grande muette. Comment espérer quoique ce soit de constructif avec des désignations impérieuses de celui qui est censé présider à nos destinées ?
« Ces objectifs portés par de légitimes revendications populaires, ont été exprimés de façon massive le 22 février 2019, à travers un soulèvement pacifique et spontané de dizaines de millions de citoyennes et de citoyens »
Ah ça oui ! des dizaines de millions de citoyens ont scandé à tire larigot : -Les généraux à la poubelle, wa eldjazaïr teddi listiqlal !
Pour ne citer que ce slogan qui en dit long sur le ras le bol collectif du peuple qui voit à chaque fois sa révolution confisquée.
« Ce grand sursaut populaire a pu mettre fin aux grandes dérives du moment et a surtout redonné l’espoir à chacun d’entre nous de vivre un jour la concrétisation du rêve de nos glorieux chouhadas ».
Ya oueldi, laissons les chouhadas reposer en paix pour l’éternité au lieu de convoquer leur mémoire à chaque fois pour se donner un semblant de légitimité. Les morts ne rêvent pas, ils laissent aux vivants l’illusion de vivre libres à l’ombre bleue de leurs figuiers !
« Plus que jamais, le peuple algérien est conscient de l’ampleur des défis et des menaces qui pèsent sur lui ».
Ama baâd ? on aurait bien aimé que notre ancien président développe davantage et pointe du doigt de façon explicite ces menaces qui pèsent sur nous et, partant, de celui de l’avenir du pays ! Cela faisant, nous nous retrousserions tous les manches pour les combattre !
Vous voulez vraiment d’une Algérie moderne avec un peuple en phase avec ses gouvernants ?
La réponse à cette question passe inévitablement par trois conditions nécessaires, et certainement suffisantes : 1) FLN au musée ; 2) ANP à la caserne ; 3) « Alif-Lla-wa-El-mim » à la mosquée ! En théorie, les choses sont simples ! Quant à la pratique, elle exige une deuxième république !
Qu’un ancien président s’exprime, c’est bien, c’est même très bien, mais sortir des sentiers battus d’énoncés vagues et généraux (n’y voyez surtout pas un jeu de mots malsain !) eut été nettement mieux pour les pessimistes et suspicieux endurcis que nous sommes !
Allah Ghaleb ! soixante années d’entourloupes au sommet, comment garder un tant soit peu d’optimisme pour ce pays dont les utopiste que nous sommes n’avons rêvé que le meilleur ?
Kacem Madani