Dimanche 29 avril 2018
UGTA : de quelle souveraineté économique parle-t-on ?
L’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a annoncé, samedi, qu’elle consacrera la célébration du 1er Mai, fête internationale du Travail, à travers tout le territoire national, au thème de « la souveraineté économique et la promotion de la production nationale ».
Cette organisation historiquement acquise au pouvoir tente de se rassurer en arguant que «conscients de cet enjeu, les travailleuses et les travailleurs sont mobilisés et solidaires pour porter la promotion de l’industrie national, moteur de la production nationale, facteur de création d’emplois et d’amélioration du pouvoir d’achat ».
A l’approche de la présidentielle, tout le monde s’y met, Ould Abbes approche les étudiants, les partis de la coalition, la société civile et maintenant le syndicat, les travailleurs. Tout porte à croire qu’aucune occasion ne sera laissée au hasard d’ici avril 2019 pour assurer une large victoire au président de la république comme à l’accoutumée. Seulement dans une tendance économique globalisée tant budgétaire que monétaire, les crises sont systémiques, tandis que la gestion des crises est totalement, voire exclusivement, nationale.
Par ailleurs, dans une économie caractérisée par une croissance du type extensive, fortement dépendante des fluctuations du prix du baril, de celles du dollar qui constitue le seul moyen d’échange et enfin de la pluviométrie pour réduire sa facture alimentaire, la production nationale sera promue, si l’on veut réellement qu’elle le soit, uniquement avec la créativité. Or, le secteur privé ancre ses ventouses autour de celui public pour sucer la rente et, souvent au détriment de ce dernier.
Comment peut-on encore parler de souveraineté économique dans un pays rongé par la gabegie, la corruption et surtout l’absence de justice sociale qui accentue le renfermement sur soi toujours au détriment de l’intérêt général. Lorsqu’on en arrive à ce mode de gouvernance où les étrangers règnent en maîtres et les devises sortent du pays par paquets faudrait-il parler de patriotisme économique ou de vain signe de souveraineté économique ? Si l’on se réfère aux politiques économiques en vigueur dans le pays depuis les années 1990, on se rend compte que le système de gouvernance navigue à vue sans aucun choix stratégique claire qui pourrait garantir cette symbolique vide de « souveraineté économique ». Même, les dernières mesures du « tout conventionnel » tendent à conforter ce sentiment de confusion. Face donc à ces approches itératives à l’occasion, les acteurs nationaux comme les privés utilisent le marché de consommation algérien pour ramasser de l’argent qu’ils investissent ou garantissent outre mer.
Les partenaires étrangers doutent de la tournure des réformes qu’ils jugent comme incertaines et manquent de crédibilité. La désertion des compagnies de la recherche et la prospection des hydrocarbures dans un domaine minier où le taux de succès dépasse les 50% en est édifiante.
Le syndicat maison, lui, appelle au verrouillage tout azimut et de l’autre côté fréquente l’oligarchie qui pille les richesses nationales.
Résultat : les trois niveaux de verrouillage ont été et continuent de l’être, pervertis : L’accès au marché algérien à des opérateurs étrangers, l’entrée des produits importées, et le financement des importations. En favorisant l’un ou l’autre ou les trois à la fois, l’effet est paradoxal et se répercute sur le pauvre travailleur qu’on appelle aujourd’hui par une détérioration de son pouvoir d’achat sans limite.
Doit-on comprendre que cette symbolique utilisée en la circonstance refléterait un rapport de force entre la vision dirigiste qui privilégie l’intervention de l’Etat pour faire perdurer l’ordre établi où chacun trouve son compte sauf l’intérêt général, et des courants réformateurs qui prônent l’ouverture style ultralibéraliste, quelquefois par pur mimétisme occidental.
Entre ces deux débats stériles, l’expression souveraineté sert d’artifice purement spéculatif pour ne pas dire populiste pour tenter de neutraliser les tensions sociales qui semblent perturber le 5e mandat.