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1949 : entre la crise de la conscience démocratique et la gestation du pacte islamique

 

Bennaï Ouali et Amar Aït Hamouda, couverture de l’ouvrage d’Ali Yahia Abdenour.

 

L’intérêt de cette tribune est de rappeler ce qu’a été la crise du PPA-MTLD de 1949, inégalement connue des générations montantes pour mieux comprendre ses retombées sur le Mouvement national d’avant-garde, les vindictes suscitées après coup et les graves malentendus la concernant.

Introduction

Il s’agit, en effet, d’explorer dans une réflexion approfondie les forces endogènes et exogènes qui ont travaillé ce mouvement dynamique de l’histoire de l’Algérie et qui ont provoqué, d’abord, un dégonflement politique, puis et simultanément révélé et accéléré le processus de déclin démocratique, en mettant en place, sous la tutelle étroite des hégémonies politique et culturelle, une fonctionnarisation du politique, et enfin en retardant essentiellement le passage à l’action armée par l’affaiblissement du courant radical en dispersant ses forces.

Pour cerner les tenants et les aboutissants d’une telle conspiration contre l’intérêt suprême du Mouvement national d’avant-garde, et par ailleurs, pour maîtriser les motifs et les raisons de l’échec d’une opportunité historique pour frayer le chemin à une conception raisonnée de l’union nationale, de la démocratie et de la révolution, il faut identifier les différents protagonistes qui étaient à l’œuvre dans l’entreprise d’avortement d’une expression d’une pratique démocratique et pacifique par le débat constructif à l’intérieur du parti.

Les militants radicaux nationalistes, dits “berbéristes’’ ont ouvert la voie à la révolution de 1954

Nous verrons comment ces forces adossées à l’état-major du PPA-MTLD et qui ont été soumises à des facteurs externes découlant du double contexte national et international, en s’appuyant particulièrement sur l’œuvre de l’uniformatisation idéologique et sur le phénomène du régionalisme dans les phases primitives de la formation d’une entité nationale homogène et anticoloniale ; dans leurs lancées et dans leurs obsessions d’empêcher le débat démocratique étaient déterminées à étouffer cette voie ne lésinerons pas sur les moyens, jusqu’à l’utilisation de la violence physique contre les cadres politiques.

Imeɣnasen-nni, wid iwumi semman « les berbéristes », d nutni i yezwaren di tegrawla n 1954 ! 

Il est important de signaler l’opiniâtreté et la détermination avec laquelle Messali et ses lieutenants zélés ont poursuivi leur tâche envers une dévalorisation de l’action militante démocratique en alimentant les communautarismes et les féodalités qui ont empêché des décennies durant, l’émergence de l’appartenance au sentiment national en taxant des patriotes intègres, sincères, ouverts et ardemment acquis à l’esprit révolutionnaire de «berbéro-matérialistes» et en les accusant à tort de séparatistes.

Ces forces qui se sont laissé gagner par le réformisme politique et par des relents de l’arabisme chauvin, qui ont voulu maintenir une prédominance croissante de l’appareil du parti sur celui de la pratique militante, ont travaillé conjointement à l’entrave de la culture démocratique, à la marginalisation des cadres acquis au passage à l’action directe et à l’avatar de la personnalité nationale assimilée exclusivement et opportunément à l’identité arabo-islamique auto-proclamée, contraire à la personnalité algérienne et la plénitude ancienne de ses attributs identitaires.

L’Algérie à l’épreuve de la falsification de l’histoire postindépendance

Le retour de Messali de la déportation

En 1946, Messali était rentré de son exil forcé, de la déportation en Afrique équatoriale et était entouré de ses inconditionnels de sa vieille garde, avait décidé de manière unilatérale d’engager le parti dans la participation aux élections législatives françaises, malgré les fortes réticences d’un grand nombre de cadres.

Atrocement marqué par la violence des massacres de Mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, la plupart des militants étaient engagés dans un processus de radicalisation et étaient hostiles à toute action politique dans le cadre des institutions coloniales. Hocine Asselah, qui venait d’être désigné à la tête du parti à la fédération de France, lui-même à peine convaincu du bien-fondé d’une telle résolution politique, était confronté à la difficulté de la mobilisation des militants algériens résidents en France.

Mais le prestige, dont jouissait Messali jusque-là, ne pouvait remettre en cause le caractère d’une telle décision, car la dénoncer, revenait à contester le symbole de la lutte et des sacrifices pour l’indépendance qu’il incarnait. Après l’impératif stratégique de subordonner tout à la lutte armée en mai 1945 avec le mot d’ordre relatif à l’insurrection générale, dorénavant, le parti empruntera le chemin de l’électoralisme et du réformisme. A l’issue de cette élection, le PPA-MTLD sera représenté à l’assemblée française par cinq députés : Ahmed Mezerna, Mohamed Khider, Messaoud Boukadoum, Lamine Debaghine et Djamel Derdour, appartenant tous à la petite bourgeoisie citadine.

Cette élection constituera dans l’histoire du mouvement national indépendantiste le premier frein à la dynamique radicale et légitime de l’indépendance nationale et incarnera sans doute le moment fondateur à la faveur de la gestation du courant réformateur.

70 ans après la crise dite « berbériste » : bis repetita !!!

Ce dernier gagnera du terrain politique et provoquera un malaise croissant chez les cadres et les militants. Il inaugurera une longue série d’affrontements qui diviseront et désorienteront le mouvement national libérateur.  Incontestablement, il incarnera la lame de fond qui entraînera au fil des années toute la mouvance nationaliste indépendantiste dans une crise ouverte et explosive. Le PPA-MTLD, par ses représentants parlementaires, désormais, se distinguera difficilement des tendances réformistes des Oulémas, de l’UDMA et des élus collaborationnistes algériens proches des députés colons.

Le congrès national du PPA-MTLD

Ce fut dans les conditions de l’émergence de la tendance réformiste que s’était tenu le Congrès national du parti en février 1947 à Alger. Ce rendez-vous organique n’avait pas réussi à imposer l’impérative nécessité d’une unité d’action autour de la perspective de l’insurrection nationale. Les congressistes étaient divisés entre partisans d’une rupture radicale et défenseurs du réformisme politique.

L’aile radicale du parti, portée en partie par les cadres du district de la Kabylie hostile à tout compromis avec l’ordre colonial, a sensiblement pesé sur les résolutions du congrès. Elle a puissamment contribué, en particulier, à la création de l’Organisation spéciale et à la diffusion de nouvelles revendications démocratiques, très éloignées des idées portées par les députés réformistes. La ligne légaliste avait agité abusivement l’épouvantail de l’aventurisme pour s’attaquer aux membres les plus déterminés de la rupture radicale avec l’ordre colonial.

Ce fut à la faveur de la sauvegarde de l’unité du parti que les congressistes avaient adopté des résolutions conciliantes. Les travaux de synthèse avaient retenu à la fois la création de l’Organisation spéciale et la continuité de l’activité politique légale dans le MTLD. Si, jusque-là, le compromis politique avait empêché la scission qui avait menacé le mouvement nationaliste, en revanche, force est de reconnaître qu’une ligne de fracture était visible entre les deux courants.

Le Front des forces socialistes (FFS) et la question identitaire

Dans tous les cas, c’est la ligne réformiste qui en est sortie largement gagnante de la partie de bras de fer.  Porté par la frange citadine d’extraction sociale petite-bourgeoise, le courant réformateur deviendra un acteur de premier ordre dans la conduite du parti et pèsera dans toutes les décisions historiques et choix politiques qui engageront le devenir du mouvement. Il mettra à rude épreuve le courant national radical qui s’était constitué essentiellement autour de militants de couches sociales plébéiennes et paysannes.

Le courant réformateur avait imposé sans résistance aucune la participation du parti aux élections municipales du mois d’octobre 1947 et à celle de l’Assemblée algérienne à deux tours, les 4 et 11 avril de 1948. Excepté quelques réalisations sur les plans organique et logistique-structurations, attaque de la poste d’Oran et achats de lots d’armes – l’Organisation spéciale, incohérente politiquement et dépourvue d’édifice doctrinal se projetait dans la lutte armée sans autre projet que celui de l’indépendance nationale.

D’un côté, Ahmed Ben Bella, Mostefa Ben Boulaïd et Amar Ould Hammouda respectivement responsables de l’OS dans l’Oranie, dans les Aurès et en Kabylie, qui s’étaient présentés aux élections législatives, se retrouvaient d’une part, en infraction à la directive permanente de l’OS de se mettre en retrait des activités publiques du parti, et d’autre part, en légitimant l’aile conservatrice participationniste en cautionnant le processus électoral.

De l’autre côté, pour explorer les voies et les moyens qui mettront qui mettront le parti sur l’orbite révolutionnaire, Hocine Aït Ahmed avait mis deux années dans l’élaboration du rapport de l’Organisation spéciale qui a été présenté devant le comité central élargi à Zeddine, en décembre 1948. Pour l’histoire, il est important de rappeler que les documents présentés lors de cette rencontre, dont figurait le rapport de l’OS, ont été détruits suite à une alerte donnée par Djilali Belhadj.

En effet, par repli stratégique, la direction du PPA-MTLD avait décidé d’ajourner ses travaux et faire disparaître l’ensemble des documents. Le rapport de l’Organisation spéciale qui fut décliné et présenté par Hocine Aït Ahmed ultérieurement dans ses mémoires correspondait-il au document original, où s’agissait-il d’une reconstitution améliorée, affinée et inspirée des évolutions politiques ultérieures et du cheminent de la guerre de libération nationale ?

Contré par la débâcle électorale, par laquelle le gouverneur général, Edmond Naegelen, s’était illustré en faisaient gravement contrepoids à un élan nationaliste libérateur en livrant le pays à un trucage électoral d’une ampleur inouïe, le bureau politique avait décidé de la tenue d’un comité central élargi pour faire l’évaluation politique. Les assises s’étaient tenues à Zeddine, situé à Aïn Defla, fief de Djilali Belhadj, inspecteur général de l’Organisation spéciale.

Deux points étaient inscrits à l’ordre du jour, d’abord l’étude du rapport de l’Organisation spéciale et ensuite la désignation d’un secrétaire national du parti pour redistribuer des tâches dans le bureau politique. Si le rapport de l’Organisation spéciale avait était adopté à la majorité, moins deux voix, Djamel Derdour, député de Constantine, avait exprimé son opposition à la lutte armée, pendant que Messali s’était abstenu¹, les travaux de cette rencontre ont été marqués par de grandes tensions et des désaccords internes.

Le poste de secrétaire général avait fait l’objet de luttes intenses entre les activistes radicaux et les réformateurs. L’enjeu était important, celui qui détiendra le poste, fera main basse sur l’appareil du parti. Ce fut ainsi que Lamine Debaghine avait été proposé par le courant radical pendant que les réformateurs avaient plébiscité Hocine Lahouel.

C’est Messali qui aura le dernier mot : une semaine après, à Blida, il désignera son protégé, Hocine Lahouel au poste de secrétaire national. Une nouvelle fois, c’est le courant conservateur réformiste de tendance petite bourgeoise qui en est sorti renforcé de cette épreuve de clivage.

La rencontre de Zeddine avait entériné définitivement la prédominance du réformisme sur l’action directe. Il exercera le monopole de la décision politique, tout en contrôlant les conditions d’homologation de toute activité dans les structures jusqu’à  l’implosion du parti à la veille du 1er  Novembre 1954. Il resurgira à nouveau à l’issue du congrès de la Soummam – la résurgence du courant réformateur à un moment-clé de l’histoire révolutionnaire nationale fera l’objet d’une autre tribune.

La preuve, au démantèlement de l’Organisation spéciale, ses membres qui étaient persécutés par l’administration coloniale et étaient traqués par la police française ont été marginalisés, abandonnés, sacrifiés et reniés par le courant réformateur libéral, incarné par l’état-major du PPA-MTLD.

C’est un fait reconnu des historiens, dès la deuxième moitié des années quarante, Messali et les cadres appartenant au courant réformateur ont commencé à nourrir envers l’Orient des complexes ravageurs. Ainsi, ils avaient poussé le mouvement national radical à dévier, malgré lui, de son objectif premier, pour se jeter dans les bras de l’idéologie arabo-islamique : une conception exclusive, réductrice et chauvine de la nation algérienne.

Cette nation, dont il importait à tous de conforter l’existence et la cohésion, et dont l’affirmation à la face de l’ennemi colonial, dès la naissance de l’Etoile nord-africaine (ENA) a valu à de nombreux militants politiques le martyre dans les geôles françaises.

Ce sont, en effet, ces premières années du glissement idéologique au sein du parti qui ont vu émerger les signes précurseurs de la pensée despotique et le fonctionnement autoritaire, en contribuant ainsi à la disparition des règles démocratiques.

Avec l’enfermement de la nation dans une conception réductrice, l’algérianité, cette laissée-pour-compte, avait été pervertie, mutilée et rendue contre-productive. Pour matérialiser cette vision de l’Algérie, le courant réformateur s’était doté du journal Al Maghrib Al Arabi, dont le propriétaire fut Mohammed Saïd Zahiri, un transfuge des Oulémas devenu très proche de Messali.

Ce journal de propagande de l’idéologie arabo-islamique fut le relais de la négation pure et simple de la valeur nationale algérienne et l’ennemi du patriotisme maghrébin historique de combat. Il fut l’expression de la démagogie du Pacte islamique, un instrument de servitude, d’obscurantisme et d’arriération encore en gestation.

Le journaliste égyptien Mohammed Hassaneyn Heykal, rédacteur en chef du quotidien Al Ahram et qui fut, à un certain moment, le confident de Djamel Abdennasser ; dans un témoignage de premier plan et d’une rare lucidité, était revenu sur les ambitions déstabilisatrices de l’hégémonie impérialiste dans le Proche et Moyen-Orients en ces années 1950 et 19602.

Selon le journaliste, la fondation du Pacte islamique par les USA et le roi Séoud se voulait avant tout une riposte à la révolution nassérienne : un nouveau régime républicain, progressiste au service des intérêts émancipateurs égyptiens et arabes, basé sur un patriotisme libérateur, en grande partie populaire, voire prolétarien des militants et cadres révolutionnaires – à ne pas confondre avec l’évolution politique et les orientations idéologiques que lui donnera au cours de la décennie suivante l’avènement d’un régime nassérien en Égypte et des régimes baathistes en Syrie et l’Irak.

Depuis l’avènement du groupe des «Officiers libres» en Egypte, tombeur de la monarchie du roi Farouk, en passant par l’annonce du marché d’armes avec l’URSS en 1955, jusqu’à l’expédition de Suez, l’impérialisme avait tenté de dompter le nouveau régime. Un Nasser allié des Soviétiques l’effrayait.

Ce fut dans le cadre du recrutement au Pacte islamique, que le roi Fayçal d’Arabie Séoudite avait entrepris un périple pour constituer une coalition musulmane antidémocratique et anti-révolutionnaire sous la bannière des monarchistes féodales : une manière d’affaiblir l’influence des idées patriotiques républicaines et la montée de la dynamique révolutionnaire dans le monde arabe.

Ce n’était pas le fait du hasard, qu’au cours de l’année 1951, Messali fut accueilli par le roi à sa descente d’avion et fut reçu en grande pompe en Arabie Saoudite, le Zaim fut émerveillé par l’Orient et ému par les égards qu’on lui a témoignés. Dans le comité central du PPA-MTLD, qui s’était tenu en 1952, en faisant le compte rendu de ce voyage, il s’était lancé dans l’apologie de la monarchie wahhabite.

Pour le recadrer et calmer ses ardeurs, il a fallut l’intervention énergique et désobligeante de Radjef Belkacem en lui lançant en face : «Camarade Messali, ce que tu viens de dire ou rien, c’est la même chose».3

La montée fulgurante de la nouvelle génération de militants

Depuis le début des années 1940, Bennai Ouali, responsable du district de la Kabylie avait été chargé par les hautes instances du parti pour assurer la liaison entre les organisations estudiantines et le parti. En effet, il avait mis toutes ses forces et son énergie indomptable dans la mission de recrutement. Il avait enrôlé des étudiants et des lycéens dans le PPA-MTLD en faisant un énorme travail d’encadrement et de formation.

Autour de lui, marquée par la violence coloniale, cette nouvelle génération de militants politiques, issus essentiellement du lycée de Ben Aknoun, attachés à l’expression d’un patriotisme algérien, voire maghrébin, populaire, combatif et radical, à l’issue du congrès de février 1947, avaient siégé au sein de la direction du parti.

Par leur ouverture politique et leur esprit de sacrifice, ils avaient pris rapidement conscience de leur existence collective, d’autant plus qu’ils s’intégraient assez mal dans le schéma autoritaire du parti.

Ils se sont distingués par l’action et le travail intellectuel et ont pesé dans les débats internes du parti, en faisant particulièrement contre-poids au courant réformateur, incarné à la direction du parti par Messali et ses inconditionnels.

Leur présence aux instances névralgiques du parti les a placés au plus près de la réalité bureaucratique, clanique et antidémocratique dans le processus de décision et dans la mise en applications des résolutions du PPA-MTLD.

Dans la perspective de la tenue de l’Assemblée générale de l’ONU, fixée à la fin de l’année 1948 à Paris, profitant d’une telle opportunité pour faire entendre la voix du peuple algérien opprimé, le bureau politique avait décidé de présenter un document dans lequel il était question de mettre en relief l’existence de la nation algérienne dans son cheminement historique. Une manière de répondre aux falsifications du colonialisme.

Hocine Lahouel, secrétaire national du PPA-MTLD, avait installé une commission de rédaction composée de Yahia Henine, Mabrouk Belhocine, Smaïl Amyoud et Abdelmalek Temmam, sous la conduite de Benyoucef Benkhedda. C’était à la faveur de l’ascension politique du groupe de Ben Aknoun que les trois premiers avaient intégré la commission de presse qui était chargée de rédiger le mémorandum national.

Lorsque le document a été rendu public, la partie concernant l’histoire antéislamique de l’Algérie a  été modifiée par la direction du parti, une initiative despotique qui avait amputé délibérément un millénaire de l’histoire algérienne. Selon cette vue, l’Algérie serait, dans l’histoire nationale, l’accumulation historique et l’expression politique de l’héritage exclusif de la culture arabo-islamique: une seule culture, une seule langue et une seule religion.

Dans la réalité, cette commission hétéroclite dans sa composante rédactionnelle était représentée à la fois par les radicaux et les réformateurs. Elle était, en effet, traversée par des contradictions sur les approches géopolitique, idéologique, historique et pédagogique. Les conclusions de ce mémorandum traduisaient au final le rapport de force qui fut à l’avantage du courant conservateur et réformateur depuis le congrès d’Alger : le despotisme ne tolère aucune entorse à sa vision politique de domination.

Cette censure de trop qui venait s’ajouter aux nombreuses dérives autoritaires et aux conflits répétés à la Commission de presse motivés par certaines doctrines chauvines et réactionnaires véhiculées par des partisans de l’Algérie arabo-islamique avait provoqué un grand malaise dans les rangs du courant radical.

Pour répondre de la manière la plus appropriée au despotisme du parti et faire progresser les pratiques démocratiques, Bennai Ouali et Ammar Ould Hamouda avaient réuni des militants et cadres du parti. Ils ont en effet, tenu un conclave de réflexion à Arous, dans le département de Larbaâ Nath Irathen, ex-Fort National en juillet 1948 où ils avaient échangé leurs points de vue.

Sadek Hadjerès qui fut présent décrivait ainsi la rencontre : «… C’est ainsi que, réunis dans une sorte de petit séminaire à Arous, auquel j’ai participé, ils avaient décidé de préparer un document à caractère doctrinal à l’intention de la direction du PPA-MTLD. Ils ont avaient discuté les grandes lignes et décidé en même temps d’œuvrer à faire progresser les méthodes démocratiques, d’impulser dans le parti des échanges propres à rétablir un climat de confiance et d’esprit de responsabilité, d’encourager enfin les efforts culturels empreint d’un esprit d’ouverture nationale et universelle, autant dans les sphères arabophones que berbérophones…».4  (A suivre)

Mustapha Hedni

Références et sources bibliographiques :

1/Hocine Ait Ahmed, Mémoires d’un combattant, édition Bouchène, Alger 1990

2/Les articles en question ont été publiés dans le journal El Ahram entre 1950-1967 puis republiés par la revue Orient, N 41-42, 1e semestre 1967, Paris.

3/Hocine Ait Ahmed, Mémoires d’un combattant, édition Bouchène, Alger 1990

4/Sadek Hadjerès, 1949 Crise berbériste ou crise  démocratique ? mars 2022- édition Frantz Fanon.

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