Le 1er novembre 2024 marquera le 70ème anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne, un événement majeur qui a vu le peuple algérien s’élever contre l’oppression coloniale française. Cette date symbolise la quête de liberté et d’émancipation, nous poussant à interroger l’héritage de cette lutte et les responsabilités qui en découlent.
Frantz Fanon, figure emblématique de la pensée anticolonialiste, affirmait que « chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir ». Cette réflexion résonne particulièrement dans le contexte algérien actuel. La mission de la génération de 1954 était claire : obtenir l’indépendance nationale et bâtir un État juste. Cependant, 70 ans plus tard, il est crucial de se demander si cette mission a été accomplie ou trahie.
Héritage et désillusion
Si la Révolution est un conduit vers l’indépendance, l’Algérie postcoloniale a souvent vu l’émergence d’un État autoritaire et bureaucratique. Les valeurs de justice et d’égalité, qui ont nourri la lutte, semblent avoir été érodées par une élite concentrant le pouvoir et les ressources pour préserver un système sans partage. La richesse du pays, en particulier ses gisements pétroliers et gaziers, a souvent été détournée au profit d’une minorité, laissant une majorité dans la précarité.
La double légitimité du régime algérien, fondée à la fois sur la lutte contre le colonialisme et sur l’exploitation des ressources, a permis à une élite de justifier sa domination. Cependant, cette légitimité est aujourd’hui contestée par un peuple aspirant à une véritable démocratie et à la justice sociale.
Appel à l’engagement
Face à des défis contemporains — crises économiques, inégalités croissantes, montée de l’autoritarisme — le besoin d’un engagement renouvelé se fait sentir. Saint-Just avertissait : « Ceux qui font la révolution à moitié n’ont fait que creuser leur tombe. » Cette mise en garde doit être un appel à l’action : il est impératif que les générations actuelles prennent conscience de leur mission et s’engagent à défendre les révolutionnaires dynamiques.
Le 1er novembre 2024 doit être l’occasion de réfléchir non seulement au passé, mais aussi à l’avenir. Comment construire une Algérie qui honore les sacrifices de ceux qui se sont battus pour la liberté ? Comment créer un État où justice et dignité ne sont pas de vains mots, mais des réalités vécues ?
Les luttes actuelles
Loin de se limiter à un bilan, ce jour doit aussi être une occasion de faire le point sur les luttes qui se prolongent. L’Algérie contemporaine est marquée par un désir croissant de changement, manifesté par des mouvements populaires comme le Hirak, où des millions de citoyens se sont mobilisés pour revendiquer une démocratie réelle et mettre fin à la corruption. Ces manifestations témoignent d’une conscience politique émergente et d’une volonté collective de redéfinir ce que signifie être algérien.
Dans ce contexte, la génération actuelle doit réinterpréter l’héritage de 1954. Les luttes pour la justice sociale, les droits humains et la transparence sont les nouvelles batailles à mener. La révolution ne se termine pas avec l’indépendance ; elle doit se poursuivre, adaptée aux réalités contemporaines.
La route vers une véritable démocratie est semée d’embûches, mais possible. Cela nécessite une réévaluation des structures de pouvoir existantes et un engagement envers les valeurs démocratiques authentiques. La société civile, les jeunes et les mouvements sociaux doivent jouer un rôle clé dans ce processus, en s’appropriant l’héritage révolutionnaire.
Conclusion
En ce 1er novembre 2024, alors que nous commémorons le 70ème anniversaire de la Révolution algérienne, il est impératif de regarder vers l’avenir avec détermination. Cette date ne doit pas seulement servir à célébrer un passé glorieux, mais à inspirer un engagement renouvelé pour la liberté, la justice et la dignité. L’héritage de la Révolution est un appel à l’action pour toutes les générations, exigeant une mobilisation collective et l’inclusion de toutes les voix.
Pour honorer véritablement le sacrifice de nos héros, nous devons transformer nos aspirations en réalité, construire une Algérie qui reflète les valeurs de justice et de solidarité pour les générations futures. C’est dans cet engagement collectif que réside l’essence de la Révolution algérienne.
Le 1er novembre 2024 doit être un point de départ pour un nouveau chapitre de l’histoire algérienne, un chapitre où la voix du peuple, unie et forte, sera entendue et respectée. En honorant notre passé tout en embrassant notre avenir, nous pouvons redéfinir ce que signifie être Algérien et faire de notre pays un modèle de progrès, de justice et de solidarité. C’est dans l’engagement collectif et la volonté de changement qui réside la véritable essence de la Révolution algérienne, et c’est ainsi que nous pouvons assurer que le sacrifice de ceux qui se sont battus pour notre indépendance ne sera pas oublié.
« La liberté ne se donne pas, elle se conquiert »
Dr A. Boumezrag