21 novembre 2024
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26e anniversaire de l’assassinat de Benhamouda : l’UGTA à la recherche du temps perdu

Maison du peuple

L’UGTA ne sait plus sur quel pied danser avec le régime en place. Va-t-elle s’affranchir des liens qui la relie à lui ou les tiraillements qu’elle vit ne sont que de l’agitation ? Peu probable que la situation soit propice à un sursaut d’orgueil de ce syndicat.

La commémoration du 26e anniversaire de l’assassinat par un groupe terroriste de l’ex-secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelhak Benhamouda, le 28 janvier 1997, s’est déroulée samedi 28 janvier 2023, sur fond d’une ferveur contestataire inhabituelle pour la centrale syndicale affublée du peu glorieux qualificatif de syndicat maison, un appendice du pouvoir politique  qui a toujours  servi d’étouffoir pour les revendications des travailleurs au lieu de les accompagner.

On se souvient bien d’un Sidi Saïd qui accourait en pompier au complexe sidérurgique d’El Hadjar pour empêcher la grève des travailleurs lancée par les syndicats autonomes qu’il trouvait trop revendicatifs et prompts  à faire la grève à son goût.

De quoi donc est-elle le sens la grande mobilisation du week-end dernier des cadres syndicaux affiliés à l’Ugta venus de plusieurs fédérations et de wilayas pour exprimer la colère de la base. Cette dernière est vent debout contre les deux projets de loi par lesquels le gouvernement veut mettre en coupes réglées la vie  syndicale ?

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Changement de cap ou simple colère passagère d’un syndicat qui avait abandonné durant de longues années le terrain des luttes sociales?

Un sens du combat perdu depuis la tragique disparition de celui qui avait réussi à  remettre  cette organisation sur la voie de la préservation des intérêts des travailleurs et qui combinait son engagement  avec la défense de la République en butte à la subversion  islamiste armée.

Et un  drame n’arrivant jamais seul, l’époque fût aussi celle de douloureux  bouleversements pour le monde du travail et de l’économie du pays qui était aux prises avec l’offensive d’une libéralisation débridée et du rouleau compresseur des réformes  structurelles  imposées par le FMI avec leur lot de démantèlement d’entreprises publiques et des   compressions d’effectifs.

Mais le vent d’autonomie qui avait soufflé pendant un court moment sur le temple syndical de la place du 1er  Mai ne tardera pas à retomber après la mort de l’enseignant de Constantine qui avait pris les rênes de la centrale syndicale après les événements d’octobre 1988.

L’UGTA renouera vite avec son statut d’organisation de masse avec l’intronisation de Abdelmadjid  Sidi Saïd comme secrétaire général pressé de remettre l’organisation syndicale dans le giron du pouvoir pour en faire un instrument  à la dévotion de Bouteflika et de son ambition de s’emparer à demeure des clés du palais El Mouradia.

Ambiance surréaliste sur l’esplanade de la Maison du peuple

La convocation  de la mémoire du charismatique Abdelhak Benhamouda a galvanisé la ferveur militante des délégués  des travailleurs  qui ont fait montre d’un enthousiasme  qui rappelle la  ferveur  contestataire d’antan.

« Non au muselage de l’action syndicale», «Non aux lois répressives», «Pour le rejet des projets de loi sur l’exercice syndical et le droit de grève», scandait la foule amassée sur la grande cour attenante à  l’édifice monumental  qui sert de siège à  la centrale  syndicale.

« Notre devoir est d’œuvrer à préserver les acquis des luttes syndicales de ces dernières années»  a martelé le  chargé de communication et de l’information de l’UGTA, Saïd Saghini, qui rappellera que cette mobilisation vient en écho au rejet par la base  des deux projets de loi portant sur l’exercice du droit syndical et celui relatif à la prévention, au règlement des conflits de travail et à l’exercice du droit de grève. »

Il a  ajouté que l’UGTA est convaincue qu’au «cœur de la nation, il y a encore des hommes et des femmes qui ont conscience de l’importance du sens de la justice sociale et de la concertation de préserver le front intérieur pour protéger la stabilité économique et la nation». Il a conclu sous les acclamations des syndicalistes que «la centrale sera au diapason avec les revendications de la base».

Evoquant la mémoire du défunt secrétaire général, Abdelhak Benhamouda, Salim Labatcha, actuel patron de l’UGTA a appelé  les syndicalistes « à s’inspirer des sacrifices de l’illustre syndicaliste et à perpétuer ses valeurs visant à défendre le pays et sa stabilité, à protéger les droits des travailleuses et des travailleuses et à améliorer leur situation socioprofessionnelle». Pour S. Labatcha, «l’UGTA sera fidèle à ses principes visant à défendre les droits des travailleurs et la lutte syndicale intègre, ainsi que la stabilité et la sécurité du pays (…) les  positions de l’UGTA sont fidèles au message et aux principes des martyrs de la guerre de libération nationale, de la trempe de Aïssat Idir et ses compagnons qui avaient lutté pour la libération du joug colonial, l’indépendance et la défense de la classe ouvrière à l’époque». Il ajoutera  que « l’UGTA poursuit son parcours militant avec fermeté dans la continuité des chemins tracés par les grands hommes de l’Union, à l’exemple de Benhamouda, afin de préserver les droits des travailleurs, la stabilité des institutions de l’Etat et consacrer la justice sociale et contribuer à la réalisation de l’enjeu du développement pour permettre à l’Algérie de faire face aux défis de l’heure».

Des mots, rien que des mots, comme  disait la célèbre chanson.

En témoigne l’ambiance observée sur l’esplanade de la Maison du peuple qui a pris des allures surréalistes ; un spectacle qui étonne et détonne car jurant avec la réalité. Comme l’est d’ailleurs le discours de Salim Labatcha qui paraît beaucoup plus une profession de foi qu’un présage d’une révolution à venir dans les mœurs dans la maison UGTA.

Car on voit mal comment l’organisation pourra s’émanciper de la tutelle trop pesante d’un pouvoir qui ne voudra jamais qu’elle joue son rôle d’animateur du front social à un moment où l’article 87 bis du code pénal sert de camisole de force à toute la société pour  empêcher l’émergence  de contre pouvoirs et l’expression libre du débat public.

Samia Naït Iqbal

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