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45 000 morts en mai 1945 : le chiffre était-il réel ?

OPINION

45 000 morts en mai 1945 : le chiffre était-il réel ?

Dès l’intervention des Américains, les gens virent aussi la fin de la guerre, de la famine et des supplices. Mais ça ne sera pas le cas, les Algériens payèrent la victoire autrement. La joie pour les Européens et le drame pour nous ancêtres. Et nous sommes en avril 1943 Nous sommes en Avril 1943. Le chef des soldats américains pose pieds à Sedrata.

Acte 2 : Les Américains

Il tira sa barbichette (correctly trimmed) et répliqua violemment contre l’administrateur sorti juste de la toise bouteflikienne. Un mot de plus et la cocotte-minute exploserait. Sir, this is my Instruction : “Cet établissement sera vide’ et les élèves rentreront chez eux. Il servira de dormitory pour les aviateurs des escadrons alors que l’autre bâtisse sera, réservée aux officiers” puis, l’atmosphère plongea dans le bruit des bottes et des moteurs.

On avait envie qu’il parle un peu plus mais le militaire, en exploreur, prit son groupe et partît au sud de la ville. Là-bas, il s’est mis à tout zieuter : à droite à gauche vers le haut comme vers le bas puis son regard atterrît sur une plaine jaunâtre. Il s’accroupit et toucha le sol en disant : Ok Perfect. La terre est plate, elle n’est pas boueuse et c’est là où ils vont aplatir la piste d’atterrissage.

Le choix de Sedrata pour les avions bombardiers est venu après Oran, Alger et Téleghma. Les militaires US poussèrent leur avancée vers l’Est afin de bloquer Hitler en Tunisie pour ensuite préparer la grande étape des attaques contre l’Italie. Et, Si l’homme était fâché c’est parce qu’avec ses compagnons, ils ont passé 4 mois à Teleghma à lancer des quolibets enrobés de Fucken Job contre les soldats français. Puisque en arrivant fin 1942 dans cette petite base coloniale, la piste était courte et n’était pas adaptée pour recevoir leurs avions, surtout les B17. C’est ainsi qu’ils durent passer au nivellement avant de sortir carrément de l’enceinte française et créer une autre piste à Berteau (Ouled Hamla ) près de Ain M’lila .

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A Sedrata , les Américains ont apporté le chocolat aux enfants et les posters de créatures en bikini aux adultes. Comme si la gent masculine vient de découvrir la femme. L’affaire vira au fantasme collectif et dans le souk, au lieu de vendre sa chèvre, il rôda juste pour trouver ce collectionneur d’images prisées. L’exposition passait donc de kachabia en kachabia et les gens étaient tous contents, semble-t-il. Ils ont oublié le rationnement, la famine et la mainmise du colonialisme hideux sur les céréales. Les tribus, quant à elles, donnaient des œufs et des poules aux soldats et c’était tout ce qu’ils avaient.

De toutes ces scènes, l’évènement majeur, pour elles, fut un pont de fortune et une bifurcation réalisée à partir de la départementale pour joindre l’aérodrome. C’était la route américaine comme on l’appelle aujourd’hui (trig al maricane). C’était aussi le début de la fin de la guerre, de la rentrée des enfants mobilisés de force pour défendre la France et enfin le retour des espoirs pour la saba (bonne récolte).. Ils ne savaient pas que ces colons envahisseurs et spoliateurs ne vont pas quitter le pays mais encore vont leur apporter le drame une fois l’Allemagne vaincue. Nous sommes toujours en avril 1943, mon propre père quitta comme tous les élevés pour rentrer chez son père dans région de Guelma. Il vit flou le directeur de l’école lequel est venu en classe leur demander de libérer les lieux car, selon lui, les Américains sont venus les libérer eux des Allemands. Or C’est ce même directeur qui proposa aux enfants de faire des dessins pour les envoyer comme soutien au maréchal Pétain en 1940. Mon paternel dessina une poule …. Elle aurait dû être mouillée.

Acte 2 : les chiffres

Pour avoir une idée sur les morts dans La zone de Guelma, on doit parler de 189.000 habitants algériens dans tout l’arrondissement en 1945. Pour la préfecture de Constantine, elle comptait six arrondissements: Constantine, Annaba, Guelma, Sétif, Bejaia Skikda et Batna. Quant à l’arrondissement de Guelma, il se composait de 5 communes à savoir : Guelma plein-exercice, Souk-Ahras plein-exercice, Charef mixte, Sefia mixte et Souk-Ahras mixte. Les deux communes, de plein exercice et une mixte de Souk-Ahras étaient relativement épargnées. Elles abritaient 58 000 habitant qu’on devrait soustraire du nombre total de l’arrondissement, ce qui nous donne 131.000 habitants. Posons-nous donc la question suivante ? Est-ce que la France avait massacré 11.000 à Guelma soit 8% de la population ? Plausible.

Allons maintenant à la cartographie territoriale des régions de Sétif- Bejaia, et prenons la ligne partant de Mezloug jusqu’à Kherata Nord-Ouest et la ligne partant de Fermato jusqu’à Beni Aziz Nord-Est, car l’enchaînement des massacres avait suivi globalement la direction Nord-Est Nord-Ouest et touchait les localités implantées sur les deux axes routiers, c’est-à-dire vers Bejaia et vers Jijel. Notre déduction et que l’étendue des deux arrondissements Sétif-Bejaia fusionnés, fait en sorte à ce qu’elles sont deux fois plus grandes que Guelma. Et si on dit deux fois plus grande que Guelma, cela veut dire que cette même Guelma avait connu le tiers des assassinats.

Ce 1/3 est pour nous la matrice des 11000 morts comme nous l’avions mentionné, ce qui fait que pour la région de Sétif-Bejaia, nous sommes face à 22 000 personnes lâchement exécutées. Ici, nous ne disposons pas de chiffres précis des zones sétifiennes et boujiotes par localité, et ce n’est pas un handicap, car La matrice territoriale comparative nous sert beaucoup plus afin d’évaluer l’étendue … Notre première conclusion et que le premier total dans tout le département est de Constantine 33.000 morts …Retenons ce chiffre ?

Dans ce calcul nous n’avons pas parlé de la région de Jijel qui faisait partie de Bejaia à l’exception d’Al Milia. Dans cette zone, il y avait eu le mystère Texanna et sa région dont des sources évoquaient, dès le début, le chiffre de 3000 morts, bien entendu en rajoutant tous les meurtres non recensés de la côte jijélienne, Laouana en tête. Toutefois, nous maintenons pour le moment ce nombre de 33000 morts dans le département constantinois et nous estimons qu’il y a d’autres chiffres à additionner.

Allons maintenant aux décès inscrits dans ce même département de Constantine en 1945 qui sont de l’ordre de 107000, un département moins populeux que celui d’Alger avec ses 61000 décès. L’ironie des situations est que dans les trois départements, Oran Alger Constantine on a eu en 1945 quelques 230 000 décès alors qu’à Constantine seule 107000 morts sont enregistrés … Presque la moitié. La différence entre Alger est Constantine est de 46 000 décès.

Posons-nous cette question : qui a enregistré les décès imputables aux massacres en 1945 ? La réponse ne serait être que les Français bien sûr, car la majorité des Algériens de Guelma par exemple, sont à 90% à l’extérieur des centres urbains, repartis surtout dans les douars, évitant de déclarer leurs morts dus aux massacres, par peur de représailles. On enterrait les morts la nuit en secret et les assassinats continuèrent jusqu’en août 1945. Mon grand-père (par exemple) du moment que son frère et son cousin dont il avait la charge étaient abattus 16 km de chez lui, l’administration fasciste ait pu connaitre leur identité. Il s’est vu donc infliger la remise de 4 bœufs pour payer les morts (insurgés) listés sous sa paternité.

Nous pouvons toujours nous interroger sur les 3024 disparus évoqués par Vidal Naquet (1972) et on peut toujours rajouter les 3000 morts de de la zone jijélienne Texana en particulier pour arriver à 39000 au département de Constantine. Maintenant, et concernant les décès, pouvons-nous dire que d’autres algériens n’avaient décidé’ d’enregistrer leurs morts dus aux massacres de 1945, qu’en 1946 après la loi d’amnistie ou en 1947 ? Possible, car les décès dans le Constantinois en 1946 étaient de 92.000 et le comble en 1947 tombaient à 74.000 .et on peut affirmer sans ambages qu’ils comportaient les morts de 1945. La preuve ils étaient supérieurs à Alger qui enregistra 60000 en 1946 et 51000 en 1947.

La construction ne souffre d’aucune inflation victimisante mais meuble l’argumentaire pour mesurer l’ampleur des représailles .Faut-il rappeler que ce sont les Français qui ont commencé’ à tuer à Guelma pour passer au Stade de génocide après quelques actes de vengeances algériennes. Le Génocide avait bel bien consommé’ le temps et était élevé’ en échelle comme en fréquence. Mon grand-père parlait de files interminables chaque jour de vendus et de chiyatine et cela a duré’ jusqu’à la fin de juin 1945. Ils viennent pour dénoncer ou accuser ou encore apporter un nom d’une personne vue le 8 mais au Souk de Guelma avant la manif. Et si on a avancé’ les 11000 morts à Guelma, c’est que dans les deux grandes communes mixtes de Sefia et Charef limitrophes d’Oued Zenati et Souk-Ahras ville, une distance de 100 km, on pouvait avoir 220 mechtas sans compter les périphéries de Guelma ville. Or au début de nos données numériques, nous avons parlé’ de 131000 habitants. Et si on soustrait La ville de Guelma avec ses 18000 ha en 1945 puis on soustrait la Bourgade de Bouchegouf , on peut avoir facilement 11000 habitants algériens hors cadre urbain.

Ce sont ceux-là, les habitants de la campagne qui payèrent entre 7 et 8000 morts soit 8 % de la population rurale. Dans ces mechtas, certaines ont connu jusqu’a entre 25 et 35 morts. Sur un autre registre, peut-on parler de 2000 morts à Guelma-ville, ceux qu’on avait mis dans les fours à chaux d’Héliopolis ? Possible, car la mort était partout.

Cependant on peut toujours corriger nos estimations en ramenant un autre nombre supplémentaire hors frontière de l’arrondissement c’est à dire par des extensions vers Sedrata au sud, vers Annaba au nord, vers Oued Zenati à l’ouest et vers Azzaba -Bekhouche Lakhdar au nord-ouest . . On aura facilement pour toute la partie Est du département de Constantine 13.000 morts … Incontestable !

En somme, 11000 morts Guelma avec tendance haussière vers 13000 plus 22000 morts Sétif Bejaia tendance haussière ver 25000 plus 3000 morts Texena et la région de Jijel couplés à 3024 disparus ou liquidés Ça fera entre 39000 morts et 43000 morts. Cette proportion pourrait facilement aller aussi vers la hausse dans des régions côtières de Béjaïa et Skikda Collo et où l’arme lourde et les tirs à partir de bâtiments de guerre, furent enregistrés surtout contre Aokas. La malédiction progresse et autres 1000 morts autres dans toute l’Algérie peut clore l’entreprise criminelle d’un holocauste ayant commencé’ dans certaines parties de l’Algérie du 8 mais 1945 jusqu’en septembre 1945.Le département de Constantine enregistra 107000 décès en 1945 et 92000 décès en 1946 et 74000 décès en 1947. Regardez l’écart ….!

Auteur
Larbi Zouaimia, universitaire (Syracuse N.Y.)

 




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