Dans le vaste espace du monde arabe, l’idée d’unité s’apparente à une danse complexe, où chaque pays essaie de suivre le rythme de ses propres intérêts tout en tentant de synchroniser ses mouvements avec ceux de ses voisins.
Pourtant, malgré les apparences, cette chorégraphie collective est souvent chaotique, laissant entrevoir des rivalités profondes et des alliances temporaires.
Des rivalités historiques qui désynchronisent la danse
La première difficulté dans cette danse réside dans les fractures religieuses entre sunnites et chiites. Ces divergences se traduisent par des conflits indirects qui révèlent la complexité des relations régionales. Prenons l’exemple du Yémen, où les rebelles Houthi, soutenus par l’Iran, se heurtent à un gouvernement appuyé par l’Arabie saoudite. De même, en Syrie, le régime de Bachar el-Assad, appartenant à la minorité chiite alaouite, bénéficie du soutien de l’Iran et du Hezbollah, tandis que les monarchies sunnites du Golfe voient d’un mauvais œil cette montée en puissance.
Une chorégraphie influencée par des intérêts nationaux divergents
Au-delà des rivalités religieuses, les différences politiques entre monarchies et républiques exacerbent la situation. Les monarchies du Golfe, notamment l’Arabie saoudite et les Émirats, se positionnent souvent contre des pays comme l’Égypte ou l’Algérie. Les événements du Printemps arabe ont également révélé des tensions entre des gouvernements populaires et des régimes autoritaires, mettant en lumière des intérêts souvent contradictoires.
Les alliances dans le monde arabe sont en constante évolution, comme le prouve la relation tumultueuse entre le Qatar et l’Arabie saoudite. Autrefois alliés, ils ont connu une rupture en 2017, illustrant combien les intérêts peuvent primer sur la solidarité. Cependant, en 2021, la levée du blocus contre le Qatar montre que les rapprochements sont possibles, même entre anciens ennemis.
Une danse au rythme des puissances mondiales
Dans ce ballet chaotique, les puissances mondiales jouent également un rôle d’amplificateur. Les États-Unis, la Russie, la Turquie et la Chine s’impliquent dans le monde arabe selon leurs propres intérêts stratégiques, renforçant ainsi les divisions. La Russie, par exemple, soutient le régime syrien d’Assad, tandis que les États-Unis apportent leur soutien aux pays du Golfe dans leur lutte contre l’influence iranienne.
La Ligue arabe : un orchestre désaccordé
La Ligue arabe, censée promouvoir la solidarité entre les pays, se heurte souvent à ces rivalités internes. Les crises en Syrie, en Libye et au Yémen montrent à quel point l’unité régionale est compromise par des intérêts nationaux divergents. Les pays arabes, au lieu de danser ensemble, semblent souvent se retrouver en désaccord, chacun poursuivant sa propre mélodie.
Vers une nouvelle chorégraphie ?
Alors que le monde arabe continue de naviguer à travers ces complexités, l’expression « une danse où chacun a son pas, mais personne ne connaît la chorégraphie » illustre parfaitement la situation. Les acteurs régionaux, chacun avec leur propre agenda, avancent et reculent en fonction des circonstances.
« Dans le monde arabe, l’unité se heurte souvent à des pas de danse discordants, où les intérêts nationaux prennent le pas sur la solidarité, laissant la chorégraphie de l’alliance en quête d’harmonie. »
Dr A. Boumezrag