Quatre ans après l’assassinat de Samuel Paty par un jeune islamiste radical, le procès de huit personnes s’est ouvert ce lundi 4 novembre devant la cour d’assises spéciale de Paris. Sept hommes, une femme accusés d’avoir contribué à la campagne de haine qui a conduit à la mort du professeur d’histoire-géographie de Conflans-Sainte-Honorine.
L’assassin, Abdoullakh Anzorov, un jeune Russe de 18 ans d’origine tchétchène, a été tué par la police peu après son acte.
Deux des accusés sont des amis du tueur. Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov sont accusés de complicité d’assassinat terroriste. Ils ont notamment accompagné Abdoullakh Anzorov dans une coutellerie de Rouen la veille de l’attentat. C’est pour cela que leur implication est plus grave que celle des autres accusés. Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
Les autres accusés doivent répondre d’association de malfaiteurs terroristes et risquent jusqu’à 30 ans de prison. Brahim Chnina est le père de la collégienne de 13 ans qui a menti. Elle était absente au cours de Samuel Paty. Elle a raconté que le professeur avait demandé aux élèves musulmans de se désigner et de quitter la classe, ce qui est faux.
Le relai des réseaux sociaux
C’est en relayant la version de sa fille sur les réseaux sociaux que Brahim Chnina a attiré l’attention d’Abdelhakim Sefrioui, un militant islamiste qui l’a accompagné au collège pour demander le renvoi de l’enseignant. Devant le collège, il a tourné des images qui ont été reprises dans une vidéo qui a largement circulé. Tous deux sont en détention provisoire depuis quatre ans.
Seront également jugés trois autres personnes qui appartenaient à des groupes Snapchat gravitant autour de l’assassin. Le Turc Yusuf Cinar, le Russe d’origine tchétchène Ismaïl Gamaev et le Réunionnais Louqmane Ingar, tous trois âgés de 22 ans.
La seule femme accusée est Priscilla Mangel, 36 ans, connue pour appartenir à la mouvance radicale. Elle aurait conforté Abdoullakh Anzorov dans son projet, même si elle n’en connaissait pas la nature.
La thèse de l’engrenage soutenue par les avocats de la défense
Dans l’ensemble, les avocats contestent la complicité de leurs clients et assurent qu’ils ne connaissaient pas les projets de l’assassin.
Ils défendent la thèse d’un engrenage terrible que l’on ne pouvait anticiper. Certains présentent leur client comme n’ayant aucun lien avec l’assassinat de Samuel Paty ni même de lien avec la moindre idéologie radicale. Face à eux, les avocats des parties civiles souhaitent que ce procès soit l’occasion d’une prise de conscience des dangers qui menacent notre société, parce qu’il y a, selon l’un d’entre eux, une porosité entre l’entrisme islamiste et le terrorisme.
Les mineurs qui avaient notamment guidé l’assassin en lui désignant Samuel Paty, ont été jugés en décembre 2023. Ils ont été condamnés à des peines allant de 14 mois avec sursis à 6 mois de prison ferme.
Rfi