Sur l’échiquier diplomatique et historique, peu de duels paraissent aussi figés que celui entre la France et l’Algérie. Pourtant, il n’est question ni de cavaliers ni de tours en mouvement : ce sont deux pièces immobiles, solidement enracinées dans leurs positions respectives.
D’un côté, une France en pantoufles, bercée par sa nostalgie coloniale et son confort post-impérial. De l’autre, une Algérie en claquettes, jonglant entre son héritage révolutionnaire et un présent marqué par les défis sociaux et économiques. Deux immobilités qui, loin de s’opposer réellement, s’entretiennent dans un ballet quasi rituel.
Les pantoufles françaises : l’illusion du confort
La France d’aujourd’hui, souvent décrite comme engourdie, semble marcher à reculons sur certains dossiers liés à son passé colonial. Le débat sur la mémoire franco-algérienne tourne en boucle, oscillant entre repentance feinte et crispations identitaires. Les pantoufles, métaphore de cette position frileuse, incarnent une nation qui évite les affrontements frontaux, préférant glisser sur des discours empreints de nostalgie impériale ou d’angoisse migratoire.
Pourtant, derrière ces pantoufles se cache une vérité gênante : le refus d’une véritable introspection. Reconnaître les zones d’ombre de l’histoire coloniale, c’est risquer de bouleverser un électorat déjà inquiet face aux défis économiques et sociaux contemporains. Alors, on privilégie le statu quo, en espérant que les vieilles plaies se cicatrisent d’elles-mêmes. Mais le temps n’est pas toujours un remède, surtout lorsqu’il est accompagné d’inaction.
Les claquettes algériennes : le bruit d’une marche incertaine
En face, l’Algérie avance, mais avec cette démarche sonore et chaotique propre à ceux qui présagent des claquettes. Ici, le passé révolutionnaire est à la fois une fierté nationale et un fardeau. L’héritage du combat pour l’indépendance, héroïque et sanglant, est constamment mobilisé comme un bouclier contre toute remise en question du pouvoir en place.
Mais derrière cette fierté se cache une stagnation tout aussi préoccupante que celle de la France. L’économie peine à se diversifier, la jeunesse, majoritaire, rêve d’ailleurs, et la société oscille entre espoirs de modernisation et poids des traditions. Les claquettes, loin de symboliser un confort détendu, traduisent une instabilité : elles glissent, claquent, peinent à trouver une marche stable.
Un duel d’immobilités : à qui la faute ?
Et pourtant, malgré ces postures apparemment incompatibles, ces deux nations se retrouvent sur un terrain commun : celui de l’immobilisme. Comme deux boxeurs fatigués, la France et l’Algérie s’affrontent sans conviction réelle, préférant prolonger un duel symbolique qui alimente leurs discours internes.
D’un côté, la France utilise son rapport à l’Algérie comme un miroir de ses propres tensions identitaires : immigration, laïcité, intégration. De l’autre, l’Algérie voit en la France l’éternel coupable, le bouc émissaire idéal pour détourner l’attention des problèmes internes. Cette symbiose conflictuelle, cynique par essence, leur permet de maintenir le statu quo tout en se renvoyant la responsabilité du blocage.
Et après ?
Au-delà des symboles, ce duel est une impasse. Pendant que la France tergiverse, sa place en Afrique diminue face à de nouveaux acteurs plus dynamiques comme la Chine ou la Turquie. Pendant que l’Algérie s’enlise dans ses conflits internes, ses talents fuient et son potentiel reste inexploité.
L’avenir de ces deux nations pourrait pourtant être celui d’un partenariat, mais pour cela, il faudrait une volonté politique, un courage presque révolutionnaire. Réconcilier ces deux immobilités exigerait d’abandonner les postures et de construire sur des bases nouvelles, sans craindre les douleurs de l’introspection.
La danse immobile
Pour l’instant, la France reste en pantoufles, regardant son passé comme une photo jaune qu’on n’ose pas ranger. L’Algérie, en claquettes, s’accroche à ses récits révolutionnaires comme à une bouée dans une mer agitée. Deux immobilités qui ne s’affrontent pas vraiment, mais qui s’observent, se défient et surtout s’évitent.
Un jour, peut-être, ces deux nations abandonneront leurs chaussures usées pour avancer pieds nus, sur un chemin plus sincère. Mais en attendant, nous sommes condamnés à observer cette pièce où chacun joue un rôle trop bien connu. Un théâtre où l’immobilisme fait office d’action et où l’avenir semble s’écrire… à reculons.
Dr A. Boumezrag
Ce propos est ambigu et même hypocrite car il met sur le même plan le bourreau et la victime. C est la France qui a colonisé l Algérie avec une cruauté inouïe et qui refuse de reconnaître ses crimes, c est elle qui garde encore la nostalgie de l empire colonial. C est les médias français qui mènent une incessante campagne de haine et d insultes contre l Algérie. Le moindre fait divers qui implique un algérien ( ou un musulman) devient une opportunité pour déverser un torrent de stigmatisations et de haine. À contrario les français qui se rendent en Algérie sont bien reçus et témoignent très souvent de l hospitalité des algériens. In finé, reprocher au gouvernement algérien d honorer la résistance héroïque à la barbarie coloniale est franchement odieux et fourbe. En France, on commémore encore et à juste titre la guerre de 1870 ,la 1ère et la 2ème guerre mondiale, on glorifie les conquêtes napoléoniennes et même jusqu à Clovis et Charlemagne…..pour arriver à une réelle réconciliation, il faut d abord faire un inventaire honnête et complet de l histoire commune , mettre sur la table les zones d ombre les nostalgies et ressentiments pour réparer les blessures profondes et repartir sur des bases saines. Ces propos qui renvoient dos à dos les 2 antagonistes sont minables et contre-productifs.
Pourquoi vous ne publiez pas mon commentaire ? Il vous gêne ? Quand on n est pas d accord avec vos hypocrisies on est vite écarté . Selon un principe juridique fondamental, un débat doit être ( oral et) contradictoire.