5 février 2025
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Tebboune et ses râteaux diplomatiques

L’entretien accordé au journal français L’Opinion illustre une fois de plus les limites structurelles de la diplomatie algérienne sous la présidence de Tebboune.

Présenté comme une tentative de normalisation des relations franco-algériennes, cet échange est en réalité un exercice de communication préfabriqué, symptomatique d’un pouvoir en mal de légitimité. Loin d’apporter une quelconque clarification stratégique, cette mise en scène ne fait que souligner l’absence de vision et d’autonomie dans la conduite des affaires extérieures de l’Algérie.

La prise de position de Tebboune sur la politique française est révélatrice d’une posture où la rhétorique supplante l’analyse. En attribuant un satisfecit à Élisabeth Borne en raison de sa prétendue maîtrise des dossiers, il ne fait que démontrer une méconnaissance criante des enjeux qui structurent la scène politique française.

Le scandale Nestlé, révélé dans Le Monde et Radio France du 5 février 2025, illustre précisément l’opacité et les collusions entre pouvoirs politique et économique, démentant implicitement les propos du président algérien. Cette précipitation à valider un acteur étranger sans analyse critique atteste d’une fragilité structurelle dans la conduite des relations internationales.

Sur le plan géopolitique, les déclarations de Tebboune sur la situation à Gaza révèlent une ambivalence troublante. Alors que Donald Trump affirme vouloir « nettoyer Gaza de sa population », une déclaration qui s’inscrit dans une logique de déplacement forcé et de captation territorial, la réaction de l’Algérie officielle est d’une timidité inquiétante.

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Qualifiant l’expression de « malheureuse » tout en tentant d’en atténuer la portée, le régime algérien trahit une incohérence diplomatique flagrante. Pire encore, cette posture contraste violemment avec l’héritage des figures historiques algériennes telles qu’Aït Ahmed, M’hamed Yazid ou Ben Yahia, qui portaient une diplomatie audacieuse et alignée sur les principes anti-impérialistes.

L’accueil en grande pompe de Benyamin Netanyahou à Washington, malgré le mandat d’arrêt émis contre lui par la Cour pénale internationale, accentue cette arrogance cynique où les normes du droit international sont bafouées en toute impunité. Trump, en déclarant que les États-Unis envisagent une « situation de propriété sur le long terme » à Gaza, assume une position expansionniste qui relève du colonialisme le plus explicite et correspond pleinement aux critères définissant le crime de génocide en droit international.

Pourtant, Tebboune, dans une tentative maladroite de minimisation, ose avancer que dans « l’esprit » de Trump, il ne s’agirait pas de la population palestinienne. Une trumperie de plus, sans mauvais jeu de mot, où l’Algérie officielle s’accroche à des faux-semblants plutôt que d’adopter une position ferme et cohérente face à l’évidence du crime. Ce contexte impose aux États indépendants une réponse résolue, là où le régime algérien persiste dans une prudence diplomatique qui frôle l’alignement tacite.

Sur le plan interne, la néo-Régence algérienne continue de s’enliser dans ses contradictions. Toujours incapable de sortir de sa guerre civile de sérail, le régime oscille entre répression interne et gesticulation externe. Plutôt que d’engager des réformes structurelles et de redéfinir une stratégie de développement national, il persiste dans des manœuvres de communication qui ne trompent personne.

Payer des médias étrangers pour promouvoir une image lissée d’un pouvoir en crise est une tactique vaine qui ne saurait masquer l’incapacité à formuler une politique cohérente.

Tebboune et son entourage semblent croire que la mise en scène diplomatique peut compenser l’absence de substance politique. Or, la réalité s’impose : une Algérie officielle qui peine à articuler un projet de société viable, un État en déclin dont la posture sur la scène internationale oscille entre suivisme et incohérence. Loin de renforcer son influence, ce régime confirme sa fatuité et son inconsistance, offrant au monde le spectacle d’un pouvoir en quête d’un souffle qu’il n’a plus.

Mohand Bakir

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