Aménorrhée, le troisième roman de Sarah Haïdar en langue française, marque une nouvelle étape dans l’œuvre déjà singulière de l’autrice. Après avoir exploré les complexités de la condition féminine avec une écriture à la fois poétique et incisive, Sarah Haidar nous plonge cette fois dans un monde imaginaire où le contrôle des corps et des pensées est total.
Dans ce pays sans nom, où la moindre transgression peut mener à la peine capitale, une « accoucheuse » devient, contre toute attente, une résistante clandestine.
À travers ce personnage central, l’autrice interroge la place des femmes dans la société, leur rapport au corps et à la maternité, et dévoile les logiques de domination tant patriarcales que politiques. Le roman, qui mêle les voix de femmes et d’hommes, expose les rouages du pouvoir et le rôle crucial de celles qui osent défier l’oppression. Si Aménorrhée s’inscrit dans une veine dystopique, son réalisme troublant, par son évocation de la violence des régimes totalitaires, le rend étrangement proche.
Haidar poursuit ici son exploration des thèmes de la résistance féministe, de la révolte et de la subversion des normes. Elle allie une poésie fiévreuse à une critique acerbe du monde contemporain, proposant une réflexion à la fois intime et politique, où la lutte des femmes contre un pouvoir patriarcal et répressif se joue sur les plans individuel et collectif.
Ce roman, entre fiction et anticipation, est une œuvre forte, où la plume virtuose de Sarah Haidar agit comme un scalpel, maniant avec maestria une langue à la fois dense et lumineuse. Chaque mot semble choisi avec une précision millimétrée, et la force de son écriture, entre poésie et charge dénonciatrice, place la résistance féministe au cœur d’un monde qui, malgré sa brutalité, n’a pas encore eu raison de la force des femmes.
Aménorrhée est disponible aux éditions Barzakh en Algérie et aux éditions Blast en France.
À propos de l’autrice
Sarah Haidar, née en 1987 à Alger, est journaliste et écrivaine. Elle commence sa carrière littéraire en arabe, publiant notamment Zanadeka en 2005, un roman qui reçoit le prix Apulée décerné par la Bibliothèque nationale d’Algérie. Après plusieurs œuvres en arabe, elle choisit d’écrire en français et signe Virgules en trombe en 2013, un récit qui remporte le prix des Escales littéraires d’Alger. Avec une plume vertueuse, à la fois poétique et incisive, Haidar explore les thèmes de la condition féminine, de la résistance et des oppressions dans un style unique qui mêle fiction et critique sociale.
Djamal Guetalla