Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’est exprimé ce dimanche sur l’affaire entourant l’enlèvement présumé d’Amir Boukhors, plus connu sous le pseudonyme « Amir DZ », opposant au régime algérien et résident en France. Selon lui, la séquestration du youtubeur est désormais avérée, bien que le lien direct avec l’Algérie reste à établir.

« Le soupçon des faits est confirmé. Le lien avec le pays n’est pas avéré, c’est l’enquête qui le dira. Elle est actuellement entre les mains du Parquet national antiterroriste (PNAT) », a déclaré le ministre sur LCI, à la veille de son déplacement officiel au Maroc. Il précise qu’un employé du consulat général d’Algérie à Créteil a confirmé l’enlèvement, ce qui renforce la gravité de l’affaire.

Un opposant ciblé par Alger

Amir Boukhors figure, depuis le 6 février 2022, sur une liste de 16 personnes classées comme « terroristes » par les autorités algériennes. Des mandats d’arrêt internationaux ont également été émis à son encontre. Cette désignation suscite des interrogations sur la nature et l’origine de l’enlèvement, survenu en territoire français.

Bruno Retailleau a tenu à rappeler la souveraineté de la France et la nécessité que ses lois soient respectées : « Nous sommes un État souverain. Ce type d’acte constitue une atteinte grave à notre autorité sur notre propre sol. »

Une relation franco-algérienne de plus en plus tendue

Tout en soulignant qu’il ne nourrit aucune hostilité envers le peuple algérien ni même envers ses dirigeants, Retailleau insiste sur sa mission première : la protection des Français.

« Moi, je n’ai aucune obsession ni vs-à-vis du régime algérien, ni non plus du peuple algérien, qui est un grand peuple, d’ailleurs. Simplement, je suis ministre de l’Intérieur. Et à ce titre, mon obsession, c’est de protéger les Français », martelle Bruno Rotailleau. Il a également abordé la question sensible de la réadmission des ressortissants algériens en situation irrégulière en France, les fameuses OQTF (Obligations de Quitter le Territoire Français).

« Le problème ne vient pas de nous. Il dépend de la coopération des pays d’origine. Dans le cas de l’Algérie, les refus sont constants. Chaque jour, y compris hier encore, l’Algérie refuse de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires. »

Il a notamment cité l’exemple d’un terroriste islamiste, auteur d’un attentat à Mulhouse, que la France a tenté, en vain, de réadmettre en Algérie à quatorze reprises. « Nous avions tous les documents, il n’y avait aucune ambiguïté. Pourtant, il nous a été systématiquement refusé. »

Retailleau évoque également les centres de rétention administrative où sont détenus les étrangers les plus dangereux en attente d’expulsion : « 83 % d’entre eux sont des ressortissants algériens », affirme-t-il, tout en appelant au respect par Alger de l’accord bilatéral de 1994 sur la réadmission.

Réaction immédiate d’Alger

Quelques heures après les déclarations du ministre, Ahmed Attaf, le ministère algérien des Affaires étrangères, a annoncé l’expulsion de douze employés de l’ambassade de France en Algérie. Ces derniers ont reçu un ultimatum de 48 heures pour quitter le territoire. Une décision largement interprétée comme une riposte directe aux propos de Bruno Retailleau, considéré par Alger comme une figure hostile au régime, aux côtés d’autres responsables de la droite et de l’extrême droite française.

Selon plusieurs médias français, les douze expulsés appartiendraient tous au ministère de l’Intérieur, ce qui renforce l’idée d’une réponse ciblée contre le ministre.

Vers une nouvelle crise diplomatique?

Cette affaire ne fait qu’aggraver les tensions déjà palpables entre Paris et Alger. Dans un contexte de relations bilatérales marquées par des crispations récurrentes, l’affaire Amir DZ pourrait bien constituer un nouveau point de rupture dans un dialogue déjà fragile.

Samia Naït Iqbal

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