Les massacres du 8 mai 1945 furent un épisode sanglant de la brutalité et de l’arrogance du colonialisme français en Algérie, dévoilant au grand jour la supercherie de la prétendue mission de civilisation dont la France coloniale se fait le chantre dans les fora internationaux.

Des enseignants et historiens, interrogés par l’APS, ont souligné que les tueries de masse perpétrées à Sétif, Guelma, Kherrata et dans d’autres régions du pays, faisant plus de 45.000 martyrs, furent « un crime d’Etat imprescriptible à part entière ».

A ce propos, M. Bouazza Boudersaya, enseignant d’histoire moderne et contemporaine et recteur de l’Université Mohamed-El-Bachir-El-Ibrahimi de Bordj Bou Arreridj, a indiqué que « les massacres odieux perpétrés le 8 mai 1945 contre le peuple algérien sans défense ont inscrit la France coloniale au registre des Etats sanguinaires et entaché sa réputation construite sur les principes de la Révolution française ».

Et d’ajouter que la fin de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) était une occasion pour le peuple algérien de sortir dans « des manifestations pacifiques, réclamant de la France le respect de ses promesses envers les Algériens à savoir: leur droit à l’autodétermination, à la liberté et à l’indépendance, or la réponse coloniale ne fut que tueries et massacres ».

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Selon l’enseignant Boudersaya, cette répression visait à « briser le tissu social et à enrayer la croissance démographique à travers le recours au moyen le plus sordide possible, à savoir commettre un génocide humain, ce qui constitue l’une des pages les plus sombres de la colonisation française ».

De son côté, l’enseignant d’histoire à l’Université « chahid Hamma Lakhdar » d’El Oued, Lazhar Bedida, a rappelé que ces massacres et crimes odieux « ne se sont pas limités à la journée du 8 mai 1945, mais avaient débuté par des opérations de poursuites, d’emprisonnement et d’assassinat depuis le 18 avril, qui s’étaient étendues à Alger, notamment le 1er mai, pour atteindre leur paroxysme le 8 mai à Sétif, Guelma, Kherrata et d’autres régions du pays ».

Quant aux visées de ces massacres, l’enseignant a précisé que l’administration française « était préparée à commettre de tels massacres, en raison de l’activité croissante du Mouvement national engagé sous la bannière du Manifeste du peuple algérien de février 1943, avec le soutien du peuple algérien ».

A son tour, l’enseignant de l’histoire contemporaine à l’Université de Blida 2, Mahfoud Achour, a affirmé que les massacres du 8 mai 1945, « ont révélé le vrai visage du colonialisme français, non seulement pour les Algériens mais pour le monde entier, d’autant plus que ces massacres coïncidaient avec la fin de la Seconde guerre mondiale, à laquelle ont participé de nombreux enfants du peuple algérien, suite aux promesses qui leur avaient été faites par la France pour la liberté et l’indépendance après que l’Allemagne nazie fût vaincue ».

L’enseignant a également souligné que ces manifestations « se sont étendues à plusieurs villes algériennes et étaient bien organisées par le mouvement national, notamment dans les villes de l’est du pays dont Sétif, Guelma et Kherrata. La réaction de l’administration française fut brutale et préparée d’avance à travers les manœuvres de l’armée française ».

A cette époque, le peuple algérien « s’était rendu compte que le colonialisme ne comprenait pas le langage pacifique. Ces massacres ont marqué un tournant décisif dans le parcours de lutte des Algériens après avoir réalisé que ce qui est pris par la force ne peut être repris que par la force », a affirmé M. Achour.

Suite à ces massacres atroces, le mouvement national, après la libération des détenus à partir de 1946, s’est engagé dans la préparation à la lutte armée. La création de l’Organisation spéciale (OS) en 1947 amorça la préparation à la Glorieuse guerre de libération.

En dépit des obstacles et des difficultés, la jeunesse de cette époque continua la marche en fondant le Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA), couronnant ainsi les sacrifices des prédécesseurs depuis 1830, en déclenchant la révolution du 1er Novembre 1954, qui a abouti à l’indépendance et au recouvrement de la souveraineté nationale.

Radio Algérie

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