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mercredi 18 juin 2025
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Lutte contre la fraude au bac : les limites d’une approche répressive

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Malgré une mobilisation multisectorielle impliquant la justice, les forces de sécurité et les services des télécommunications, les autorités peinent à juguler durablement le phénomène de la fraude aux examens. C’est dire que la méthode laisse à désirer.

La persistance des fuites et des pratiques de triche, souvent appuyées par des moyens technologiques de plus en plus sophistiqués, met en lumière les limites d’une stratégie centrée sur la répression judiciaire.

Une répression judiciaire qui s’intensifie

La lutte contre la fraude au baccalauréat s’est traduite ces derniers jours par une série de décisions judiciaires fermes à travers plusieurs régions du pays. Après les condamnations prononcées en début de semaine à Annaba et M’sila, d’autres juridictions — notamment Barika (Batna), Ghardaïa et à nouveau M’sila — ont rendu, mardi 17 juin, de nouveaux jugements à l’encontre de personnes impliquées dans des actes de triche ou de divulgation de sujets.

À Barika, deux cas de fraude impliquant l’utilisation de moyens de communication à distance ont été détectés. L’un des suspects a comparu en procédure de flagrance pour atteinte à la sincérité des examens. Il a été condamné à deux ans de prison, dont un avec sursis, assortis d’une amende de 250 000 dinars, avec incarcération immédiate. Sept autres personnes sont poursuivies dans la même affaire, dont trois en fuite. Les quatre individus arrêtés ont été placés en détention provisoire en attendant leur procès fixé au 24 juin.

À M’sila, cinq nouveaux cas ont été recensés entre les 15 et 16 juin, impliquant des candidats et leurs complices, ayant diffusé sur les réseaux sociaux les sujets de langue arabe et d’éducation islamique en pleine épreuve.

Les peines prononcées sont particulièrement sévères : B.A. : 5 ans de prison ferme et 500 000 DA d’amende. Ch.M., D.N., S.Y., D.A. : 1 an de prison ferme et 300 000 DA d’amende chacun, Q.Z. : affaire renvoyée au 24 juin, placé sous contrôle judiciaire et Q.A. également renvoyée, placée sous mandat de dépôt

À Ghardaïa, les services spécialisés dans la cybercriminalité ont détecté la publication en ligne du sujet de mathématiques (filière langues étrangères). Le suspect, H.T., a été condamné à 5 ans de prison ferme et à une amende de 50 000 dinars, avec incarcération immédiate.

Rappel des affaires précédentes

Le 16 juin, les autorités judiciaires avaient déjà engagé des poursuites dans plusieurs wilayas.

À Annaba, cinq personnes ont été inculpées pour divulgation de réponses du baccalauréat. Quatre ont été placées en détention provisoire, tandis qu’une cinquième est sous contrôle judiciaire. Leur procès est prévu pour le 22 juin.

À M’sila, un frère et une sœur, accusés d’avoir partagé le sujet de mathématiques, ont été condamnés chacun à 1 an de prison ferme et 100 000 DA d’amende.

Les limites d’une réponse strictement répressive

Ces décisions traduisent une volonté affichée de préserver la crédibilité du baccalauréat, considéré comme une pierre angulaire du système éducatif national. Toutefois, cette approche essentiellement répressive montre ses limites face à une fraude de plus en plus banalisée et facilitée par les technologies numériques.

La répétition des cas de triche malgré les sanctions, l’intensification des contrôles et la vigilance des services spécialisés met en évidence l’inefficacité relative d’une réponse uniquement coercitive, dans un environnement où les outils de contournement évoluent aussi vite que les mesures de contrôle.

Il apparaît désormais nécessaire d’adopter une approche plus globale, intégrant : des actions de prévention et de sensibilisation à l’éthique scolaire, un encadrement adapté des usages numériques, et une révision des modalités d’évaluation, à même de décourager les tentatives de triche.

Seule une stratégie systémique, mobilisant à la fois les volets pédagogique, technique et institutionnel, pourra apporter une réponse efficace et durable à un phénomène dont les racines dépassent largement le seul cadre sécuritaire.

Sofiane Ayache

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