Alors que les États-Unis et la Chine annoncent une détente majeure dans la réduction de leurs tensions commerciales, Donald Trump, fidèle à sa stratégie imprévisible, rouvre un nouveau front. Cette fois, c’est le Canada qui en fait les frais.
Vendredi, le président américain a brutalement interrompu les négociations commerciales avec Ottawa. En cause, l’instauration prochaine d’une taxe canadienne sur les services numériques (TSN), censée entrer en vigueur le 30 juin. Cette taxe de 3 % sur les revenus issus de la publicité en ligne, des plateformes numériques et des ventes de données personnelles, vise directement les géants américains de la tech — une décision que Trump a jugée « scandaleuse » sur son réseau Truth Social. Il a promis d’annoncer sous sept jours le niveau des droits de douane qui seront imposés au Canada en représailles.
Un revirement qui contraste avec l’ambiance plus conciliante observée dans les discussions avec la Chine. Depuis plusieurs mois, Washington et Pékin tentaient de désamorcer un conflit commercial aux conséquences mondiales. En mai, des négociations à Genève avaient abouti à un accord de principe : réduction mutuelle des droits de douane, suspension des mesures les plus agressives et engagement chinois à accélérer certaines procédures, notamment pour l’exportation de terres rares.
Les terres rares — des métaux indispensables à l’industrie high-tech et aux énergies renouvelables — étaient au cœur des préoccupations américaines. La Chine, premier producteur mondial, avait récemment ralenti leurs exportations, invoquant la nécessité de licences spéciales. Cette décision avait été interprétée comme une réponse indirecte aux taxes américaines.
Malgré des tensions persistantes, les discussions ont repris à Londres à la mi-juin, aboutissant à une relance officielle de l’accord de Genève. Donald Trump s’est félicité jeudi d’avoir « signé » ce nouvel engagement, tandis que Pékin confirmait l’information le lendemain.
L’optimisme semblait même s’étendre à d’autres partenaires commerciaux. Washington envisageait de repousser la date butoir des négociations tarifaires, initialement fixée au 9 juillet. Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a évoqué une possible conclusion « d’ici Labor Day », le 1er septembre.
Mais là encore, Trump a brouillé les cartes. Lors d’un point de presse, il a balayé l’idée d’un calendrier fixe : « On pourrait prolonger, mais on pourrait aussi raccourcir », a-t-il lâché. Avant d’ajouter, avec une ironie provocante : « J’aimerais envoyer à tout le monde une lettre disant : félicitations, vous allez payer 25 % de droits de douane. »
Ce taux, bien plus élevé que les 10 % actuellement en vigueur pour la plupart des partenaires commerciaux (hors Chine), ferait l’effet d’un choc pour de nombreuses économies alliées. Une nouvelle démonstration de la diplomatie transactionnelle et souvent brusque du président américain.
Malgré cette rhétorique offensive, la Chine a maintenu une posture plus mesurée. Dans un communiqué, son ministère du Commerce a confirmé les engagements pris, notamment l’assouplissement du contrôle des exportations pour les terres rares. En retour, les États-Unis devraient lever certaines restrictions commerciales.
Mais derrière cette détente fragile, les marchés financiers restent nerveux. La volte-face de Trump vis-à-vis du Canada a fait chuter Wall Street, interrompant la dynamique record de deux de ses principaux indices.
Ce nouvel épisode illustre la ligne de conduite erratique de Donald Trump sur la scène commerciale : un jour conciliant, le lendemain menaçant. Une stratégie qui désarçonne ses partenaires, inquiète les investisseurs et témoigne d’une constance… dans l’imprévisibilité.
Avec AFP