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dimanche 24 août 2025
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Le Département d’État américain épingle l’Algérie pour les violations des droits humains

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C’est une démarche qui s’apparente comme une mise à nu de la réalité amère que vit l’Algérie. Le Département d’État américain a placé l’Algérie au cœur de l’accusation en matière de droits humains. Dans son rapport, il a été sans concession sur les violations des droits humains, les détentions arbitraires…

Le rapport annuel pour 2024 du Département d’Etat n’a épargné aucun détour diplomatique : il a qualifié la situation des droits de l’homme de « détérioration grave due à la répression », soulignant que le pays est enlisé dans la « répression, torture, détentions arbitraires et disparitions forcées ».

Un diagnostic clair qui met le doigt sur la plaie que les autorités tentent de dissimuler derrière un discours usé sur la « réforme » et « l’ouverture ». Le rapport, publié le 12 août, sonne comme un désaveu pour un pouvoir qui a multiplié les gestes pour plaire à Washington. Il évoque notamment « des cas de disparitions, de torture ou de traitements ou châtiments cruels, inhumains ou dégradants, d’arrestations et de détentions arbitraires », en plus de restrictions à la liberté de la presse et de religion, ainsi que des pressions étouffantes sur les syndicats et la société civile. En clair, toutes les terribles réalités que connaissent les Algériens.

Le gouvernement algérien, selon le rapport du Département d’Etat, ne s’est pas limité à poursuivre les voix dissidentes : il a utilisé ses propres lois pour criminaliser la liberté d’opinion et de la presse. Des amendements au code pénal introduisent désormais des peines allant jusqu’à cinq ans de prison contre quiconque diffuse ce qui est considéré comme « de fausses nouvelles portant atteinte à l’unité nationale », sans jamais définir la portée de cette expression.

Le verdict peut même aller jusqu’à la perpétuité si les informations sont jugées « sensibles pour la sécurité nationale ou l’économie » et partagées avec « une entité étrangère ». Cette ambiguïté législative, comme l’a décrit le rapport, ouvre la voie à une répression accrue de l’opposition et des médias indépendants.

La liberté de la presse figure parmi les victimes les plus frappantes. Le rapport documente des cas impliquant des journalistes de renom comme Mustapha Bendjama, condamné pour des accusations lourdes telles que « réception de financements étrangers nuisibles à l’intérêt national » et « appartenance à un groupe terroriste ».

D’autres ont été arrêtés dans les aéroports ou expulsés sans justification légale, à tandis que les journalistes indépendants ont dû pratiquer l’autocensure par crainte de poursuites.

Ironie du sort, l’État qui se targue d’une Constitution garantissant la liberté d’expression, en fait un instrument pour museler les voix critiques. La répression ne s’est pas arrêtée aux journalistes. 

Le rapport indique que les syndicats indépendants ont également été entravés, privés de reconnaissance légale et empêchés de tenir leurs assemblées. Certains syndicalistes ont même subi des arrestations et de mauvais traitements, à l’image de Raouf Mellal qui – selon les Nations unies – a été arrêté violemment et torturé en raison de son engagement pacifique.

Comment les autorités peuvent-elles promouvoir un prétendu « dialogue social » alors qu’elles réduisent au silence les syndicalistes et les traduisent en justice pour « trahison » ? Comment continueront-elles à parler de liberté de la presse quand on sait qu’elles ont fait des journaux de pâles copies de l’APS et de l’ENTV ? Et dire, qu’avec 250 détenus d’opinion et sans doute des centaines d’Algériens sous ISTN, Tebboune et Chanegriha se piquent d’être de grands démocrates ! Epatant !

À l’intérieur des prisons, les abus persistent. Le rapport fait état de cas de torture psychologique et physique, notamment celui du journaliste Merzoug Touati, qui a subi – selon des rapporteurs onusiens – trois arrestations en une seule année, accompagnées de sévices pour ses publications sur Facebook. Le document cite aussi des disparitions forcées, comme celle de l’avocat Sofiane Ouali, arrêté à Béjaïa et conduit dans un lieu inconnu avant d’être présenté à la justice sous des accusations de terrorisme. D’autres personnes sont interpelés et détenus dans des lieux secrets pendant plusieurs jours avant de réapparaitre devant un juge. A l’image de l’écrivain Boualem Sansal.

Les critiques ne se limitent pas aux frontières du pays. Le rapport dénonce également ce qu’il appelle « la répression transnationale ». Il évoque le cas du militant amazigh Slimane Bouhafs, « enlevé en Tunisie en 2021 » puis transféré de force en Algérie, où il a été condamné pour des accusations liées au terrorisme.

L’Institut du Caire pour les études des droits humains a d’ailleurs recensé 21 cas similaires de harcèlement et de répression au-delà des frontières entre 2020 et 2024.

Le rapport 2024 du Département d’État américain ne laisse aucune place à l’interprétation : l’Algérie est désormais sous le microscope international en raison de son bilan en matière de droits humains.

Les accusations sont graves, les constats implacables, et elles placent les autorités face à une question cruciale : continueront-elles sur la voie de la répression et de l’affrontement avec la société civile, ou oseront-elles un véritable tournant vers des réformes capables de rétablir la confiance dans le chemin des libertés ? Peu sûr. Elles sont allées trop loin pour esquisser la moindre marche-arrière.

Ce rapport, malheureusement s’ajoutera à tous ceux déjà publiés par plusieurs ONG, comme Amnesty International, Reporters sans frontières, Riposte Internationale et celui de la Rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits humains dont les conclusions ont été particulièrement accablantes.

Youba Yakoub

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