10.9 C
Alger
mardi, 4 novembre 2025
AccueilMise en avantAnkara s'invente une 5e colonne en Algérie

Ankara s’invente une 5e colonne en Algérie

Date :

Dans la même catégorie

France–Algérie : les signaux d’un retour au dialogue

À l’occasion du 71ᵉ anniversaire du déclenchement de la...

L’Espagne examine la demande d’extradition de l’ancien sénateur Abdelkader Djedia

L'ancien sénateur algérien Abdelkader Djedia a comparu, lundi, devant...

Vote sur l’accord de 1968 : « Une affaire franco-française », estime Ahmed Attaf

 Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a...
spot_imgspot_img
- Advertisement -

La déclaration de l’ambassadeur de Turquie en Algérie relève d’une stratégie d’affirmation belliqueuse, sous couvert de fraternité historique.

Elle opère une double légitimation de la présence turque : d’un côté, l’ampleur prétendue de ses investissements directs étrangers, chiffrés à 7,7 milliards USD, soit près d’un cinquième du stock total d’IDE estimé à 37 milliards ; de l’autre, l’affirmation symbolique qu’un quart de la population algérienne serait d’ascendance turque ou kouloughlie. Cette rhétorique installe une logique de tutelle historique et de droit de regard politique, comparable à celle mobilisée en Libye, où la justification économique et identitaire a servi de tremplin à une présence militaire durable. La Turquie affiche ainsi son ambition néo-impériale dans l’espace méditerranéen et sahélo-méditerranéen, dissimulée derrière un discours d’unité de destin et de proximité civilisationnelle.

Les chiffres avancés sont invérifiables. L’annonce de 7,7 milliards USD d’investissements relève davantage du slogan que d’une donnée vérifiable. Une part importante pourrait provenir non pas d’apports de capitaux étrangers, mais de crédits consentis par des banques algériennes et de facilités fiscales ou douanières, autrement dit de ressources locales recyclées sous l’étiquette d’« investissement étranger ».

Les grands chantiers confiés à des entreprises turques illustrent ce mécanisme : Ankara y apparaît comme prestataire, tandis que le financement repose sur les institutions algériennes. Le fameux « men lahiytou bekherlou » prend ici tout son sens : le pays célèbre des capitaux qu’il a lui-même fournis, pendant que la valeur ajoutée s’échappe.

Cette logique économique s’accompagne d’une projection géostratégique assumée. La Turquie a installé une unité de production de drones au Maroc et négocie des implantations militaires à Ghat et Ghadamès, à la frontière orientale de l’Algérie. La méthode est claire : pénétration économique, mobilisation symbolique d’une proximité culturelle, puis, en cas de besoin, bascule vers une présence militaire directe.

L’histoire récente rappelle d’ailleurs que la Turquie fut dans les années 1990 une base arrière de financement et de logistique pour le Front islamique du salut, confirmant ses complaisances à l’égard de courants islamistes armés. Elle n’agit donc pas en partenaire neutre, mais en puissance poursuivant ses propres logiques idéologiques et expansionnistes.

À cela s’ajoute un enjeu stratégique majeur : celui des gazoducs vers l’Europe. La Turquie se conçoit comme la plateforme incontournable des flux gaziers européens, cherchant à contrôler les approvisionnements venus d’Azerbaïdjan et du Moyen-Orient.

Dans cette perspective, elle a tout intérêt à contrarier les projets concurrents, au premier rang desquels le Transsaharien, destiné à acheminer le gaz nigérian via l’Algérie. Un tel corridor renforcerait le poids stratégique de l’Algérie et du Sahel comme axe énergétique autonome, réduisant la dépendance européenne vis-à-vis des routes transitant par la Turquie. L’activisme d’Ankara vise donc à préserver son monopole géopolitique et à neutraliser l’émergence de cette alternative.

Or, face à cette offensive, le pouvoir algérien apparaît démuni. Une partie de ses composantes s’aligne docilement sur la Turquie, quand d’autres se placent dans des logiques de dépendance claniques vis-à-vis de Moscou, de Paris ou de Washington. Loin d’un équilibre souverain, cette fragmentation condamne l’État à la paralysie.

Le délitement et la décrépitude de ses institutions exposent le pays aux pires éventualités : instrumentalisation de son territoire comme base d’influence régionale, captation de ses ressources, marginalisation dans la compétition énergétique et mise sous tutelle par des puissances étrangères. Dans ce contexte, la Turquie n’est pas un allié stratégique, mais un compétiteur agressif exploitant les failles d’un système affaibli pour y projeter ses ambitions néo-impériales.

Les organes censés incarner la souveraineté nationale brillent par leur silence. Les parangons, d’habitude, si prompts à invectiver et à insulter, qu’il s’agisse de l’APS, d’El Djeich ou de ce qui reste de la presse officielle, ne semblent pas prêts à porter l’estocade à un ambassadeur qui s’arroge le statut de ministre résident.

Ce mutisme en dit long : il révèle à quel point cette Algérie « dhariba » n’est en réalité qu’une Algérie « madhrouba ». L’absence de réaction ferme conforte Ankara dans sa stratégie d’entrisme et souligne l’affaissement de l’État face aux défis extérieurs.

Mohand Bakir

Dans la même catégorie

France–Algérie : les signaux d’un retour au dialogue

À l’occasion du 71ᵉ anniversaire du déclenchement de la...

L’Espagne examine la demande d’extradition de l’ancien sénateur Abdelkader Djedia

L'ancien sénateur algérien Abdelkader Djedia a comparu, lundi, devant...

Vote sur l’accord de 1968 : « Une affaire franco-française », estime Ahmed Attaf

 Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a...

Dernières actualités

spot_img

6 Commentaires

  1. « Les organes censés incarner la souveraineté nationale brillent par leur silence. »

    Trouvez-vous un autre lexique et arretez d’utiliser des mots comme souverainete’ ou pire « nationale » – Mais peut-etre que google n’est pas encore arrive’ labas. Ici, voici ce qu’il en dit:


    Une nation est une communauté de personnes unies par des éléments culturels communs tels que l’histoire, la langue, l’ethnicité et les traditions, résidant souvent sur un territoire défini et unies par une identité et une conscience communes. Ce sentiment d’appartenance et de solidarité peut exister avec ou sans État politique officiel, bien que ce concept soit souvent associé à un gouvernement commun et à l’idée de nationalisme.

    Caractéristiques principales

    Identité partagée : Une conscience collective de soi et la conviction d’être un groupe distinct.

    Culture commune : Des traditions, des coutumes et des pratiques sociales partagées.

    Langue commune : Une langue unificatrice qui facilite la communication et la compréhension mutuelle.

    Histoire partagée : Une mémoire collective d’événements et d’expériences passés.

    Territoire : Un lien avec une zone géographique ou une patrie spécifique, mais pas toujours une frontière politique.

    Ethnie : Souvent, mais pas toujours, une origine ou un contexte ethnique commun contribue à la formation d’une nation.

    Deux principales utilisations du terme

    Nation culturelle/ethnique : Un groupe de personnes unies par une ascendance, une culture et une langue communes, même si elles ne disposent pas de leur propre État politique indépendant.

    Nation politique : Une communauté de personnes organisées en un seul État sous un même gouvernement, où les termes « nation » et « État » sont synonymes.

    Mais qu’est-ce que ca veut dire que d’avancer de telles affirmations sans fondement dans le reel?
    Non, ce n’est pas un rappel ou quelconque nostalgie. Si un tel rappel/souvenir devait exister ce devrait etre avec la France…C’est tout de meme un francais qui a foutu la bey a genoux pas un al-kharien, quand meme. S’il y a un quelconque souvenir quelconque, il serait celui de DOMINATION ET TAXATION BESSIFF ou est-ce bezob ? Quoi? Taxation? Et qu’est-ce qu’ils vont construire, parce que mes bras sont casse’s et mon Q est delicat? Oh la construction, ca les francais s’en occuperont… Comme il s’est avere’ etre vrai. La seule infrastructure en algerie est d’origine et FINANCEMENT FRANCAIS !

    Une chose est sure… que ca soit de l’italien, du turque, ou du francais…ils veulent les KhortiRiens a genoux !

    Ils n’ont qu’a aller voir a Gaza . . . c’est plus pres.

  2. La marginalisation de l’Algérie sur la scene energetique européenne est menée par Teboune et Chengriha eux mêmes. Le saccage de nos relations avec l’Espagne, la France, l’Europe sert à convaincre les européens que l’Algérie n’est pas un partenaire fiable. Oui l’Algérie est ciblée mais c’es par Teboune et Chengriha ! Oui il y a un complot contre l’Algérie et il est mené par Teboune et Chengriha. Oui il y a la main de l’étranger mais la main de l’étranger n’est pas en Kabylie, elle est à la tête d’El Mouradia et des Tagarins.
    Quand aux investissements turcs, c’est zero. Les investissements étrangers répondent toujours ux mêmes régles : ce sont les banques algériennes qui prêtent l’argent aux investisseurs turcs, malaisiens… C’est ça le génie de Teboune !
    Que de temps perdu, que de chances perdues mon pauvre pays, mes pauvres enfants.
    Que Dieu maudisse Teboine et Chengriha.

  3. D AMEZRUY IG TT-DDUN , I-ZZI , I-NNEḌ TURA IRA AD YUƔAL AM ZIK:
    – RRUM AD I-TTUƔAL S TADAMSA ….
    – AÂRAVEN S-UḤETTEM N TUTLAYT TAÂRAVT D TAFLEST TINESLEMT ( TIMESLEMT) ..
    – ṬṬURK S YIR TADRA D TIḤAṚCI ….
    – FRANSA S-UḤAREV AF KRA N IMDEBREN N UDAVU N DZAYER …..

    AḤLIL D ALḤIF ….

    ANDATEN IMRAWEN IMAZIƔEN N TMURT :
    – WA ITT NAƔ D WA, VḌAN AM IVAWEN
    – KRA TT-SUƔUN S-TEFRANSIST,
    KRA S-TAÂRAVT AYEN YAƐNAN TUTLAYT TAYEMMETT TAMAZIƔT S-ḤEJV N-TT IW UXXAM D IVARDAN AMZUN TT ṢEḌḤINYIS

    YA L AWAL S TUTLAYT TAVAṚṚANT D AWAL N TYEMMATT IG MMUTEN.

    IDZAYRIYEN AM IMAZƔUTLAYEN, AM IMƐAṚBUTLAYEN ZZGAN TT WALIN TIMIṬ NNSEN AM ULEMMAS N UMḌAL.

    AYEN IḌRAN YIDNAƔ DRUS.

  4. Les 3 siècles de domination ottomane n’ont pas été sans conséquence !
    Face à la menace espagnole, les familles influentes ont accueilli avec empressement les Turcs !
    El Elkadhi en Kabylie, la famille El Mokrane à Medjana et la famille Ben Gana au Zibans…. Pour préserver leur richesse et leur position prestigieuse au sein de la société. Des mariages sont ainsi apparus comme le moyen privilégié pour consolider ces liens, et c’est ainsi que naquirent les Kouloughlis. Malgré leur ascendance ottomane du côté paternel, les Kouloughlis ont toujours maintenu leur filiation maternelle pendant la présence des Turcs en Algérie.
    Quel a été le comportement de ces familles influentes après le départ des Turcs et l’arrivée des Français ?
    Quel est le % de descendants de kouloughlis au XXI ? Sont-ils influents dans la société Algérienne ?
    Ce que l’on peut constater c’est que la présence turque est importante dans les projets de construction en Algérie !
    « Les investissements des hommes d’affaires turcs en Algérie ont énormément augmenté, et je crois qu’ils vont continuer à augmenter », a déclaré Recep Tayyip Erdoğan.

    Afin de diminuer l’influence française et satisfaire les islamistes ! Lors d’un forum économique à Alger en 2018, Erdogan : # la France a massacré 5 millions de musulmans en Algérie # . Il a dit qu’il allait donner les preuves de ce chiffre, ça peut être plus, ça peut être moins, mystère ! C’est de la propagande pro turque car il ajoute que l’Empire ottoman a les mains propres ?

    Il ne faut jamais oublier que la Turquie est le dernier pays à reconnaître l’Algérie indépendante en 1967 !

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici