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samedi 27 septembre 2025
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De la transmission du savoir à l’imposition d’une morale

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C’est connu, il est toujours plus simple de ramer dans le sens du vent. Se soumettre à l’idéologie dominante, en adopter les codes, plaire à ses promoteurs et se fondre dans la masse permet d’éviter bien des remous. Le ministre de l’Éducation nationale ne l’ignore pas. Il en a même fait un principe de gouvernance. Ramer à contre-courant de l’idéologie dominante demande un courage rare dont le ministre semble dépourvu.

Plutôt que de redonner à l’école sa mission première qui est de former des esprits critiques, éveiller la curiosité, transmettre le savoir, il choisit de suivre la pente du conformisme idéologique.

La dernière circulaire ministérielle en est une illustration flagrante. Elle reprend à son compte les codes vestimentaires d’une idéologie rétrograde et obscurantiste, celle de l’islamisme politique, et les impose à nos bambins, à toute une génération.

Une circulaire de plus, donc, pour allonger la liste des frustrations que subissent déjà les Algériens et nourrir le climat propice à l’hypocrisie. Cette fois, ce sont nos enfants, nos adolescents, qui en paient le prix.

Désormais, ils ne pourront plus s’habiller comme ils l’entendent, ni se sentir bien dans leur peau, ni exprimer leur individualité à travers leurs coiffures, leurs vêtements. L’habit est réduit à la fonction triviale qui est de cacher les corps, effacer les formes, dissimuler les cheveux, en somme, faire disparaître l’humain.

On remplace ainsi la mise en valeur de soi par l’effacement de soi.

Ce diktat moral, porté par une minorité sans candeur, recalée du progrès, figée dans une vision médiévale du monde, en rupture avec la modernité, l’humanisme et l’universalisme, est désormais érigé en norme. Leur projet est clair. Il culpabilise la beauté, diabolise le plaisir, et fait de la laideur une vertu.

Car pour eux, la religion ne peut cohabiter avec le bonheur ; elle ne peut s’épanouir là où les gens sont libres et heureux. Elle devient alors un refuge pour désespérés, un rempart contre la vie, et non un chemin vers l’élévation.

C’est cette vision morbide de l’existence que cette circulaire cautionne. Elle oppose la foi à la joie de vivre, sacralise le renoncement, et cherche à précipiter l’au-delà en rendant la vie terrestre insipide. Tout est fait pour occulter la beauté, appauvrir la culture, étouffer l’éveil. En un mot, elle étend un désert sur l’école, là où devrait grandir la pensée.

Pire encore, ce texte administratif vient briser l’innocence des enfants. Il leur insuffle les complexes d’une génération désenchantée, et érige une frontière symbolique, mais bien réelle, entre les sexes. En prétendant moraliser l’apparence, il crée les conditions mêmes des perversions qu’il prétend prévenir.

Cette circulaire qui relève d’une escroquerie du pouvoir de légiférer n’est pas seulement une erreur politique. Elle est une transgression des principes républicains. Elle substitue à la loi commune une morale particulière, fondée sur le rejet de la vie, la défiance envers le corps, et le culte de la dissimulation.

L’école n’est pas un lieu de formatage moral. Elle est, ou doit être, un sanctuaire de liberté, d’éveil et d’émancipation. Et c’est précisément cela que ce texte sacrifie, au nom d’un ordre moral qui ne dit pas son nom. 

Hamid Ouazar, ancien député de l’opposition

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