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samedi 27 septembre 2025
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Tebboune : paroles en l’air, vérités enterrées

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Cette rencontre de Tebboune avec des journalistes triés sur le volet se voulait éclairante, mais finit par ressembler à un numéro de prestidigitation. Tebboune s’est laissé aller à son sport préféré, un numéro de déni de toutes les grandes questions qui rongent le pays. Epatant !

Le déni en guise de rhétorique

Dès l’ouverture, Tebboune installe le registre du déni. « Crise créée de toutes pièces », « climat délétère » mais que « l’essentiel avance ». Bien entendu, il n’y a pas d’affaire d’Etat Abdelkader Haddad, ce général, ancien patron de la DGSI, qui a fui le pays. Même pas évoquée d’ailleurs. Le scandale n’existe pas. Il n’y a pas 200 prisonniers d’opinion non plus. La presse est aussi libre si l’on entend le chef de l’Etat. On croit rêver. Soit l’homme est décidément perché trop haut pour voir la réalité algérienne. Ou alors il cultive un cynisme sans nul pareil.

«L’Algérie est sur la bonne voie, raison pour laquelle elle est la cible de certains partis qui craignent son indépendance acquise et sa capacité à retrouver son rôle central, aux niveaux régional et international », a-t-il soutenu avant de menacer ceux qui alimentent les « rumeurs ».

En effet, à entendre Tebboune, tous les conflits diplomatiques sont des tempêtes dans un verre d’eau. Tout baigne selon la rhétorique tebbounienne. Il s’agit à travers cette rencontre de renvoyer l’image d’un homme maître du jeu, calme face à l’orage, quand, dans le brouillard des faits, nombreuses sont les zones d’ombre. Pour Tebboune, les Algériens qui fuient le pays par milliers sur des embarcations de fortune ne sont pas l’expression de son échec le plus cuisant. Il n’y est pour rien. Pathétique.

Le babillage lunaire ou l’art de détourner le regard

Et quand la question dérange — Boualem Sansal, les libertés, le rôle des médias — on égrène les formules mielleuses : « c’est un problème pour ceux qui l’ont créé », « d’autres cas de binationaux n’ont pas soulevé autant de solidarité », etc.

On feint d’être ouvert, mais on esquive. On brandit la Constitution, on rappelle des principes, mais sans laisser échapper le moindre élément concret de réforme : pas de cadre de dialogue sérieux, libre et franc avec les partis. Que de vagues déclarations d’intentions. Encore une fois, il a fait des promesses pour 2026, comme il en a fait en 2020 pour 2021,… Ainsi de suite depuis que le général Gaïd Salah l’a installé à la présidence fin 2019.

Dans son raout, Abdelmadjid Tebboune sous le règne duquel la presse a été avilie a encore une fois répété à ceux qui veulent le croire que « la liberté d’expression est garantie en Algérie, mais la liberté d’insulter et de diffamer n’est pas permise ».

Le bilan, après 75 minutes de discours télévisés, ressemble à un mirage : on voit des promesses, mais pas de preuves ; on entend des mots forts, mais ils ne touchent pas l’épiderme de la réalité. La presse officielle applaudit. La rue boude, se gausse même de cette « geste » tebbounienne !

Tebboune propose une image de grandeur pour l’Algérie : « L’Algérie est très grande… C’est à nous de devenir assez grands pour être à son niveau. » Beau sentiment. Mais entre cette abstraction et le quotidien des Algériens — cherté de la vie, emploi, liberté d’expression, justice — il reste un fossé abyssal.

Moralité (ou avertissement, selon les goûts) : la gouvernance par le déni peut tenir un temps. Elle a tenu six ans déjà ! On peut s’amuser à jongler avec les mots, débrancher les réalités gênantes, minimiser les contestations. Mais ce jeu se fissure dès que la population attend des actes — actes visibles, concrets, mesurables. À vouloir parler surtout pour ne pas changer, on finit par perdre toute crédibilité. La leçon du règne menteur de Bouteflika est encore frais et sa triste fin également.

L’éléphant est bien dans la pièce. Si Tebboune voulait apaiser, il lui faudrait moins de babillage lunaire et plus de transparence, moins d’omissions, plus de courage dans les concessions. Les illusions de grandeur — excellentes sur le papier — ne nourrissent pas ceux qui ont faim. Les mots ne comptent que s’ils marchent. Mais Tebboune ne peut faire que du Tebboune. Il ne faut raisonnablement rien attendre de lui.

Rabah Aït Abache

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