12.9 C
Alger
Accueil360°La France veut renégocier l’accord de 1968 : entre calcul politique et...

La France veut renégocier l’accord de 1968 : entre calcul politique et crispation diplomatique

Date :

Dans la même catégorie

spot_imgspot_img
- Advertisement -

Le vote serré de l’Assemblée nationale française en faveur de l’abrogation de l’accord franco-algérien de 1968 sur la circulation, le séjour et l’emploi des ressortissants algériens a provoqué un nouveau séisme politique et symbolique entre Paris et Alger. Si le texte adopté n’a aucune portée juridique immédiate, sa charge politique, elle, est lourde.

Dans la foulée du scrutin, le Premier ministre Sébastien Lecornu a appelé à « renégocier » l’accord, estimant que « la relation avec l’Algérie doit être rebâtie sur la base des intérêts français ». Une déclaration qui sonne comme une concession au climat de surenchère identitaire entretenu par l’extrême droite, sans pour autant offrir une perspective claire sur la nature du futur cadre bilatéral.

Adopté en 1968, au lendemain d’une indépendance encore douloureuse, l’accord régit les conditions d’entrée, de séjour et de travail des Algériens en France. Il octroie à ces derniers un statut privilégié : carte de séjour de dix ans après trois années de résidence, facilités de regroupement familial, et traitement différencié par rapport aux autres nationalités. Des dispositions régulièrement dénoncées par le Rassemblement national, qui y voit un « privilège postcolonial ».

Le texte voté hier émane justement de cette formation, appuyée par quelques élus des Républicains et d’Horizons, et a été adopté à une voix près – signe d’une fracture politique plus qu’un consensus national. Marine Le Pen a salué un « jour historique », quand Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une « vieille haine coloniale » réactivée contre les peuples du Maghreb.

Du côté algérien, le silence officiel prédomine, fidèle à une stratégie d’attente déjà observée lors des précédents coups de froid. Le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune avait lui-même qualifié l’accord de « coquille vide », rappelant que le débat autour de ce texte sert surtout les intérêts électoralistes du camp conservateur français. Nombre de spécialistes affirment déjà que cet accord dessert plus qu’il ne sert les Algériens.

Au-delà du symbole, la volonté affichée de « renégociation » ouvre un nouveau front dans une relation déjà fragilisée par des tensions mémorielles, des désaccords sur la circulation des personnes et une méfiance persistante entre les deux exécutifs. Si la France cherche à « normaliser » son rapport migratoire avec Alger, elle risque de réveiller les plaies d’une histoire commune qui, décidément, ne cesse de se redessiner au gré des échéances politiques.

Djamal Guettala 

Dans la même catégorie

Dernières actualités

spot_img

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici