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France–Algérie : Lecornu prône une renégociation « globale et respectueuse » de la relation bilatérale

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Lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, tenue ce  mercredi 5 novembre, le Premier ministre français,  Sébastien Lecornu a répondu à Marine Le Pen,  présidente du Rassemblement National (RN) – parti de l’extrême droite française – sur la question des relations franco-algériennes et de l’accord bilatéral de 1968.

Sébastien Lecornu, le Premier ministre français, a tenu un discours mesuré, refusant toute approche passionnelle ou électoraliste d’un dossier qu’il juge « trop essentiel pour être instrumentalisé ».  Il a défendu une approche « lucide et respectueuse », fondée sur la coopération et la réciprocité, plutôt que sur la rupture.

Dès le début de son intervention, Sébastien Lecornu a tenu à rappeler une règle qu’il s’impose depuis ses années au ministère des Armées : « Je ne fais jamais de la question de l’Algérie un sujet de politique intérieure française », a-t-il affirmé, soulignant qu’il n’ignorait pas que, parfois, « en Algérie aussi, la relation avec la France devient un enjeu interne ».

Une manière de poser d’emblée un cadre : celui du respect mutuel et de la responsabilité, dans un contexte où la relation entre les deux pays reste chargée d’histoire et d’émotions politiques.

Un texte à renégocier, pas à abroger

Au cœur du débat se trouve l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968, qui régit les conditions de circulation, de séjour et d’emploi des ressortissants algériens en France. Pour Marine Le Pen, cet accord serait « déséquilibré » et « dépassé ». Le Premier ministre, lui, plaide pour la nuance. 

 « Je ne crois pas à l’abrogation de cet accord, mais à sa renégociation », a-t-il tranché.

Il a rappelé que trois renégociations ont déjà eu lieu — deux sous des gouvernements de gauche, une sous un gouvernement de droite — preuve, selon lui, que le texte a su évoluer au gré des contextes.

 « Cet accord est, à bien des égards, caduc. Il n’est plus complètement à jour au regard des attentes des deux parties », a-t-il admis, tout en refusant la logique de rupture.

Repartir du Comité de haut niveau d’octobre 2022

Le Premier ministre propose de reprendre le fil du dialogue interrompu après la rencontre d’octobre 2022, lorsque le Comité intergouvernemental de haut niveau franco-algérien avait acté la volonté de rouvrir le dossier.  « Il faut remettre cette négociation sur la table », a-t-il insisté, estimant que la relation entre les deux pays ne saurait se limiter à la question migratoire.

Il a plaidé pour une approche « plus globale », englobant la coopération sécuritaire et militaire, la lutte contre le terrorisme, la pression croissante des groupes armés au Sahel, la sécurité maritime et les partenariats économiques. « Le moment est venu d’avoir une approche beaucoup plus globale », a-t-il souligné, appelant à renouer un dialogue stratégique entre Paris et Alger.

Respect de la souveraineté et géographie partagée

Le chef du gouvernement a tenu à rappeler un principe central de sa vision : le respect de la souveraineté algérienne. « Quels que soient nos désaccords, nous devons être capables de mener une discussion exigeante, mais respectueuse », a-t-il dit, saluant implicitement la stabilité institutionnelle d’Alger comme un facteur de dialogue durable.

Concernant la mise en œuvre, il a précisé que la méthodologie relèvera du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, en coordination avec les ministres de l’Intérieur et des Armées, compte tenu des volets migratoire et sécuritaire.

Dans un passage plus sensible, le Premier ministre a évoqué la situation de Christophe Gleize et Boualem Sansal, deux ressortissants français détenus en Algérie, assurant que « l’ensemble des services de l’État et de la diplomatie sont mobilisés » pour obtenir leur libération.

Une relation à reconstruire sur le long terme

En conclusion, le premier ministre français a voulu replacer la relation franco-algérienne dans une perspective dépassant les contingences politiques : « Ce n’est pas un sujet de politique intérieure, mais un sujet bilatéral, de respect, qu’il faut traiter avec sang-froid. Vous avez parlé d’histoire, mais il y a aussi une réalité : notre géographie. Et celle-là, on ne peut pas la mettre de côté. »

Une phrase qui résume toute la difficulté – mais aussi la nécessité – d’un partenariat équilibré entre deux pays unis par une histoire douloureuse et une proximité géographique inévitable.

Samia Nait Iqbal

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