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Libertés religieuses : entre discours officiel et réalités contrastées

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En ouvrant la quatrième édition du séminaire national sur les « libertés religieuses, protection et garanties », le ministre des Affaires religieuses, Dr Youssef Belmahdi, a présenté l’Algérie comme un modèle de coexistence pacifique et de respect de la liberté de croyance. A peine croyable !

Mais derrière ce discours valorisant, les pratiques et les réglementations appliquées aux cultes minoritaires révèlent une situation plus nuancée et souvent controversée.

Un cadre constitutionnel protecteur, mais asymétrique

La Constitution de 2020 garantit formellement la liberté de conscience et d’exercice du culte. Toutefois, cette garantie coexiste avec un principe central : l’islam est la religion d’État. Cette prééminence se traduit par un contrôle direct de l’État sur les mosquées, les nominations, et les prêches, fortement encadrés.

Pour les cultes non musulmans, le cadre juridique repose sur l’Ordonnance 06-03 de 2006, qui soumet tout lieu de culte à une autorisation préalable. Ce dispositif, officiellement destiné à organiser le pluralisme religieux, devient dans la pratique un filtre restrictif qui place les communautés minoritaires dans une situation de dépendance administrative constante.

Dans la pratique, des restrictions persistantes

Là où le discours officiel insiste sur la restauration d’édifices historiques — comme la basilique Saint-Augustin, Santa Cruz, ou plus récemment la cathédrale du Sacré-Cœur — les communautés chrétiennes protestantes dénoncent régulièrement l’application sélective de la loi.

L’Église Protestante d’Algérie (EPA) fait état de fermetures de lieux de culte n’ayant pas obtenu d’agrément, parfois plus d’une dizaine sur les dernières années, faute d’autorisation prévue par l’Ordonnance 06-03.

La législation interdit par ailleurs le prosélytisme envers les musulmans, passible d’amendes lourdes. Plusieurs fidèles ont été condamnés pour ce motif. Les réunion religieuses dans des locaux non déclarés sont également sanctionnées.

Un enjeu diplomatique sensible

Ce cadre strict a suscité des critiques internationales. En janvier 2024, les États-Unis ont inscrit l’Algérie sur une liste de surveillance concernant la liberté religieuse, décision qualifiée de « regrettable » par Alger, qui affirme respecter les droits fondamentaux.

Le sujet reste aussi présent dans les échanges politiques avec l’Union européenne, où la question des minorités religieuses figure régulièrement parmi les points d’attention.

Un discours qui contraste avec les réalités

Le séminaire de ce lundi a mis en avant l’ouverture historique de l’Algérie et sa tradition de coexistence. Mais l’écart entre le cadre constitutionnel, le discours institutionnel et la réalité vécue par certaines minorités demeure au centre des débats.

Si l’État revendique une approche fondée sur la tolérance et le dialogue, l’application de l’Ordonnance 06-03, les fermetures de lieux de culte et l’interdiction stricte du prosélytisme témoignent d’une tension persistante entre protection proclamée et liberté effectivement exercée.

Samia Naït Iqbal

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