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Emigration algérienne : plus de 50% sont des femmes 

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Les données les plus récentes des Nations unies confirment un tournant discret mais structurant dans la dynamique migratoire algérienne. Les femmes émigrent de plus en plus que les hommes. Pour des raisons autant sociologiques qu’économiques sans doute.

Longtemps dominée par les hommes, l’émigration algérienne se caractérise désormais par une majorité féminine, une évolution rare dans l’espace maghrébin et révélatrice de transformations sociales plus profondes.

Un basculement statistique attesté par l’ONU

Selon le rapport International Migrant Stock 2024 du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (UN DESA), la diaspora algérienne compte désormais légèrement plus de femmes que d’hommes. Le ratio de féminité atteint 1,02, indiquant que, pour 100 hommes nés en Algérie et résidant à l’étranger, on dénombre environ 102 femmes.

Sur un stock migratoire total estimé à près de deux millions de personnes, les femmes représentent désormais un peu plus de la moitié. Cette configuration place l’Algérie à contre-courant des autres pays d’Afrique du Nord, où l’émigration reste majoritairement masculine, notamment au Maroc et en Égypte, dont les flux demeurent fortement liés aux secteurs à forte intensité de main-d’œuvre masculine.

À l’échelle mondiale, les femmes constituent environ 48 % des migrants internationaux. L’Algérie franchit ainsi un seuil que peu de pays du Sud ont atteint, traduisant une évolution structurelle plutôt qu’un simple ajustement conjoncturel.

De la migration familiale à la mobilité autonome

L’analyse longitudinale des données de l’ONU met en évidence un changement de nature des trajectoires migratoires féminines algériennes. Pendant plusieurs décennies, celles-ci relevaient majoritairement du regroupement familial, dans le sillage d’une émigration masculine préalable.

Depuis le milieu des années 2010, cette logique s’est progressivement érodée au profit de projets migratoires autonomes, portés par des femmes jeunes, diplômées et actives. Trois canaux principaux structurent désormais cette mobilité :

La migration étudiante, devenue un vecteur central. Les flux d’étudiantes algériennes vers l’Europe et l’Amérique du Nord ont fortement progressé, avec des taux de mobilité désormais comparables à ceux des hommes.

La migration qualifiée, notamment dans les secteurs de la santé, de l’ingénierie, de l’enseignement supérieur et de la recherche.

La diversification des destinations, au-delà du pôle historique français.

La France demeure le premier pays d’accueil, avec une population algérienne où les femmes représentent plus de 50 %. Le Canada se distingue également, affichant un taux de féminisation estimé à environ 52 %, en lien avec des politiques migratoires favorables aux profils hautement qualifiés.

Le poids du capital scolaire féminin

Cette féminisation s’inscrit dans un contexte national marqué par un surplus de capital éducatif féminin. En Algérie, les femmes représentent plus de 60 % des effectifs universitaires, avec des taux de réussite supérieurs à ceux des hommes, selon les données consolidées par les agences onusiennes.

Ce déséquilibre entre niveau de qualification et capacités d’absorption du marché du travail national alimente une dynamique de départ. La migration apparaît alors comme un mécanisme de valorisation du diplôme, dans un environnement international perçu comme plus méritocratique et plus ouvert aux carrières féminines.

Contrairement aux vagues migratoires ouvrières du passé, ces nouvelles trajectoires sont largement individualisées, pensées comme des investissements de long terme dans des parcours professionnels transnationaux.

Une exception maghrébine aux causes multiples

L’Algérie se distingue ainsi par un modèle migratoire en transition, qui tend à se rapprocher de celui des pays à revenu élevé, où la parité — voire la majorité féminine — est devenue la norme.

Les experts de l’ONU y voient le reflet de transformations sociales internes : élargissement de l’accès des femmes à l’éducation, montée des aspirations à l’autonomie économique, mais aussi tensions persistantes sur l’emploi et les conditions de vie. À ces facteurs s’ajoutent des motivations socioculturelles plus diffuses : recherche d’un cadre de vie perçu comme plus sécurisant, accès aux services publics, ou encore volonté d’échapper à certaines contraintes sociales.

Une féminisation qui interroge les politiques publiques

Cette recomposition n’est pas sans conséquences. La montée en puissance d’une émigration féminine qualifiée pose la question d’une fuite des compétences au féminin, susceptible d’affecter durablement les capacités de renouvellement du tissu économique et social national.

Pour l’ONU, le défi pour l’Algérie ne réside pas uniquement dans la gestion des flux migratoires, mais dans la création de conditions internes capables de retenir — ou de faire revenir — ces profils hautement formés. À défaut, la féminisation de l’émigration risque de devenir un indicateur durable d’un déséquilibre structurel entre aspirations sociales et débouchés économiques.

Un révélateur plus qu’une anomalie

Loin d’être un simple fait statistique, ce basculement vers une majorité féminine constitue un révélateur des mutations silencieuses de la société algérienne. Il traduit l’émergence de nouvelles formes de mobilité, de nouvelles attentes et d’un rapport renouvelé à l’espace public, au travail et à l’avenir.

En ce sens, l’émigration féminine algérienne ne relève plus de l’exception, mais d’une transition inachevée, dont les implications dépassent largement le seul champ migratoire.

​Résumé des données pour l’Algérie selon l’ONU

Population migrante totale : Environ 2 millions de personnes nées en Algérie vivent à l’étranger.

Féminisation : Le rapport souligne qu’en 2024, le taux de femmes algériennes à l’étranger a atteint un point de bascule historique (ratio de 1,02 femme pour 1 homme), faisant de l’Algérie une exception notable en Afrique du Nord.

Samia Naït Iqbal

Liens  pour accéder au rapport de l’ONU intitulé  « International Migrant Stock 2024: Key facts and figures », publié par le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies (UN DESA).

  1.  International Migrant Stock 2024: Key facts and figures C’est dans ce document que sont analysées les tendances mondiales et régionales, incluant l’évolution de la migration féminine.
  2.  : International migrant stock at mid-year by sex and by region, country or area of origin, 1990-2024 Ce fichier contient les statistiques précises par pays d’origine (Algérie) et par sexe, permettant de vérifier le dépassement du nombre de femmes sur celui des hommes en 2024.

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2 Commentaires

  1. Elles ont raisons de fuir cette dictature.
    D’autant plus qu’elles ne créent pas de problèmes dans leurs pays d’accueil. En outre elles sont plus letrées que les machalah et les qamis claquettes.
    Elles sont régularisées et elles construisent leurs vies loin de la kawa khoroto.

  2. Elles savent que leur liberté est à ce prix ,alors elles étudient puis une fois leurs diplômes en main elles fuient le pays qui les a vu naitre pour pouvoir enfin vivre leur vie

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