Mercredi 12 mai 2021
Tebboune somme des sociétés algériennes de rompre leurs contrats avec des entreprises marocaines
Tebboune invoque le transfert d’informations sensibles pour la sécurité du pays, mais aussi la sortie de devises dont le pays a besoin. Le tout sur fond de forte crise diplomatique avec son voisin.
Coup de colère d’Abdelmadjid Tebboune. Plusieurs entreprises algériennes ont reçu ordre de rompre leurs contrats avec des sociétés étrangères, susceptibles de « porter atteinte » au pays et « à sa sécurité ».
Dix jours pour rompre les contrats
Selon une missive écrite par Abdelmadjid Tebboune datée du 25 avril 2021, mais évoquée cette semaine par la presse algérienne, ces contrats mettent « à la disposition d’entités étrangères » des « données » et « informations sensibles ». Ces entreprises ont un délai de dix jours pour se conformer à l’instruction du président Tebboune, faute de quoi des poursuites seront engagées contre les responsables pour « concussion et complicité ».
D’après le média privé Ennahar, proche du pouvoir, Tebboune a laissé éclater sa colère après avoir appris que l’opérateur téléphonique Djezzy (Optimum Télecom), la Compagnie algérienne d’assurance et de réassurance (CAAR) et la Société nationale d’assurance (SAA) ont signé des contrats avec des entreprises de pays « hostiles » à l’Algérie dont le Maroc.
Au moins trois entreprises sur la sellette
Abdelmadjid Tebboune a sommé Djezzy (détenu à 51% par l’Etat algérien), la CAAR et la SAA (deux sociétés publiques d’assurance) de résilier ces contrats et/ou de ne plus y songer. Il a instruit le ministre Benabderrahmane d’interdire tout transfert à l’étranger de dividendes liés à ces contrats.
Cette décision soudaine ferait suite à des transferts de devises vers l’étranger pour des « prestations » qualifiées d' »à peine moyennes », alors que le pays traverse une crise économique en raison de la baisse des prix du pétrole et du gaz. Face à cette crise, Tebboune avait ordonné dès mars 2020 aux entreprises publiques de ne plus avoir recours à des cabinets d’expertise étrangers afin d’économiser jusqu’à 7 milliards de dollars par an.
Les couteaux sont tirés entre Alger et Rabat. Depuis pas mal d’années, la tension ne cesse d’être alimentée entre les deux capitales;
Contexte de crise politique
Traditionnellement difficiles, les relations entre l’Algérie et son voisin marocain ont connu une récente dégradation, notamment sur le dossier du Sahara occidental qui empoisonne leurs relations depuis quarante ans.
Ces derniers mois, Alger a aussi fustigé la normalisation des relations du Maroc avec Israël, en échange d’une position accommodante des Etats-Unis sur le Sahara occidental. Alger dénonce des « manœuvres étrangères » visant à la déstabiliser. Des décisions très politiques, à un mois d’élections législatives anticipées.