23 novembre 2024
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Réunion de l’OPEP+ : l’occasion ou jamais de revenir au baril à 60 dollars   

DECRYPTAGE

Réunion de l’OPEP+ : l’occasion ou jamais de revenir au baril à 60 dollars   

Dans une déclaration à la presse le jeudi 4 juin 2020, le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, a manifesté sa satisfaction quant à l’application des quotas de réduction arrêtés le 12 avril dernier dans le cadre du groupe OPEP+, soutenus par plusieurs pays producteurs qui ne sont pas membres de l’alliance comme la Norvège et dernièrement les producteurs de schiste américains lesquels pays ont manifesté leur ferme intention de voir le marché se redresser.

Mais là où il se leurre c’est de continuer de croire que ce retrait des 9,7 millions de barils du marché ont largement contribué au dépassement de la barre des 40 dollars du Brent de la mer du Nord alors que le déconfinement progressif dans le monde est le seul pour le moment qui booste timidement d’ailleurs la demande pour au moins deux raisons.

La première est le marasme causé par le Covid-19 dans les principales zones consommatrices et clientes de la Chine et la deuxième serait l’absorption des quantités stockées lors d’un baril à bas prix par les entreprises chinoise. Il faut ajouter à cela un surstockage des produits finis par manque de transport que se soit aérien maritime et encore moins terrestre.

Pour revenir déjà sur le respect de l’accord de l’OPEP+ du 12 avril, une première évaluation a été faite, mi-mai dernier, rapportée par l’agence Reuters, elle situe le taux de respect à 74%. Le Nigeria et l’Irak qui ont signé respectivement pour 38% et 18% de réduction de leur production ne se sont pas conformés à cet accord. Selon cette agence, une  enquête a révélé que ces deux pays pourtant signataires de la promesse de réduction de la production n’avaient coupé en fait que 5,91 millions de barils/jour (b/j) par rapport au niveau d’avril, produisant 24,77 millions de b/j, ce qui représente 4,48 millions de b/j de la réduction promise.

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1- L’accord du 12 avril a été dépassé avant même de naître

Grâce au volontariat de nombreux pays producteurs, la production de la majorité des membres  de l’OPEP+ a été supérieure à celle à la date de référence d’octobre 2018, c’est un total de 14,5 Mbj par rapport aux niveaux de production de début avril qui sont retirés du marché par l’OPEP+ c’est du moins ce qu’a laissé entendre le secrétaire d’Etat américain à l’énergie. Ainsi, selon d’autres  sources citées par l’agence Reuters, ce sont près de 20 millions de barils qui sont sortis du marché pendant les mois de mai et début juin, ce qui correspond à environ 20% de la demande mondiale avant la pandémie de Covid-19. Donald Trump a lui aussi cité le chiffre effectif proche de 20 millions de barils par jour dans un tweet publié après le 12 avril 2020.

Les Etats-Unis, le Brésil, la Canada, et la Norvège ont contribué à l’effort pour 4,7 millions de barils par jour supplémentaires. Les États-Unis, premier producteur mondial, ne sont pas membres de l’alliance OPEP+ mais selon Alexander Novak, ils «soutiennent l’accord », favorable à leur industrie de pétrole de schiste, en grande difficulté. « Ils disent qu’ils sont prêts à contribuer à la baisse de la production : on a entendu des chiffres allant de 2 à 3 millions de barils par jour », a indiqué le ministre russe juste après la réunion de l’OPEP+.

Il a dit ne pas attendre un retournement favorable de la conjoncture économique « avant la fin de l’année, dans le meilleur des cas ». «Lorsque vous additionnez toutes les réductions de production dans le monde, nous allons être beaucoup plus proches de 20 mb / j qui sortiront du marché», précise le secrétaire américain à l’Énergie Dan Brouillette sur Fox Business. 

2- Le marché reste plus sensible aux stocks américains qu’une décision de l’OPEP + 

Le marché revient progressivement  à ses fondamentaux c’est-à-dire l’offre et la demande. Le mois d’avril dernier, la demande était en berne à cause de la crise sanitaire et une offre pléthorique à cause du stockage aussi  bien sur terre que sur mer. Si le prix du baril de pétrole est sorti de la zone du danger dite « Break Even Cost », ce n’est pas la réduction opérée à compter du 1er mai comme l’affirme le ministre mais les stocks américains qui ont baissé et une reprise progressive du raffinage.

En effet, l’agence américaine pour Energy Information administration (EIA) dans son bilan hebdomadaire des stocks américains que de nombreux analystes prévoyaient qu’ils exploseraient à 11, 7 millions de barils  supplémentaires, ne sont augmentés en fait que de 9 millions de barils en une semaine au 24 avril pour s’établir à 527,6 millions de barils.

Les réserves d’essence ont par ailleurs reculé de 3,7 millions de barils, alors que les analystes anticipaient une hausse de 2,5 millions, tant mieux !  Résultat : le baril du Brent a quitté le palier du danger pour s’établir pendant plusieurs jours à 32,50 dollars le baril, celui du basket OPEC à 17 dollars le baril alors qu’il s’est confiné durant plusieurs jours à moins de 12 dollars ? Celui du Sahara Blend, référence Algérienne, est à 29,88 dollars le baril alors qu’il a frôlé les 11 dollars le 20 avril dernier. Pour le brut Newyorkais le WTI est côté aujourd’hui à 29, 65 dollars le baril alors qu’a la même date, on offrait 37, 63 dollars pour s’en débarrasser. C’est un effort énorme lié principalement à une reprise progressive du raffinage et surtout le déstockage en cours. Il n’a donc rien à voir avec l’OPEP+ et encore l’OPEP tout court. 

 3- Le niveau actuel des prix du baril n’a rien à voir avec l’accord du 12 avril

Le mercredi 3 juin une rumeur circulait déjà sur une entente entre la Russie et l’Arabie saoudite sur une éventuelle reconduction à compter du premier juillet de l’accord de mai mais de suite contredit par le refus de certains membres qui ne veulent pas en entendre parler de cette réduction évoquant un besoin de liquidité. Le Mexique a confirmé hier vendredi toute nouvelle baisse de sa production de pétrole à la veille de la réunion de l’OPEP et ses partenaires, dont la Russie, qui vise à soutenir un marché déprimé par la pandémie.

En dépit que les investisseurs n’ont pas franchement réagi mercredi 3 juin au rapport hebdomadaire de l’Agence américaine d’information sur l’Energie (EIA) sur les réserves de pétrole aux États-Unis la semaine dernière. Par contre,  la baisse surprise des stocks de brut (-2,1 millions de barils) a été compensée par la hausse de ceux d’essence (+2,8 millions de barils) et l’explosion de ceux de produits distillés (+9,9 millions de barils), ont fait réagir le marché pour que le baril du Brent référence européenne franchisse la barre des 40 dollars. Les réserves américaines de brut avaient en effet bondi de près de 8 MB la semaine précédente, se rapprochant de leur niveau record de fin mars 2017.

Les raffineries ont, elles aussi, légèrement accéléré la cadence, fonctionnant à 71,8% de leurs capacités contre 71,3% la semaine précédente. Au terminal de Cushing (Oklahoma, sud), où est stocké le pétrole servant de référence à la cotation à New York, les réserves de brut ont baissé de 1,8 MB à 51,7 MB.

La hausse des réserves d’essence et de produits distillés montre toutefois que le marché pétrolier reste confronté à une consommation en berne,  conséquences indéniable du net ralentissement du transport en raison des mesures de confinement se faisant toujours ressentir. Il faut ajouter à cela, la ferme volonté du secteur du schiste américain en collaboration avec le système financier et surtout l’Etat fédéral de voir les prix reprendre du service rentable au plus vite.   

4- L’OPEP+ est en face aujourd’hui d’une décision historique

Dans son contenu, cet accord su 12 avril dernier, est structuré en 3 parties qui vont du mois de mai 2020 à fin avril 2022. Cela selon toute vraisssemblance vise à envoyer un signal fort au marché pour faire comprendre aux acteurs pétroliers que  cette organisation informelle est entrain de prendre les choses en mains suites à l’échec du début de mois de mars  qui aurait pu causer son effritement. Le premier accord sera une réduction de 9,7 millions de barils par jour qui prendra effet du 1er mai prochain jusqu’à fin juin 2020 qui coïncidera selon cette approche avec la fin possible du confinement de la population dans le monde et éventuellement un début de reprise des activités économiques et sociales. Il était peu probable que cet accord visait une ambition quelconque mais juste limitait une descente en enfer d’un prix du baril non rentable pour la majorité des gisements dans le monde.

Le deuxième accord quant à lui accompagnera la reprise économique tout en maintenant une réduction de production réduite  8 millions de barils par jour sur une période jugée suffisante pour une reprise effective de l’usine mondiale allant du premier juillet à fin décembre 2020.

Ensuite pour marquer leur pérennité, l’accord prévoit enfin que les pays concernés par la déclaration de coopération de l’OPEP+, signée en 2016, continuent leurs efforts visant à équilibrer un marché fortement impacté par la pandémie de coronavirus, en appliquant une réduction de leur production de l’ordre de 6 millions de baril par jour  à compter du 1er janvier 2021 et jusqu’à la fin avril 2022.

En partant donc de ces étapes conclues entre les 13 membres de l’OPEP et de ses 10 alliées, rejoint par plusieurs pays producteurs, le consensus autour d’un prix qui sortirait de cette fourchette de 30 -40 dollars pour récupérer les pertes subies par tout le monde durant cette crise sanitaire qui ne fini pas. Il faut donc éviter durant cette rencontre qui structuré en deux temps celui de 13 heures et l’autre de 15 heures éviter deux choses qui leurs seront fatales : s’entendre pour reconduire au moins sinon plus le premier accord de 9,7 millions de barils à partir du premier juillet jusqu’à la fin de 2020. Ensuite ne montrer aucune divergence entre les membres sinon le prix du baril repartira à la baisse. 

R. R.

Auteur
Rabah Reghis

 




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