Mercredi 3 juin 2020
A quoi bon d’être majoritaire dans Medgaz s’il n’y a plus de gaz à transporter ? (II)
Sonatrach paye aujourd’hui cher les choix d’Ould Kaddour, ancien PDG.
Sonatrach traîne un déclin de ses gisements que l’instabilité de ses dirigeants n’a fait qu’accentuer depuis pratiquement le 2e semestre 2017. Pourquoi ?
Sonatrach a pris beaucoup de retard pour concrétiser cette ambition européenne
Elle dope les chiffres de l’exportation, et afin de compenser en partie le déclin provoqué par la déstructuration de l’organisation, la marginalisation des compétences et des cadres intègres qui refusent d’abdiquer contre les intérêts de l’entreprise, dénonçant l’équipe d’Ould Kaddour notamment les principaux responsables de la chaîne Amont dont l’ex-vice-président et d’autres actuellement dans des postes alléchants juste pour bénéficier des avantages de cadres dirigeants.
LIRE : A quoi bon d’être majoritaire dans Medgaz s’il n’y a plus de gaz à transpporter ? (I)
En effet, en violation de la loi sur la conservation des gisements, ils ont pris la décision de détourner les gaz associés destinés à la réinjection afin de les comptabiliser comme production additionnelle « jamais comptabilisés auparavant, et les mettre dans le pipe pour l’exportation » pour masquer donc le déclin aux autorités, et donner une illusion d’une production additionnelle.
Les conséquences de ces violations, ont un impact direct sur la réduction des réserves d’hydrocarbures algériennes mobilisées à prix fort, et sur l’extinction prématurée des gisements. Ces volumes de gaz étaient destinés à la réinjection pour maintenir la pression et les conditions optimales pour maximiser les réserves, la production à long terme. Il s’agit l 10 milliards de m3 qui ont été soustraits et vidés de Hassi Messaoud 4 milliards de m3 du gisement de Rourde Baguel, 15 milliards de m3 ont été soustraits du cyclage de Rhourde Nouss et qui, étaient destinés à optimiser le condensat.
Des cadres se demandent si ALNAFT et la tutelle avaient donné l’accord réglementaire pour tout changement de mode d’exploitation pour ces violations graves.
Les dirigeants du mastodonte gèrent par effet d’annonce mais oublient l’essentiel
Avec la réduction de son budget de prés de 50% qui leur est imposée par les pouvoirs publics suite aux effets économiques de la pandémie, les premières mesures prises pour le deuxième semestre 2020 sont de ne retenir que 26 puits d’exploration et 30 puits de développement pour ne maintenir que 18 appareils de forage en activité d’ici la fin de l’année contre 68 qui étaient debout fin mars 2020 sans compter la suppression de plusieurs projets faute de moyens financiers. La situation actuelle semble, selon des informations crédibles, toucher directement la production des hydrocarbures.
Le report du boosting dans sa troisième phase dans la région sud de Hassi R’mel ne sera opérationnel qu’en octobre 2020 et celui de la zone nord ne sera possible que le début du 2e semestre 2021, soit un retard global du programme de cette opération vitale pour ce champ de près de 18 mois. En effet, elle était prévue être finalisée en décembre 2019.
Le préjudice n’est pas des moindres selon des informations recueillies par les opérationnels : plus de 7 milliard dz m3 par an de perte directes et indirectes â partir de 2020 de plus 10 milliards par an liées aux magouilles et certainement une mauvaise gestion de la maintenance du plus grand gisement de gaz de l’Algérie. Il pourrait ainsi compromettre tous les programmes de l’offre de gaz et les responsables directs sont encore sur place sauf Ould Kaddour qui a été limogé. Il s’agit de la majorité de l’équipe en poste actuellement.
Cette situation n’est pas que pour le champ de Hassi R’mel mais Rhourde Nous n’a pas été non plus épargné car la production serait descendu à 14 milliards de m3 soit une diminution de près 10 milliards de m3 à cause de la déplétion accélérée et les pertes de réserves de condensats. De cette manière signale ces cadres « la production prévisionnelle de gaz est sérieusement compromise car la baisse est continuelle. Quant à Rhourde Ennous la baisse de pression est due principalement dit-on à la réduction de 60 % du cyclage
C’est à Augusta qu’il faut récupérer de l’argent et non en amont pétrolier
Normalement en février dernier, une délégation de la Sonatrach comptait entreprendre dés le mois mars une mission pour lit-on s’assurer de la réalisation des objectifs attendus sur le site de la raffinerie d’Augusta. On apprend aussi que le conseil d’administration composé de plusieurs responsables algériens et d’un PDG italien du nom de Rosario Pistorio s’est réuni pour la première fois pour enfin reconnaître la nécessité d’améliorer la rentabilité de ces actifs acquis en 2018 en traçant les axes «d’une stratégie commerciales et d’une gestion appropriée »(04).
Quant au site italien «Siracusaoggi » (05), il confirme qu’ExxonMobil avait trouvé d’énormes difficultés de la vendre voilà plus de 3 ans à cause de la vétusté des installations. Il a été prouvé aussi que le propriétaire de cette raffinerie de 70 ans d’âge subissait une perte en consentant des sommes importantes pour la mettre en conformité avec les normes environnementales.
Sur l’avenir de ce projet après l’annonce faite par le magazine français Pétrostratégie, dirigé par Pierre Terzian connu par ses interventions dans les médias algériens sur certaines vérités, lesquelles vérités ont été dénoncées par des experts algériens dès son acquisition très controversée.
Cette raffinerie donc a été acquise sans un examen minutieux du dossier par le conseil d’administration de Sonatrach et avec un accord du Premier ministre de l’époque Ahmed Ouyahia, la transaction devait aboutir par un forcing sans livrer ses secrets.
Le montant de l’acquisition, relève Pétrostratégie, semble être proche de 725 millions de dollars, ce qui s’écarte du montant avancé, pourquoi ? En plus il y a eu engagements de Sonatrach pour « casquer » immédiatement le montant pour décontamination des sols et la prise en charge des stocks de produits qui n’appartenaient plus à la raffinerie. Uniquement à ce niveau et sans prendre en compte les rumeurs d’un financement occulte à partir de filiale de Sonatrach dans les Iles vierges Britanniques, ce montant pourrait revenir à un milliard de dollars non compris les pertes d’exploitation et les investissements futurs dans la conformité environnementale.
De nombreux experts, repris par la revue Pétrostrategie de janvier 2020, soutiennent que « l’usine achetée est structurellement déficitaire, c’est pourquoi Augusta n’a été maintenue à flot, depuis son acquisition, que par des fonds qui lui ont été injectés par Sonatrach, sans perspective de rentabilité.»
Maintenant les langues se délient pour accuser l’actuel PDG de Sonatrach d’avoir procédé à l’annulation des projets de construction de cinq raffinerie initié par l’ancien vice président aval. L’ensemble des versements selon ces rumeurs de l’intérieur même du mastodonte, ont été opérés directement à partir de SPC Londres, sans un quelconque accord de la commission des marchés ou un organe de contrôle algérien, la Banque extérieure d’Algérie a refusé, selon ces mêmes rumeurs, de cautionner ce transfert.
En ce qui concerne l’étude, elle a été élaborée par le cabinet français Société Générale et la transaction a été pilotée par ce même cabinet avec une commission disons assez généreuse selon ces sources. Ce cabinet a été engagé par l’actuel PDG de Sonatrach en sa qualité de vice-président Business Developpment and Marketing (BDM) à Sonatrach, et les approbations de l’actuelle vice-présidente commercialisation et le contrat remis à la signature de l’ancien vice-président commercialisation écarté juste après.
Rabah Reghis
Renvois