Mardi 5 mai 2020
Sonatrach /EDL libanaise : le fuel frelaté prend une tournure politique
Voilà une affaire qu’on tente de faire passer, depuis le 27 avril dernier comme une simple différend commercial, mais qui semble progressivement prendre une allure politique.
Cette affaire, selon toute vraisemblance, touche directement l’image de marque du mastodonte algérien, pourtant réputé fournir des produits de qualité sinon tiré vers le bas par certains « pillards » recrutés ces trois dernières années pour lui porter des coups de poignards dans le dos et le plus grave dans l’impunité totale (01).
Ainsi, le journal libanais El Akhbar (02) dans sa livraison du 5 mai 2020, rapporte que le gouvernement libanais à convoqué 3 anciens ministres pour s’expliquer sur cette questions devant le procureur de la république et le juge d’instruction en charge de cette affaire. Quant au ministre libanais de l’Energie et de l’eau, Raymond Ghajar, sans donner une précision détaillée sur les circonstances et le contexte de sa rencontre avec l’ambassadeur algérien Abdelkrim Rekibi, parle dans un communiqué (03) d’une manière politiquement correcte « d’un entretien de connaissance.». S’il s’agissait des aléas d’une simple affaire commerciale comme tente de la ramener les uns et les autres alors pourquoi cette affaire montera-t-elle à l’ambassadeur algérien ? Et pourquoi le ministre libanais insiste pour lui préciser que le dossier est entre les mains de la justice ? Et ne dit pas quelle chambre pénale ou commerciale ?
1- Genèse succincte de cette affaire
Le 27 avril dernier, le quotidien libanais L’Orient-Le Jour, citant l’Agence d’information officielle libanaise (ANI), avait révélé que le procureur de la république près la cours d’appel Mont-Liban, Ghada Aoun, a ordonné l’arrestation de 17 personnes dans le cadre d’une affaire de « carburant défectueux » livré à Electricité du Liban (EDL) par l’entreprise algérienne Sonatrach.
L’une des personnes arrêtées n’est autre qu’un certain Tarek Faoual, «qualifié par cette information » comme le Directeur au Liban de Sonatrach qui est en contrat avec l’entreprise libanaise depuis déjà plusieurs années pour la livraison de ce carburant à ses centrales de production d’électricité qui fonctionnent au « Fuel Oil ». A part Faoual poursuit le journal, les 16 autres sont des employés du secteur libanais de l’énergie. Selon l’ANI, ce coup de filet dans «l’enquête » a débuté le 6 avril dernier ; il survient après que des preuves irréfutables eurent été rapportées confirmant la responsabilité des personnes visées aussi bien concernant la livraison de « carburant défectueux ». Il est aussi question dans cette affaire de « pots-de-vin » impliquant des employés haut placés du secteur libanais. Entendu par là s’il y a corrompus, l’existence de corrupteurs reste inévitable.
2- Que dit la filiale de Sonatrach SPC ?
Sonatrach Petroleum Corporation SPC basée à Londres, a dés lendemain apporté un démenti en « réfutant totalement » les informations contenues dans des articles de presse selon lesquelles Tarek Faoual serait un cadre de Sonatrach.
Plus grave, ce communiqué (04) repris par l’Agence Presse Services algérienne réfute aussi cette information dans sa forme et dans son fond que le communiqué juge comme « allégation inexactes et mensongères sur l’implication d’un haut cadre de Sonatrach dans cette affaire » mais le communiqué n’exclue pas qu’effectivement il existe une personne entendue par la justice. Implicitement dit, Tarek Faoual n’est qu’un agent maritime indépendant œuvrant pour le compte de la filiale de Sonatrach.
Le commun des mortels s’interrogerait sur la différence ? Il nous apprend aussi que « cette affaire relève d’un différend qui remonte au 30 mars dernier, quand SPC a été informé par son client, le ministère libanais de l’Electricité et de l’Eau (MEW) d’un souci opérationnel concernant un défaut de qualité sur une des dernières cargaisons de fioul livrée à l’Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial Electricité du Liban (EDL) en date du 25 mars 2020. »
Rappelons qu’un souci de ce genre n’est pas remonté jusqu’au siège pour une raison évidente dit-on dans le milieu de la structure commerciale de Sonatrach que la filiale de Londres est un « Etat dans Etat ».
Ensuite, la direction générale de Sonatrach et l’APS se seraient laissées entraîner malgré elles dans un « mensonge d’Etat » en laissant croire à l’opinion publique et même aux pouvoirs publics que «SPC et le MEW libanais sont en dialogue constant afin d’essayer de résoudre la situation au plus vite et il ne fait aucun doute qu’eu égard aux excellentes relations qui lient SPC au MEW, la situation sera vraisemblablement et définitivement résolue d’ici peu».
Or, ce n’est-ce pas ce qu’a dit le ministre de l’Energie et de l’eau du Liban à notre ambassadeur.
R.R.
Renvois
(01)http://bourse-dz.com/petroplus-un-crime-reste-impuni/
http://bourse-dz.com/sonatrach-pillage-a-spc-londres/
(03)-http://bourse-dz.com/fuel-frelate-ministre-libanais-poursuites-sonatrach/