11 décembre 2024
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Apostrophe à l’adresse de nos cinq présidentiables, par Mohamed Benchicou

REGARD

Apostrophe à l’adresse de nos cinq présidentiables, par Mohamed Benchicou

L’un de vous sera président de la République le soir du 12 décembre. Élu par les poissons de la Méditerranée, comme dirait un éminent membre du panel, Slimane Benaissa, rattrapé par sa boutade théâtrale.

Le peuple va boycotter le scrutin ? On peut se passer du peuple. Dans ce radeau Algérie qui coule, on fera comme dans Babor ghrek : on fera voter les poissons. Un peuple est fait pour ça, pour être manipulé, dupé, trompé, à l’occasion, tabassé et, s’il le faut, emprisonné. C’est dans l’ordre des choses.

Du reste, le 12 décembre, c’est l’évocation d’un peu tout cela, les manifestations du 11 décembre 1960, quand la révolution s’essoufflait et qu’on songea à faire appel aux masses innocentes pour offrir leurs poitrines aux balles françaises et crier sa colère de sorte que les hurlements de Belcourt arrivent à Manhattan, aux oreilles des Etats de la planète en conclave au siège de l’ONU ! C’était le temps où le bon peuple croyait aux serments.

Le 12 décembre, souvenez-vous-en, pendant qu’on comptera les voix des uns et des autres, une mère pleurera seule dans son coin, impuissante et meurtrie à jamais, meurtrie comme peuvent l’être les mères qui ont dû enterrer leurs enfants.

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C’est la mère de Mohamed Tamalt, le blogueur abandonné à la mort, dans sa prison, par ce pouvoir arrogant qui condamne à la détresse les gens du peuple qui osent crier leur dépit. Ceux qui ont laissé mourir Tamalt et Fekhar sont ceux-là même qui ont préparé les élections auxquelles vous participez avec la  jubilation du cambrioleur profitant d’un deuil familial pour dévaliser la famille éplorée.

Oui l’un de vous sera président le 12 décembre, comme par effraction, sans panache, par la porte de service, un président sans grande légitimité parce qu’élu contre la volonté de son peuple, un président sans autorité, faible et sans assise populaire, qui passera son mandat à se heurter à la colère de ses concitoyens (comme nous l’a montré le fâcheux épisode d’Ali Benflis pris à partie au sortir d’un restaurant) et à se justifier auprès de ses pairs étrangers, comme nous l’a donné à voir l’inestimable Bensalah face au président russe Poutine.

Ce nouveau chef d’État ne sera chef de rien, parce que l’Etat reste à reconstruire comme tout le reste, nation anéantie par 20 années de règne de la bande à Bouteflika, pays ravagé, sans influence, sans diplomatie, sans avenir, sans stratégie et pour couronner le tout, presque sans pétrole.

L’arrogance de Gaïd Salah, son obstination à « faire plier » le peuple et à imposer des élections à contre-courant de l’esprit général, sa façon de pousser un mouvement pacifique à se transformer en un mouvement violent, va imposer à l’Algérie un président boycotté par la population et, fort probablement par une grande partie de la communauté internationale. Un président et un gouvernement composé à partir des résidus de l’ancien système, qui vont jouer au chat et à la souris avec ses propres citoyens. Ce qui va donc priver l’Algérie de l’expérience d’un président crédible, soutenu par le peuple,  suffisamment légitime pour parler au nom du peuple et agir pour restituer à l’Algérie sa confiance, pour l’arracher des mains de la mafia, pour affronter les cartels algériens et étrangers qui tiennent notre patrie en otage, pour obtenir l’adhésion autour d’un programme de réhabilitation nationale.

Aucun d’entre vous ne dispose de la caution populaire pour mener à bien ces batailles de la dernière chance. S’il vous reste de l’amour pour ce pays et pour cette terre si souvent trahie, retirez-vous de ces élections mortifères.

Il n’y a aucune honte à réaliser son erreur, M. Benflis, M. Tebboune, M. Mihoubi. Libre au général Gaïd Salah de tout faire pour être le Pétain de l’histoire, mais épargnez-vous l’indignité de passer à la postérité pour les soldats qui auront fusillé leur mère.

Auteur
Mohamed Benchicou

 




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