27 novembre 2024
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La présidentielle et le coup d’avance du régime

DECRYPTAGE

La présidentielle et le coup d’avance du régime

Quand certaines personnalités ont commencé à sortir de leur « tanière » pour candidater à l’élection présidentielle en la présentant comme une ultime bataille contre le 5ème mandat de Bouteflika, le jeu était déjà fait.

Le 5ème mandat étant acquis et indiscutable et autour duquel il y avait un large consensus, l’ébullition de l’été n’était que les spasmes des manœuvres balisant le terrain pour le coup d’après. Car le régime ne pouvait s’accommoder d’une présidentielle anticipée dans quelques mois. Il cherchait alors des subterfuges institutionnels et constitutionnels à introduire au début de la magistrature visant à remplacer Bouteflika, en cas de son décès, sans passer par les urnes.  

On se souvient tous de la déclaration de Sidi Said, patron de l’UGTA, il y a quelques mois à Oran, où il ironisait sur ceux qui doutaient de la possibilité du 5ème mandat de Bouteflika : «Le jeu est fait et pour nous, Bouteflika est élu et on peut d’ores et déjà faire la fête, l’élection prochaine n’est qu’une formalité et on pourra même s’en passer ».

Bravache certes, mais l’homme ne rigolait pas. On l’a tous pris pour un clown. Un rôle qui sied habituellement à Ouled Abbès. Sidi Saïd était certainement en mission, comme celle de Sellal de 2014 qui consistait à amuser la galerie et occuper les esprits alors qu’il se tramait des négociations et une guerre souterraine autour de la gestion du 5ème mandat, voire autour de la personne susceptible de succéder à Bouteflika si ce dernier décédait lors de l’exercice de son prochain mandat.

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Il n’était jamais question de remplacer Bouteflika de son vivant. C’est le deal sacré entre les membres du clan présidentiel, comme une famille, à la camorra.  

Le général-major à la retraite Ali Ghediri, candidat à la candidature, adhérait sans doute, alors qu’il était en fonction, à ce consensus, cela-même qui a permis le 3ème et le 4ème mandat de Bouteflika en violation de la Constitution. S’il a émis le moindre bémol, on l’aurait su. Et ce sont ces deux mandats de trop qui ont engendré le 5ème.  

Nous l’avons déjà dit en octobre dernier, sur ces colonnes, que tous les plans échafaudés ici et là n’étaient que de l’intoxication médiatique s’inscrivant dans un plan de diversion.

L’idée vendue à Abderezak Mokri, chef du MSP, faisait partie de ce plan. Mais contrairement à ce qu’il avait déclaré, la conférence de « consensus ou de réconciliation » introduisant des réformes institutionnelles était déjà imaginée par ses promoteurs pour l’après 18 avril. Ils ne lui auraient pas tout dit ou ils lui auraient promis un rôle à jouer dans le dispositif de la 5ème magistrature. En échange de quoi ? Il était chargé lui et son ancien « frère », Amar Ghoul, de distiller des informations sur un probable report de l’élection présidentielle et faire croire que le régime n’avait pas encore tranché sur la candidature de Bouteflika.   

On aurait dû écouter Sidi Said : cette candidature et par conséquent le 5ème mandat sont pliés depuis déjà longtemps. Rien ne pourrait stopper cette perspective, si ce ne serait la volonté de la biologie.

Le 18 avril n’est qu’une date, une formalité à accomplir : le processus est biaisé à l’avance. La fraude est congénitale pour le système algérien. Elle est pour lui comme le bébé de Frankenstein est au monstre. Il est inconcevable donc de calquer d’une manière aussi automatique l’issue d’une élection se déroulant dans un pays démocratique sur la réalité algérienne. Il relève de la naïveté ou de la pire tromperie de faire croire à une autre issue de cette élection que celle programmée par le régime lui-même.

Surtout, comble de la contradiction, on ne cesse de dénoncer sa nature foncièrement anti-démocratique et autocratique tout en se présentant comme une alternative au système. À cet effet, l’engouement autour de la candidature de Ghediri n’est malheureusement qu’une illusion de plus. Et le réveil sera très dur cette fois-ci.

Ainsi, tout bulletin dans l’urne le 18 avril, que ce soit pour ou contre Bouteflika, est un vote pour ce dernier.

Auteur
Youcef Rezzoug

 




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