Samedi 10 novembre 2018
Ali Benflis : « Nous sommes à la veille d’un nouveau coup de force »
Ali Benflis, Président de Talaie el Houriyet, a fait une intervention particulièrement violente contre le clan au pouvoir, à l’ouverture de la sixième session ordinaire du Comité Central qui s’est tenue samedi 10 novembre. Extraits.
« (…) Le glorieux 1er Novembre que le peuple algérien vient de célébrer se fixait comme objectif central l’instauration d’un Etat démocratique et social.
Il nous faut relever, malheureusement, que l’Etat démocratique et social dont rêvaient les novembristes est toujours en projet.
(…) Les Algériens n’ont pas encore accédé à la plénitude de la citoyenneté ; ils vivent sous un régime autoritaire qui leur laisse peu d’espace de liberté et d’épanouissement ; ils ne se sentent pas en sécurité, pris entre une Administration tatillonne et un système judiciaire aux ordres.
64 ans après, les Algériens ne bénéficient toujours pas d’une prise en charge adéquate des soins de santé, non point faute de compétence et de dévouement du corps médical (…) 64 ans après, nos enfants s’entassent dans des classes surchargées, et beaucoup étudient dans des conditions qui ne sont pas dignes de la noblesse de l’objectif, celui de la formation du citoyen de demain.
64 ans après, l’Université, censée être, le haut lieu du savoir, de la connaissance et du mérite verse souvent dans le favoritisme et le clientélisme, la décrédibilisation des concours, notamment, pour l’accès aux études de post-graduation, et la dévalorisation des diplômes.
64 ans après, de jeunes Algériens tentent l’aventure périlleuse de la harga au même moment où notre pays connaît une hémorragie de ses cadres sans que cela n’alerte outre mesure les autorités publiques.
(…) Pourtant, les gouvernements qui se sont succédé depuis le renchérissement des prix du pétrole ont eu entre les mains une manne financière suffisante pour doter le pays d’infrastructures sanitaires capables d’assurer aux algériens l’accès à des soins médicaux de qualité, un système éducatif moderne, performant, qui permet à nos enfants d’étudier dans de bonnes conditions et une Université capable, pourquoi pas, de sortir des ‘’prix Nobel’’ qui auraient fait la fierté de notre pays.
Les gouvernements qui se sont succédé depuis le renchérissement des prix du pétrole, dis-je, ont eu entre les mains une manne financière pour ouvrir des perspectives prometteuses et des opportunités pour notre jeunesse qui ne demande qu’à apprendre, qu’à travailler, qu’à innover, qu’à participer à la vie politique, économique et social de leur pays (…)
Il n’en a, malheureusement, pas été ainsi. La mauvaise gouvernance, les mauvais choix économiques, l’improvisation, la distribution clientéliste de la rente, la dilapidation des fonds publics, le gaspillage des ressources, la corruption qui a gangréné l’appareil d’Etat et le secteur économique, ont conduit le pays à une situation économique catastrophique au point de recourir à la planche à billets !
Crise de légitimité
Notre session se tient dans un contexte particulièrement d délicat où, l’approche de l’échéance des élections présidentielles focalise toute l’attention de nos gouvernants avec comme objectif de créer les conditions pour un nouveau coup de force pour se maintenir au pouvoir contre la légitimité populaire, sans aucune considération pour ce qui peut advenir de cette obsession pour la pérennité en termes d’aggravation de la crise, de dérapages et de risque pour la stabilité et la sécurité du pays et l’unité de la nation.
Nous l’avons dit et répété, la crise que vit notre pays est avant tout une crise de légitimité. Les gouvernants ont déclassé la légitimité populaire, la légitimité du savoir, la légitimité du mérite, la légitimité de la compétence, la légitimité de l’intégrité, qui ont disparu du lexique politique des dirigeants actuels, au bénéfice d’une aberration, ‘’la légitimité du terrain’’, au nom de ce qu’ils appellent le « pragmatisme politique » qui ne s’embarrasse pas de principes.
Le rapport de force et le fait accompli sont érigés en mode de gouvernance. Ils ne respectent même pas la Constitution dont ils ont fait adopter les amendements de 2016 par un coup de force, ni les lois qu’ils ont eux-mêmes concoctées pour asseoir leur autorité usurpée. L’Algérie est, aujourd’hui, à l’antipode de l’Etat de droit dont le pouvoir ose se prévaloir.
Et comment s’étonner du peu de considération que le pouvoir politique voue à la légitimité populaire lorsqu’il n’a que peu d’égard vis-à-vis des institutions qu’il a lui-même mises en place pour se donner une apparence démocratique. Que deviennent les rapports de la Cour des comptes qui relève, dans chacun de ses rapports, de graves dépassements dans la gestion des deniers publics, enrobés pudiquement dans le vocable de dysfonctionnements ? Le Conseil national économique social est muselé. Les deux chambres du Parlement sont confinées dans un rôle d’enregistrement malgré les efforts méritoires des députés de l’opposition et de quelques députés d’autres partis qui ont une haute idée de leur mission, pour donner un minimum de crédibilité à l’Institution législative. Et que dire de l’appareil judiciaire qui fonctionne à l’injonction, au mépris de la dignité du magistrat lui-même, et de l’idée et de l’image que le citoyen se fait de la justice de son pays.
La focalisation sur l’échéance présidentielle s’est traduite par une intensification de la lutte entre centres de décision du pouvoir politique en place, avec comme résultante l’accélération de la dégénérescence de ce qui reste du peu de crédibilité et de stabilité des institutions de la République.
La crise dont l’Assemblée Populaire Nationale a été le théâtre le mois dernier est le reflet de cette confrontation interne au pouvoir en place qui n’arrive même plus à gérer ses contradictions et à transcender ses clivages. (…)
Le cap mis sur la prochaine échéance présidentielle, en pleine impasse politique, le pouvoir politique s’affaire à baliser le chemin qui le mène jusqu’à 2019 en tentant de neutraliser l’opposition et les médias par la fermeture hermétique du champ politique et médiatique.
Le bouc émissaire, c’est l’opposition, à laquelle on reproche de vouloir priver le peuple algérien de continuer à profiter de la prospérité que lui a procurée le régime en place !
Le bouc émissaire c’est aussi la presse indépendante à laquelle il est reproché de véhiculer le discours de « haine » de l’opposition.
L’opposition subit le harcèlement systématique du pouvoir politique et le verrouillage hermétique du champ politique et médiatique pour étouffer toute expression qui viendrait perturber la marche vers le maintien du statu quo qui assure la pérennité du régime politique en place au mépris de la volonté populaire. L’amendement de la Constitution en 2016 était censé donner plus de prérogatives à l’opposition. En fin de compte, nous assistons à un verrouillage encore plus serré et plus hermétique du champ politique et médiatique.
Les atteintes systématiques des autorités publiques au droit, constitutionnel, des Partis politiques de tenir des rencontres pacifiques, dans des salles, et d’organiser des rassemblements tout aussi pacifiques dans des lieux publics illustrent l’acharnement du pouvoir politique à isoler l’opposition, de la population, pour se réserver le monopole de la communication avec le citoyen et distiller le discours « de la continuité, synonyme de paix et de stabilité, pour le pays et de bien être pour la population » .
Les gouvernants font tout pour diaboliser l’opposition, rendue responsable de tous les maux qui « empêchent notre pays d’avancer », tantôt accusée de servir des agendas étrangers, tantôt de « semer la fitna pour faire revenir l’Algérie aux années 90 ». Les autorités ne lésinent pas sur les moyens pour empêcher l’opposition de s’exprimer. Dans sa détermination à faire taire les voix discordantes, le pouvoir politique ne s’embarrasse plus des formes, vis-à-vis de l’opinion publique. L’opposition est cloitrée dans un espace délimité par des lignes rouges, qui se rétrécit de jour en jour.
Les activités de l’opposition, malgré leur caractère tout à fait légal et pacifique, sont assimilées à « des manœuvres politiciennes qui menacent la stabilité du pays ». De graves accusations qui dénotent un certain état de panique au niveau des gouvernants, de peur de voir leur feuille de route pour 2019 fortement perturbée.
Le pouvoir politique en place fait du chantage à la stabilité et à la sécurité un fonds de commerce pour plaider « la continuité ». Il joue la peur et brandit l’épouvantail d’un retour à la violence des années 90.
Tout le monde sait que la menace ne vient pas de l’opposition. Elle est dans le risque de débordement des conflits à nos frontières, dans la capacité de nuisance des quelques groupes terroristes encore en activité, dans les tentatives d’implantation de groupes terroristes étrangers dans notre pays, et dans la grande criminalité (…)
L’autre menace réside dans le risque de dérapage que fait courir au pays l’attitude irresponsable du pouvoir politique en place par la recherche obsessionnelle du maintien du statu quo. (…)
L’opposition, consciente des défis et des enjeux de la situation de notre pays a montré son haut degré de responsabilité en multipliant les propositions et initiatives pour une sortie de crise. Des initiatives qui convergent toutes vers une solution pacifique consensuelle par un dialogue inclusif pour épargner à notre pays des dérapages aux conséquences imprévisibles. (…)
Les médias, essentiellement les titres de la presse écrite et ceux de la presse électronique, sont en ligne de mire, parce que sans ces médias libres, les voix de l’opposition, frappée d’ostracisme par les médias publics, seraient inaudibles.
La liberté d’expression, notamment la liberté de la presse, est mise à mal par le pouvoir politique en place qui s’octroie le droit de contrôler, de diffuser et de distribuer l’information, toute l’information, pour servir son agenda.
Comment peut-on parler de liberté de la presse alors que des journalistes croupissent en prison ? Non ! La place des journalistes n’est pas dans les prisons ! Elle est sur le terrain pour faire des investigations afin d’assouvir la soif et le droit du citoyen à l’information. La place des journalistes est dans les rédactions et non dans les prisons !
La liberté de la presse ne se mesure pas au nombre de journaux et de chaines de télévision.
La liberté de la presse se mesure à l’aune du degré de liberté du journaliste à accéder à l’information et à faire parvenir cette information au lecteur et à l’auditeur, sans entrave.
Talaie El Hourriyet, qui considère la liberté de la presse comme un pilier fondamental de la démocratie et de l’Etat de droit a toujours été solidaire des journalistes qui exercent leur métier avec professionnalisme, honnêteté et dévouement, dans le respect de l’éthique de leur noble profession.
La participation à la présidentielle non tranchée
« (…) La décision concernant l’élection présidentielle ne peut être prise à la légère. Le Comité central prendra, je vous rassure, souverainement et démocratiquement la décision, le moment opportun, comme ce fut le cas lors des échéances électorales précédentes.
En fait, avec la prochaine échéance présidentielle notre pays se trouve à la croisée des chemins avec,
– d’un côté, l’opportunité historique de l’ouverture d’un dialogue politique inclusif pour une solution consensuelle salutaire de la crise et l’adoption d’une feuille de route pour l’instauration graduelle d’un système démocratique et d’un Etat de droit,
– et, de l’autre, une reconduction du système politique en place par la confiscation de la volonté populaire qui plongera notre pays dans l’inconnu.
2019 matérialise la divergence entre les tenants de l’immobilisme et de la stagnation et les partisans d’un renouveau national, deux projets, deux visions pour l’Algérie 2019 cristallise l’antagonisme entre les tenants de la prétendue « légitimité du terrain » et les défenseurs de la légitimité populaire.
L’Algérie a un besoin vital d’aller à la légitimité populaire.
Seule la légitimité populaire est à même d’asseoir la représentativité et la citoyenneté.
Seule la légitimité populaire est à même de consacrer la confiance entre gouvernants et gouvernés
Seule la légitimité populaire est à même de garantir la primauté du droit et la légitimité de la loi.
(…) Il nous faut constater, malheureusement, que les questions économiques connaissent un déclassement sur l’agenda du gouvernement en place, concentré davantage sur le maintien du statu quo politique. Le gouvernement donne l’impression qu’il se contente de gérer les affaires courantes en attendant de passer le gué électoral.
Mais comment ne pas s’inquiéter face à la stagnation de l’économie nationale et aux prévisions pour les prochaines années avec une croissance faible pour la période 2018-2020, des prévisions concordantes des institutions économiques et financières internationales et des experts nationaux et par le gouvernement lui-même qui se fixe comme objectif une croissance du PIB faible de 2,6 % pour 2019 pendant que des pays de notre continent enregistrent des taux de croissance à deux chiffres, tout en visant ,dans ses prétentions, de rattraper et de rejoindre le groupe des pays émergents dans les prochaines années ? Du surréalisme !
Alertée par la faiblesse de la croissance du PIB durant le premier semestre 2018, la Banque d’Algérie, je dis bien, la Banque d’Algérie, a appelé le gouvernement à “un vaste programme de réformes structurelles pour libérer le fort potentiel de croissance de l’économie nationale et diversifier l’offre domestique et les exportations de biens et services”. L’appel ne risque pas d’être entendu.
Et de fait. Les réformes économiques et sociales aussi indispensables qu’urgentes ne sont pas à l’ordre du jour et le gouvernement ne fait rien pour engager l’économie nationale sur la voie de la diversification si ce n’est la mise en place d’une « industrie » de montage automobile qui engloutit des milliards de dollars et dont l’extrême faiblesse du taux d’intégration annihile toute retombée bénéfique aussi bien pour l’économie nationale que pour le consommateur lui-même, pour ce qui est du prix des véhicules.
Pour le pouvoir politique en place, la seule préoccupation est le maintien du statu quo jusqu’à 2019 quel qu’en soit le coût économique à court, moyen et long termes, pour le pays, tablant sur le recours irresponsable à la planche à billets , sur une hypothétique revalorisation des cours du pétrole, et pourquoi pas et probablement un recours « forcé » à l’endettement extérieur, certainement à des conditions peu favorables, après épuisement des réserves de change.
La dégradation continue de la situation économique est visible dans la faiblesse de la croissance économique, la détérioration des principaux indicateurs économiques, les tergiversations dans le domaine de l’énergie face à la baisse de la production des hydrocarbures, les retards accusés en matière d’énergie renouvelable et l’opacité qui entoure la préparation de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, l’incapacité à réduire les importations du fait de la puissance des lobbies qui squattent les arcanes du commerce extérieur et à augmenter les exportations hors hydrocarbures, la détérioration continue de la valeur de la monnaie nationale ,un climat des affaires qui se dégrade du fait des incertitudes politiques, de l’instabilité juridique, de l’absence de perspectives économiques et des scandales politico-financiers qui dissuadent les investisseurs potentiels.
Cette situation est en fait, la conséquence logique de plus de quatre années d’immobilisme, de tâtonnements, de tergiversations, de revirements, d’instabilité juridique et institutionnelle, alors que les problèmes gagnent en complexité. Depuis le début de la crise, le gouvernement s’est contenté de scruter l’évolution des cours des hydrocarbures sur le marché pétrolier avant de recourir à la planche à billets, au risque de provoquer une inflation incontrôlée, une dépréciation accentuée de la monnaie nationale et une dégradation du pouvoir d’achat du citoyen (…)
La situation politique délétère et la dégradation économique ne pouvaient pas ne pas influer sur la situation sociale. Les conditions de vie de l’algérien se détériorent. Notre pays connaît une régression sociale vécue au quotidien.
L’érosion dramatique du pouvoir d’achat sous l’effet cumulé de la dépréciation de la monnaie nationale et du renchérissement du coût de la vie, risque de voir de larges franges des algériens s’enfoncer dans la pauvreté et d’autres s’installer durablement dans la précarité pendant que les clientèles du pouvoir amassent des fortunes colossales grâce aux positions monopolistiques qu’ils occupent dans les différentes sphères de l’activité économique. Cette dégradation du pouvoir d’achat du citoyen rend urgent la revalorisation du SNMG et des salaires en général. (…)
Face à tous ces mouvements sociaux, les autorités publiques, ont recours systématiquement à la force et à la violence pour réprimer toute velléité de contestation citoyenne et de revendication pacifiques de droits légitimes. Le dialogue, la concertation, l’écoute de l’autre et la négociation ne figurent pas dans le répertoire des moyens de règlement des conflits sociaux.
Pourtant, les contestataires ne sont pas des casseurs qui veulent détruire leur pays. Ce ne sont pas des citoyens qui sont manipulés par des mains étrangères ou des lobbies.
Ce sont des pères et des mères, lésés dans leurs droits légitimes, qui n’arrivent plus à subvenir aux besoins fondamentaux de leurs familles.
Ce sont des patriotes, des gardes communaux, des retraités de l’ANP, qui vivent très mal leur situation.
Ce sont des médecins résidents qui ne demandent qu’une bonne formation et de meilleures conditions pour s’adonner à leur vocation, celle de soigner les malades.
Ce sont les milliers de bénéficiaires des dispositifs ansej-cnac-angem victimes d’une politique qui visait beaucoup plus à acheter la paix sociale qu’à ouvrir des opportunités aux jeunes et qui se sont retrouvés seuls, face à leurs difficultés.
Ce sont tous ces jeunes, du Sud et du Nord du pays qui refusent qu’on leur laisse le seul choix entre la marginalisation, d’un côté, l’exil ou la harga de l’autre.
(… )Les manifestations récurrentes de nos concitoyens du Sud posent, inéluctablement, la problématique de l’équilibre régional en termes de développement économique et social. Force est de constater que les programmes spéciaux et les Fonds mobilisés jusqu’à présent n’ont eu que des impacts peu significatifs sur le développement et la croissance des wilayas du Sud et n’ont pas contribué de manière substantielle, à améliorer les conditions de vie du citoyen et à mobiliser des facteurs de développement et de production, d’où la persistance d’un chômage endémique et la difficulté d’accès aux besoins fondamentaux de base. (…)
Au risque de me répéter de session en session, je voudrais évoquer le phénomène de la harga qui prend des dimensions dramatiques, douloureuse, pénible .N’est-il pas triste d’apprendre par des médias que des jeunes qui se sont embarqués dans ces aventures périlleuses ont menacé de s’immoler par le feu, lorsque leurs embarcations ont été arraisonnées par les gardes-côtes algériens, plutôt que de revenir en terre ferme. Aussi inquiétant est le fait que la harga ne se limite plus à de jeunes chômeurs désœuvrés, elle touche des citoyens ayant une situation, qui s’embarquent avec leurs familles.
On est, dès lors, en droit de se demander ce que le pouvoir politique en place a fait de notre pays pour que ses citoyens le fuie avec tant de ressentiments. Le marasme social, la mal vie, l’absence de liberté, l’incompréhension des aspirations de la génération de l’internet par les tenants du pouvoir, le manque de perspective pour une jeunesse qui veut s’exprimer, créer, vivre son temps et son époque !
Et que fait le pouvoir pour juguler cet exode ? Le recours à un discours politique culpabilisateur archaïque qui ne prend plus et à l’arsenal sécuritaire et législatif qui est loin d’être dissuasif.
Mesdames et Messieurs,
Je viens de brosser devant vous une situation que certains peuvent considérer comme procédant d’une volonté délibérée de noircir le tableau pour des desseins de politique politicienne. Malheureusement, la situation est plus grave que je l’ai décrite.
Devant un tableau aussi peu réjouissant, devant tant d’obstacles dressés devant l’opposition, tant de pressions, d’intimidations, de chantages, allons-nous baisser les bras ?
Devant l’autisme du gouvernement et son peu de considération envers l’opposition allons-nous rentrer chez nous et regarder, en spectateurs, notre pays sombrer dans l’inconnu ? La réponse est non ! Talaie El Hourriyet, continuera à militer pour le changement pacifique, convaincu que rien n’est immuable.
Nous ferons tout, avec ceux qui partagent nos convictions, pour que le changement que nous préconisons se fasse par la voie pacifique afin de préserver de nouvelles épreuves à notre peuple.
Nous avons la ferme conviction qu’aussi grave que soit la situation, aussi désespérée qu’elle apparait, aussi complexe que sera la tâche du redressement, notre pays a encore, des hommes et des femmes de bonne volonté, des ressources et des ressorts pour rebondir.
Nous avons la ferme conviction que la crise multidimensionnelle qui affecte notre pays ne peut être dépassée, de façon durable, qu’au moyen d’un dialogue politique inclusif et bénéfique, qui place l’intérêt de notre pays et les aspirations du peuple algérien au-dessus de toute autre considération.
Nous avons la ferme conviction que l’impasse politique dont souffre le pays a atteint un seuil de gravité, sans précédent, qui met en danger les fondements de l’Etat national et interpelle tous les acteurs politiques pour un sursaut salutaire afin d’épargner à notre pays des dérapages aux conséquences d’une ampleur imprévisible sur la stabilité, la sécurité, l’unité et la cohésion de la Nation.
Il est, dès lors, du devoir aujourd’hui de tous les patriotes, de tous les courants politiques, et nous savons qu’ils existent dans toutes les institutions de l’Etat ,de l’opposition dans sa diversité, des personnalités politiques nationales, des représentants de la société civile, pour former un seul front pour la sauvegarde de l’Algérie, loin des intérêts partisans, des considérations idéologiques, des aspirations catégorielles, pour promouvoir l’idée d’un dialogue inclusif pour une sortie de crise consensuelle.