Dimanche 29 avril 2018
La désignation élective présidentielle d’avril 2019 (III)
Les Algériens vont voter sur le portrait de Bouteflika en 2019
Il est évident que la succession présidentielle va structurer la vie politique nationale jusqu’au dénouement d’avril 2019, quoiqu’en pensent les prétendants au graal et leurs cervidés, qui sont déjà en ordre de bataille (1) avec l’installation officielle de « la commission de rédaction du bilan des réalisations des quatre mandatures » par D. Ould-Abbès, pour justifier l’utilisation des quelques « 1.000 milliards de dollars, engrangés par notre pays depuis 1999 » ! Mais la première pierre de cet édifice, c’est très certainement la question de l’état de santé du Président elliptique et de ses capacités physiques et intellectuelles à assurer ses missions constitutionnelles, question qui d’ailleurs se pose depuis son AVC, tant au niveau national qu’à celui international (2). Et pour répondre à cette question, rien ne vaut l’expertise d’un médecin déformé en ex-RDA (3) et d’un ludovicien (4) qui, tels des phénix, renaissent de leurs cendres, « au bon moment » à l’instar des rois mages en Galilée (5). En effet, ils affirment, tour à tour et en duo, que chef de l’Etat est “en possession de ses moyens intellectuels”.
Plus encore, L. Brahimi (6) martèle que “le président de la République est au courant de tout ce qui se passe dans le pays” aussitôt relayé par D. Ould-Abbès qui confirme que le Président est “au courant de tout” et suit “au moindre détail” tout ce qui se passe dans le pays ! Mais, comme pour s’en convaincre lui-même, L. Brahimi (7) enfonce le clou en déclarant, dans Algérie diplomatique, que le Président est « le seul décideur » dans le pays… et qu’«il jouit de toutes ses facultés mentales et intellectuelles. Sa mémoire est très forte et c’est lui qui me rappelle, parfois, des dates et des personnes. Hormis sa voix éteinte, il est en bonne santé. Il gouverne, gère et suit les dossiers et les affaires du pays » ! Une question se pose : Qui, de L. Brahimi et de D. Ould-Abbés ou du Président A. Bouteflika, a la santé la plus dégradée ? La réponse est évidente mais là n’est pas la question. Ces deux acolytes en déduisent, en cœur, que le pouvoir n’est donc pas vacant et en conséquence, ils suggèrent qu’un cinquième mandat ne peut être que salutaire pour l’Algérie… pour eux-mêmes et pour les intérêts qu’ils représentent !
Le scénario devient donc récurrent, à chaque fois que le Président disparaît peu ou prou des radars médiatiques, pendant une durée jugée inquiétante, des « personnalités externalisées » lui rendent une « visite de courtoisie » à durée variable puis rassemblent la presse pour lire son bulletin de santé et rassurer le peuple. « Tout va bien dans le meilleur des mondes » ! A part que cette fois, un des deux oracles est sorti des « sentiers battus » et a développé un argumentaire en la forme d’un réquisitoire, pour détruire toutes les critiques au 5éme mandat, qui montent dans les oppositions, dans l’opinion publique nationale et surtout internationale.
En effet, L. Brahimi commence par l’essentiel, à ses yeux, à savoir l’institution militaire (corps de bataille et services de sécurité) en déclarant de manière péremptoire « qu’actuellement A. Bouteflika est le dirigeant réel du pays et il est le chef des forces armées » en ajoutant qu’« avec sa décision d’éloigner l’ancien chef d’état-major, le général M. Lamari et l’ancien chef du DRS, le général de corps d’armée M. L. Mediene dit Toufik (8), il a mis en place les bases d’un état civil et il a prouvé qu’il était le Président réel avec toutes les prérogatives dont ne jouissaient pas les autres Présidents ». Cependant, il ne pipera pas un seul mot sur l’actuel vice-ministre de la défense et chef d’état-major, grâce à qui cette opération a pu se réaliser (9)… avec succès ! A suivre son raisonnement, ce dernier n’aurait absolument aucun poids politique ni dans l’exercice du pouvoir actuel et encore moins dans la succession anticipée ou à terme. Dont acte ! Lorsqu’il évoque l’« état civil » mis en place par l’actuel Président, L. Brahimi évite d’aborder sa nature et la manière dont il est exercé, en termes de liberté individuelle et collective, de légitimité populaire, de démocratisation des institutions, d’existence réelle de contrepouvoirs et d’éradication des passe-droits et de la corruption. Sa définition implicite de l’« état civil » est donc un simple transfert de pouvoir de l’institution militaire à une institution civile oligarchique, incarnée par le seul Président de la république, qui détient, sans partage, tous les pouvoirs (10). Cela ressemble étrangement à une version moderne d’un pouvoir Caïdal qui a imprégné son enfance et sa jeunesse (11) et que notre pays a vécu durant les colonisations ottomane et française.
Au niveau géopolitique, L. Brahimi s’aventure en développant, dans son intervention, une version très archaïque des relations internationales (12) mais n’oublie pas d’absoudre le Président A. Bouteflika (et lui-même, en même temps) du contentieux algéro-marocain, tout en stigmatisant l’institution militaire avec des arguments pour le moins ubuesques, lorsque l’on sait le nombre d’années que ces deux personnes ont passé à la tête de la diplomatie algérienne ! Enfin, plaider la simple « réouverture des frontières terrestres » (13) avec le Maroc, comme stratégie diplomatique, quand on connaît la complexité et la densité du dossier, est pour le moins déséquilibré mais néanmoins affligeant, quand on sait que c’est exactement là où le Maroc et son allié français, veulent nous conduire, alors que l’UE considère que les émeutes du « pain » des régions frontalières (le Rif) sont plus dangereuses pour leur sécurité, qu’une « guerre régionalisée » (14).
En outre, si d’aventure cette posture venait à être mise en œuvre, elle consisterait, pour notre pays, à abandonner, ipso-facto, tous les principes et la doctrine qui ont forgé et nourri notre politique étrangère, depuis la guerre de libération nationale jusqu’à aujourd’hui et à occulter les problèmes multiples que pose la cohabitation frontalière avec le premier producteur au monde de cannabis (15) ! L. Brahimi (16) est donc venu porteur de la feuille de route, que les puissances étrangères, qu’il représente, exigent du Président A. Bouteflika, pour qu’elles acceptent son cinquième mandat, sachant pertinemment qu’il a excellé, dans ce genre d’exercice de médiation, durant des années. Nous sommes donc fondés à nous poser des questions pour savoir si les intérêts, biens compris, de notre pays, sont pris en compte, à moyen et long terme, par cette feuille de route ? Quelles sont les garanties promises aux puissances étrangères (17), en contreparties de la mise en œuvre cette feuille de route ? Qui en sera le premier bénéficiaire et quels seront les impacts géopolitiques, économiques et sociaux pour notre pays et dans la région ? Ces questions et bien d’autres, méritent un détour, du côté de… l’Ile Saint-Louis (18).
La seconde pierre angulaire obligatoire dans l’édifice scénique pour que se joue la partition de la désignation élective d’Avril 2019, c’est « la présence physique sur le terrain », du Président de la république, afin de préparer une campagne électorale d’où il sera physiquement absent, scénario politique unique au monde, où un candidat ne faisant ni campagne ni discours se présente aux élections et est assuré de les gagner ! Pour cela, il va se contenter de désigner, parmi sa clientèle, ceux qui sillonneront le pays (et l’étranger) pour porter son message électoral en vue du cinquième mandat gagné largement, à n’en pas douter (19). Dans le montage scénique de cette « pièce théâtrale réelle », il est programmé un certain nombre de visites dites « d’inspection et de travail » situées dans la couronne algéroise (à l’instar de celle effectuée au métro d’Alger et à la Mosquée Ketchaoua…) de manière à ancrer des images subliminales, dans le conscient collectif de la population, d’un Président actif, sain de corps et d’esprit et donc… éligible à un autre mandat ! Ce qui a été considéré comme des maladresses imputées, qui à F. Ksentini, B. Tliba, M. Benzaim et même celles feintes de D. Ould-Abbès, dans l’annonce prématurée de la candidature du Président (20), n’est plus d’actualité aujourd’hui… le « coup étant déjà parti » on se passera de l’effet de surprise. Il s’agit maintenant de le rattraper, sans faire d’erreurs ni dans le casting ni dans le déroulement séquentiel du processus (21), jusqu’à l’annonce de sa victoire, par le Conseil constitutionnel, pour une cinquième mandature.
Le troisième étage de la fusée électorale se construit autour du bilan des quatre dernières mandatures, que doit réaliser D. Ould-Abbès « en interne ». En effet, il vient de déclarer que « des rapports de toutes les mouhafadhates du parti, étayés de ceux émanant d’institutions officielles et d’experts » ont été présentés à la Commission de rédaction pour être exploités dans l’élaboration d’un document sur les réalisations du Président Bouteflika de 1999 à 2019 ». Il a annoncé « la tenue d’une réunion élargie pour la lecture de la première mouture de ce document qui sera transmis au Président Bouteflika puis au Comité central du parti… avant le Ramadan prochain » ! Enfin, il conclut que « les réalisations enregistrées constituent une motivation supplémentaire pour apporter au Président A. Bouteflika un soutien fort, afin de poursuivre et parachever son programme de développement et de réformes, base solide pour l’application de la nouvelle feuille de route 2020-2030 », qui sera d’une « authenticité à toutes épreuves » (22).
Sauf que le SG du FLN oublie, qu’une fois ce rapport établi et publié, il risque de se retourner contre ses concepteurs et remettre en cause, très gravement, la candidature présidentielle, elle-même. En effet, il est de notoriété publique que chacune des réalisations (projets d’investissement du programme du Président de la république), contenue dans ce bilan est entachée d’une affaire de détournements, de mauvaise gestion voire de corruption, plus ou moins importante, qui a fait l’objet d’un procès devant la justice algérienne ou à l’étranger sans compter celle encore en cours d’instruction. En outre, des personnes physiques et morales, proches du clan présidentiel ou affichées comme telles, sont incriminées dans ces différentes affaires, ce que les oppositions ne manqueront pas de stigmatiser. Faut-il donner quelques exemples pour nous en convaincre ? Dans le secteur du BTPH, fer de lance du « programme économique du Président de la république » des scandales financiers (détournements et ou corruption) ont fait l’objet de procès retentissants et continuent encore de le faire, dans quasiment tous les projets du secteur, comme le projet d’autoroute Est-Ouest, fleuron des quatre mandatures, qui a vu toute la hiérarchie du commandement ministériel être trainée devant les tribunaux, à l’exception du Ministre, pendant que les corrompus et les corrupteurs se pavanent à l’étranger.
Les scandales à l’ENPI, principal donneur d’ordre dans la réalisation de logements, ont défrayé la chronique. Enfin, les malversations dans l’affaire de la réalisation de l’aéroport par l’ENNA bouclent une partie de la liste ! Faut-il rappeler l’échec de la politique d’élimination de la forte dépendance aux hydrocarbures et les procès de Sonatrach I, II, III… qui ont décapité l’encadrement de l’entreprise et provoqué le départ du ministre de l’énergie. Doit-on déterrer l’affaire ENI Saipem, jugée en Italie, celle relative à BRC, avec ses ramifications à l’international (jugée au tribunal militaire de Blida) et la construction d’usines d’ammoniacs, par le conglomérat espagnol Fertiberia (Villar Mir) ou encore celle de SNC-Lavalin et son contrat avec Sonelgaz. Faut-il revenir sur l’affaire Khalifa (et ses complicités), sur celle de la BNA, sur les dilapidations des financements effectués par les banques publiques (BEA et CPA) et ceux effectués dans le cadre du FNDA, les détournements du foncier agricole, industriel et résidentiel…
Dans la téléphonie, peut-on oublier l’affaire du rachat de Djezzy du groupe Sawaris qui se terminera par des poursuites devant les tribunaux suisses, ainsi que le nombre de PDG d’Algérie télécom, jetés en prison. La liste est encore très longue et la tentative de justification des 1.000 Milliards de US$ engloutis durant les quatre mandatures, semble une entreprise à double tranchant et il faudra bien du talent, à ceux qui ont été désignés pour la confection de ce rapport, pour ne pas transformer, cette œuvre de prosélytisme et de propagande électorale, en un véritable réquisitoire à l’encontre de vingt ans de gestion, sans partage, du clan présidentiel, que le peuple aura enfin entre les mains et qu’il pourra réellement juger (23) !
Le dernier étage de la fusée électorale, se trouve dans le logiciel en charge de gérer une défection de dernière minute (naturelle ou provoquée) et qui nécessiterait un « plan B ». Maintenant que la candidature du Président est quasi certaine, désirée par lui ou par son clan, et après que les fausses rumeurs relatives à sa non candidature (24) ne se soient éteintes par cela même qui les ont propagées, il va falloir obtenir une « moubayaa générale et inconditionnelle » de tous les clans, y compris ceux opposés à sa candidature (25). Il est donc temps de passer à l’ingénierie de détail de la cinquième désignation élective présidentielle d’Avril 2019, saupoudré avec des partis alibis qui se feront payer chèrement leur participation, comme d’habitude. Le choix des équipes et des hommes devient, dès lors, une séquence incontournable, avec toujours les mêmes techniques, qui consistent à procéder à des « retouches » à doses homéopathiques, de manière à toujours maintenir des équilibres précaires pour conserver la haute main sur le pouvoir décisionnel, tout en déstabilisant l’adversaire par l’imprévisibilité des décisions. Le dernier « remaniement ministériel », par exemple, entre dans le cadre de cette démarche rusée qui consiste à faire croire l’inverse de ce que l’on fait en réalité. En effet, seul un handicapé politique n’arrive pas à comprendre que ces retouches sont dirigés, avant tout, contre le Premier ministre et ceux qui le soutiennent à la marge.
En effet, A. Ouyahia n’a obtenu aucune des propositions de ministres qu’il a demandé pour pouvoir « gérer » son propre gouvernement mais, en plus, tous ses alliés ont été éliminés et ses adversaires ont été consolidés (26) ! Mais, là où certaines analyses politiques et autres personnages bien-pensants, se trompent, du tout au tout, c’est lorsqu’ils affirment que « le maintien du Premier ministre est un signe de consolidation de son pouvoir » ! En fait, A. Ouyahia, « l’ennemi intime » du Président, est devenu un fusible, entre ses mains, qu’il utilisera, le moment voulu et notamment, si la situation économique et sociale se détériore significativement, avec des émeutes généralisées. D’un autre côté, « libérer » le Premier ministre de sa charge, dans l’immédiat, serait considéré comme un désaveu de la politique économique menée par A. Ouyahia au nom du Président de la république !
C’est donc prendre le risque de discréditer le Président lui-même et laisser le Premier ministre aller rejoindre, ouvertement, le clan de tous ceux, nombreux dans la classe politique, qui souhaitent, en silence, une autre alternative que celle d’un cinquième mandat ! C’est, de loin, le scénario le plus périlleux et le plus dangereux pour le clan présidentiel car dans ce cas d’espèce, il devra forcément déboucher sur des règlements de comptes sanglants et dévastateurs, pour le clan présidentiel et ses alliés, de manière à purger vingt années de pouvoir absolu. Cette éventualité, nous l’avons vécu après le départ de H. Boumediene, celui de C. Bendjedid et de L. Zeroual, avec ses charrettes de personnages livrées à l’échafaud réel ou symbolique. Maintenir le Premier Ministre, dans cette position d’ »équilibre instable » tout en lui faisant caresser le rêve de figurer en pool position des successeurs éventuels, à la présidence, parait la posture la plus rusée, du clan présidentiel, pour ne jamais perdre l’initiative politique sur les autres clans et sur les partis de la coalition présidentielle, qui sont toujours prompts à soutenir le plus fort (maa el-ouakef) et à développer leurs capacités de nuisance, à la demande.
Les manœuvres réelles ont débuté, un peu trop tôt, pour le clan présidentiel. Il y a manifestement une volonté de crédibiliser la prochaine élection présidentielle, considérée par certains partis politiques comme jouée d’avance. Il y a manifestement une volonté de crédibiliser la prochaine élection présidentielle, considérée par certains partis politiques comme jouée d’avance. Mais il faudra faire avec, dans une bataille où tous les coups seront permis. Tentons d’en comprendre l’accomplissement de cette orthopraxie.
M. G.
Notes
(1) Toutes les « rock stars » ont été mobilisées, par D. Ould-Abbés, dans une « commission » pour dresser le bilan divin de vingt ans de gestion idyllique de notre pays par le Président elliptique, pour préparer la campagne du 5éme mandat. Cette commission se transformera, dès le début de l’année 2019, « en une instance nationale de suivi des programmes du Président pour la période de 2020-2030 !». Pour Saïd Sadi « il ne faut pas se leurrer, sauf miracle, pourvu qu’il advienne, c’est parti pour un cinquième mandat ».
(2) La France est le seul pays au monde qui connaît parfaitement l’état de santé du Président A. Bouteflika puisque ce dernier s’est fait soigner à l’hôpital militaire du Val de Grace puis à celui de Grenoble où est installé son médecin traitant.
(3) Se prétendant Moudjahid et condamné à mort, médecin (certains disent brancardier) formé en ex République Démocratique Allemande, D. Ould-Abbés nous a certifié à plusieurs reprises que le Président « allait marcher de nouveau, sous peu » ! Attendons et prions.
(4) Descendance capétienne prouvée du roi Louis IX (dit Saint Louis) de descendance ludovicienne. La dynastie capétienne est considérée comme la plus ancienne dynastie des rois de France. Les habitants de l’île Saint-Louis (île située sur la Seine, dans le 4e) sont les Ludoviciens.
(5) Traditionnellement on nomme Rois mages les visiteurs figurant dans un épisode de l’Évangile (selon Matthieu) qui ayant appris la naissance de Jésus, viennent « d’Orient » guidés par une étoile pour rendre hommage « au roi des Juifs » et lui apporter à Bethléem des présents d’une grande richesse symbolique : or, myrrhe et encens. Les Rois mages sont célébrés le 6 janvier, jour de l’Épiphanie.
(6) Selon Mokdad Karoui, L. Brahimi est natif de Birghbalou, en 1934, près de Tablat, dans la Wilaya de Médéa. Il est fils de Caïd et a étudié en France. Il débute une carrière d’ambassadeur dès l’indépendance de l’Algérie (Indonésie, Royaume-Uni, Egypte, ligue arabe). Il sera Secrétaire Général puis Ministre des affaires étrangères et représentant spécial des Nations-Unies. Il sera fait Docteur honoris causa de la faculté de Sciences Politiques de Paris (France).
(7) Selon certaines indiscrétions, L. Brahimi fait parti des rares résidents de l’île Saint-Louis qui comptait 2.426 habitants en 2013. Le palais de l’Élysée, situé au no 55, rue du Faubourg-Saint-honoré (8e), n’est pas très loin.
(8) N. Beau considère qu’A. Bouteflika « a réussi sur une période s’étalant sur 16 ans à laminer l’islamisme politique. Après les avoir utilisés, divisés et combattus, en maniant avec brio la tactique de la zizanie, la manipulation et les fausses alliances pour les affaiblir. Le Président a su avec eux comme avec le DRS (services secrets) du général Toufik jouer à l’étrangleur ottoman et a été finalement leur fossoyeur ».
(9) Mettre fin à l’influence de l’institution militaire dans le pouvoir par l’entremise de son nouveau commandant qui cumule, pour la première fois dans son histoire, la charge de Vice-ministre de la défense et chef d’état-major, semble être la voie royale pour atteindre un « état civil » !
(10) Les dictateurs habillés en tenue civile ou en tenue militaire, restent des dictateurs dans l’exercice du pouvoir. L’illusion d’un « pouvoir civil » où l’institution militaire n’aurait plus droit au chapitre est une autre régression, peut-être encore plus pernicieuse, selon M. Benchikou.
(11) Durant la colonisation, le caïd, assisté de khojas, est un fonctionnaire placé à la tête d’un douar. La France a consacré cette fonction puis elle y a mis fin par les arrêtés du 20 Mai 1868 et du 24 novembre 1871. Elle réapparait sous l’appellation adjoint municipal indigène dans le décret du 24-12-1870 et les arrêtés du 13 avril 1898. Enfin, elle prend le titre de caïd dans les décrets du gouvernement général en février et août 1919. Le Caïd a une fonction de police : renseignement de l’autorité municipale, recouvrement de l’impôt, contrôle de l’état civil des musulmans. Ils sont recrutés dans les familles aristocratiques ou parmi les anciens militaires. Les plus célèbres sont les caïds Saïd Ben Ahmed Abbas, Hadj Ben Sadok et le bachaga Boualam…
(12) Ses thèses reposent sur le rapport de force construit à Yalta et n’intègre ni les derniers événements saillants (sommet de Malta, chute du mur de Berlin, guerres du Golf et attentats de New-York) ni les institutions et les acteurs nouveaux (Chine, le terrorisme, l’Otan, les BRICS…). C’est pour cela qu’il a été mis fin à ses fonctions onusiennes.
(13) Il ne faut pas oublier que les frontières aériennes et maritimes demeurent toujours ouvertes et que le commerce algéro-marocain, statistiquement, a augmenté depuis le fermeture de la frontière terrestre.
(14) Al-Quds Al-Arabi affirme que la hantise de Bruxelles « sont les soulèvements sociaux au Maroc. Ils peuvent être plus dangereux qu’une guerre entre Rabat et le Front Polisario». Ce conflit « n’affectera pas non plus l’approvisionnement en énergie de l’Europe… ni n’entrainera des exodes importants de populations vers l’Europe… et les dommages collatéraux seront donc quasiment nuls ». L’Union européenne pense même que le Maroc est en train de bluffer. Les Européens sont beaucoup plus attentifs à l’évolution de la situation dans le Rif et à Djérada car «des soulèvements du pain sont plus dangereux pour la sécurité de l’Europe».
(15) Ce trafic est évalué par l’UE à un « chiffres d’affaires » de quelques 2 Milliards de US$ par an.
(16) L. Brahimi (une des rares personnalités qui rencontre régulièrement A. Bouteflika) n’a pas tari d’éloges sur les réalisations du ministre de la Justice T. Louh, faisant d’une pierre deux coups.
(17) N. Beau affirme que « le général Tartag est en tournée dans les émirats du Golfe (Dubaï et Abou Dhabi), « aussi pour vendre » la candidature de Saïd Bouteflika aux héritiers du cheikh Zayed, avec lequel A. Bouteflika, lorsqu’il était en exil, avait noué des liens durables. Des sondages posent des questions sur de hauts responsables politiques algériens pour connaître l’opinion générale qui se dégage par rapport au pouvoir. Sont notamment cités les hauts gradés de l’ANP, le chef du gouvernement, le frère du Président. D’autres questions concernent les choix politiques, notamment la décision du président Bouteflika de se porter candidat à sa propre succession, sont posées.
(18) L’ambassadeur de France à Alger ne s’embarrasse pas des règles protocolaires pour faire monter les enchères publiquement. En effet, il tire sur les personnalités du pouvoir qui, selon lui, utilisent divers circuits mafieux pour consolider leurs privilèges indus. Les menaces et autres représailles sont donc à peine déguisées pour manifester son mécontentement et celui de la France qui entend peser, de tout son poids, sur les présidentielles.
(19) Juste pour l’humour, on peut, d’ores et déjà, se prononcer sur les scores qui vont être affichés, dès le premier tour. L’essentiel portera essentiellement sur un niveau de participation crédible (entre 50 et 55%) et une victoire, à la Pyrrhus (roi des Molosses), se situant entre 70 et 80%, selon le souhait présidentiel !
(20) En fait, il ne s’agit pas de maladresses mais d’une volonté de forcer la candidature du Président (même contre sa propre volonté et de celle de sa famille), au cas où ils auraient la mauvaise idée de ne pas rempiler et d’aller s’installer dans un pays d’accueil sûr (dans un pays du Golf). En effet, tous les oligarques et autres apparatchiks qui ont profité des largesses du pouvoir, en accumulant des fortunes colossales, considèrent que l’actuel Président représente leur unique garantie de conserver leur fortune et leurs privilèges, sans avoir à rendre de comptes à quiconque ni pour le passé ni pour le présent. Quant à l’avenir, ils le construiront… avec lui.
(21) D. Ould-Abbés a déclaré « j’ai appelé à la continuité, pas au 5e mandat ! » tout en réaffirmant que « son parti n’a pas appelé à un cinquième mandat, mais à la continuité ». Enfin, il ajoute « je n’ai fait que transmettre les doléances de la base militante (qu’il évalue à 700.000). La décision finale revient au président ».
(22) L’histoire se répète, puisque C. Bendjedid, a usé du même stratagème suites aux émeutes d’Octobre 1988, à travers les réseaux du FLN. La suite, nous la connaissons !
(23) Si ce document venait à être confectionné, la population aura, pour la première fois, depuis 1999, la possibilité de juger sur pièce les quatre mandatures. La comparaison entre ce document et la réalité vécue, va certainement entrainer un gap politique dont nul ne peut mesurer l’ampleur et la réaction qu’il va susciter.
(24) Algérie patriotique «fait état de rumeurs incessantes et persistantes, sur un éventuel refus de la famille d’A. Bouteflika de cautionner un nouveau mandat ». Cette nouvelle ruse a pour seul but d’entretenir un « doute évident » sur le 5e mandat. Les annonces prématurées ont chamboulé l’agenda du clan présidentiel. Il est donc impératif de commenter abondamment les leurres comme celui de la Fête de la victoire : « La scène politique doit connaître une diversité, une confrontation de programmes dans la course au pouvoir ». Certains y voient comme un message d’abdication !
(25) On prête à A. Belkhadem l’outrecuidance de mener une campagne clandestine, afin de récupérer le FLN comme base arrière de manière à se présenter à la présidentielle. Affaire à suivre !
(26) Ponce Pilate n’a pas hésité à crucifier Jésus de Nazareth et à libérer Bar Abbas, au nom du peuple juif, incité par les gardiens du Temple, tout en rejetant sur eux, la responsabilité de sa décision.