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Etre président dans une république, ce n’est pas transmettre des lettres !

Tribune

Etre président dans une république, ce n’est pas transmettre des lettres !

« Les pauvres qui veulent ne faire société qu’avec les riches sont haïs de ceux qu’ils abandonnent et méprisés de ceux qu’ils veulent imiter. » Oliver Goldsmith

« N’imitez rien ni personne ; un lion qui copie un lion devient un singe. » Victor Hugo 

« En voulant imiter la démarche de la perdrix,  le corbeau a du coup oublié sa propre démarche. » Proverbe algérien

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Appréhendant  des lendemains difficiles, certains partis politiques, pour préparer le terrain, lancent des appels à un 5eme mandat pour Bouteflika ; et des esprits « bien éclairés » leur ont emboîté le pas. C’est clair, qu’Ils ne le font nullement pour l’avenir de l’Algérie, mais davantage pour maintenir le statu quo et brouiller les cartes afin de préserver leurs privilèges.

Certains « experts » techniques sont aussi, brusquement sortis de leur torpeur pour voler au secours du pouvoir, défendre le bilan présidentiel et justifier ses carences.

Ils étalent leur « connaissances » et veulent nous faire admettre tacitement que cette bérézina n’est due qu’à certaines lacunes, et que dans l’ensemble il y a eu un progrès énorme grâce à Bouteflika !!

Que les solutions, pour sortir de cette impasse « passagère », sont purement techniques ; et qu’avec quelques réformettes économiques  à la hussarde et un sacrifice (toujours) du peuple tout rentrera dans l’ordre.

Pourquoi avoir attendu alors tout ce temps et ne pas avoir appliqué ces solutions miracles auparavant ?

Implicitement, ils disculpent ce pouvoir oligarchique. En clair, ce n’est nullement sa responsabilité mais celle de la conjoncture et des algériens. Et que le maintien du président actuel pour un autre mandat est vital pour la réussite de « leurs réformes » et la stabilité du pays. Ah le fameux changement dans la continuité !

Comme disait A.Einstein : « C’est de la folie de penser qu’en faisant tout le temps la même chose vous pouvez obtenir des résultats différents ».

Si le président n’a pas réussi à relancer l’économie quand tout lui était favorable et que le prix du baril de pétrole était élevé, comment pourrait-il le faire dans les conditions actuelles ?

L’Algérie continue à importer tout  et à n’exporter pratiquement rien en dehors des hydrocarbures.

C’est ça le bilan du président Bouteflika. Ils ont oublié qu’il est là depuis 20 ans , et que depuis sa venue (1999)  tout a régressé. On assiste à des dérives autoritaires graves, et à des restrictions drastiques des libertés fondamentales: liberté d’opinion, d’expression de la presse syndicale, d’association, du culte etc. La corruption a gangrené le système, s’est généralisée, et est devenue endémique. Rien ne peut être fait sans elle.

Ces prestidigitateurs de la politique  font croire qu’en éludant les vraies causes on peut les résoudre et aller de l’avant. Mais vers où ? Alors  qui est réellement responsable d’une telle situation ?

D’abord, disons-leur que les causes de cette débandade sont politiques avant d’être techniques. Il faut être honnête avec soi-même et commencer par le commencement. Pour cela, certaines conditions (politiques) préalables sont nécessaires  avant de passer aux solutions techniques.

Il faut instaurer un Etat de droit, avoir un Président « présent » et qui parle , et ensuite discuter  du projet économique. Mais dans notre cas (Algérie), c’est la déliquescence totale de l’Etat.

Depuis la maladie du président, le pouvoir est devenu diffus, les décisions importantes sont reportées et la procrastination a été  érigée en mode de gouvernance. La société est livrée à elle-même, dépitée, minée par le doute et le désarroi ! Déçue, elle a donc rompu avec le politique et ne lui fait plus confiance ; car convaincue que tout est biaisé (élections, projets etc.).

D’autant plus que le pouvoir  entretient avec elle un rapport de maitre-sujet, et ne veut nullement qu’elle soit autonome ; mais tributaire de lui en tout, afin qu’il puisse mieux l’asservir, la contrôler (c’est son obsession) et anticiper ses réactions. Un chef de gouvernement n’a-t-il pas dit un jour : pour  que ton chien te suive, affame-le !

Nos grands « experts » sont-ils naïfs à ce point ? Ou se moquent-ils du peuple, en échafaudant des plans et proposant des « solutions » pour  sortir le pays de cette impasse alors que tout est verrouillé et aux mains d’une oligarchie gérontocratique, et qu’eux-mêmes n’ont absolument aucun pouvoir décisionnel et ne représentent rien!

Il ne faut pas se voiler la face la cause est là, palpable, devant nous. Que peut faire un pays aux mains d’un  président grabataire et de gérontocrates (gardiens du temple) qui l’ont pris en otage ?

Nos « experts » ne  savent-ils pas que rien  ne se « fait » sans Bouteflika ! C’est-à-dire dans la situation actuelle « rien ».Tout est sclérosé, fossilisé. Lets wait ans see.

C’est comme  s’adresser en plein vol aux passagers et leur parler d’aéronautique, de destination etc. alors que l’avion vole en pilotage automatique et que le pilote est mort depuis longtemps .

Une question mérite quand même d’être posée: comment sommes-nous arrivés là ? Comment un président qui n’a plus la  capacité de gouverner continue de diriger le pays ? 

Messieurs, On ne préside pas à la destinée d’une nation en ne quittant pas son lit, et en s’adressant au monde « extérieur » qu’à travers des messages lapidaires rédigés par son entourage ?

Etre président dans une république, ce n’est pas transmettre des lettres, recevoir en cachette, avec simulacres et montages ses hôtes. C’est être actif, représenter dignement son pays et défendre ses intérêts partout dans le monde, rendre compte à son peuple.

Etre président ce n’est pas faire pitié et être plaint. C’est aussi être en très bonne santé, fort ; c’est la fonction qui l’exige et surtout dans la conjoncture mondiale actuelle !

Tout cela, a fait que les présidents des grands pays évitent de venir en Algérie, surtout depuis le fiasco de la visite de Mme Merkel , la chancelière allemande !

L’Algérie vit recluse, renfermée sur elle-même depuis plus de 5 années. Elle est devenue le pays des «hauts fonctionnaires politiques » qui s’adonnent aux affaires, complotent, palabrent sur tout mais ne décident de rien. En fin de compte le temps s’est arrêté et n’a plus d’importance !

Le bon sens et la décence auraient voulu que le président ne s’agrippe pas au trône jusqu’à l’agonie mais parte  se soigner et se reposer. Il est très malade (et nous ne réjouissons pas) et dans l’incapacité de diriger le pays.

Dans quel pays voit-on de tels dithyrambistes qu’en Algérie ? Sans honte, devant toute la planète, et dans une république, ils s’adonne à des pratique dégradantes pour un humain : ils pavoisent et  le clament haut et fort que le président est un génie, en très bonne santé, que sans lui l’Algérie n’est rien, et qu’il « doit » encore rempiler pour un cinquième mandat ! Cela relève du domaine de la psychanalyse. Car on est en pleine culte de la personnalité. Et dans un pays qui se dit musulman !

Y a-t-il plus folie que ça ? C’est hallucinant ! Indigne ! Une telle déchéance de l’être!

Dans ce cas de figure (un cinquième mandat), et tout le monde le sait : le président  ne sera que l’ombre de lui-même, un simple « portrait » pour eux .Disposant de pareille couverture ,Ils pourront à leur guise,  continuer ce qu’ils ont entamé : dilapider le peu de richesses qui restent encore.

Cela  arrangera  également les intérêts des pays  qui soutiennent cette option.

Mais, ce sera le mandat de trop ! L’Algérie ne sera que plus pauvre,  régressera partout (éducation, santé, recherche, etc.) et risque de ne plus se relever. Et le fondamentalisme religieux avec tous ses corollaires  s’installeront durablement. Les conditions sont déjà réunies .Et la nature a horreur du vide.

Il faut avoir le courage de l’écrire un jour, pour que les générations futures le sachent : cela est arrivé parce que tous ces partis politiques , ces gens sans vergogne l’ont voulu ;et qu’une grande partie de la société  tétanisée par la peur a tout simplement abdiqué, en optant pour une certaine stabilité immédiate et éphémère à un changement mais combien payant pour un avenir pérenne !Chacun de nous porte une part de responsabilité.

Ou sommes-nous comme ces prisonniers que nous décrit Platon dans son allégorie de la caverne ? Avons-nous peur de voir la lumière ? De regarder la vérité en face ?

Ou comme l’a écrit Benjamin Franklin : « Ceux qui abandonnent une liberté essentielle pour une sécurité minime et temporaire ne méritent ni la liberté ni la sécurité. »

Alors messieurs cessez de tromper le peuple (pour justifier cette funeste option)  en brandissant, comme chantage, l’épouvantail de la peur du printemps arabe et du terrorisme. Car c’est en restant au pouvoir et en maintenant ce président  pour un 5e mandat qui mènera inexorablement vers l’un des deux scénarios.

1- On ne peut lutter pas contre le terrorisme et ses racines 

En entretenant et cultivant l’extrémisme religieux  et en s’accointant avec les sponsors du terrorisme mondial telle l’Arabie Saoudite .Car tout un chacun sait que ce pays  sponsorise l’extrémisme religieux (wahhabisme) dans le monde, et a pour objectif de déstabiliser aussi certains pays musulmans (particulièrement  l’Algérie).Et le vrai rempart contre le terrorisme c’est le peuple lui-même ,quand il est libre, conscient, éduqué, politisé et ouvert au monde ;mais jamais un pouvoir autocratique même avec toutes ses forces réunies.   

2- On ne peut éviter ce printemps arabe tant craint

En continuant à gouverner de la sorte ,en méprisant son propre peuple et en lui imposant un  cinquième mandat pour un président déjà absent, qui « dirigent » l’Algérie selon ses caprices, ses humeurs, sa santé et qui n’est obsédé que par une chose : mourir sur le trône. Et c’est ce genre de gouvernance qui a conduit à la chute finale des despotes arabes : Ben Ali, Gueddafi, etc.

Rien ne peut être fait tant que ce système continuera dans son entêtement mortifère qu’est la fuite en avant et qui conduira l’Algérie vers une catastrophe plus que certaine !

Ces dernières années, suite à la maladie du Président, ce pouvoir s’est englué davantage dans ses règlements de comptes, ses intrigues de palais et  la corruption , et est devenu incompréhensible, imprévisible et sans aucune cohérence même pour ses « amis » étrangers ; au point que certains médias occidentaux  n’hésitent pas à le classer comme le pays le plus mystérieux du monde .

En ces moments difficiles, l’Algérie n’a pas besoin de gens qui récitent des leçons apprises par cœur et mal assimilées, mais de gens engagés, courageux, innovateurs, créateurs et non conformistes pour que les choses changent.

De par sa superficie, elle est le plus grand  pays d’Afrique et du bassin méditerranéen. Mais elle reste un géant aux pieds d’argile !

D’autant plus que maintenant l’Algérie au lieu de regarder ses propres intérêts et suivre sa propre voie  tournée vers le construction d’un Etat de droit, moderne et démocratique ,s’est pliée à tous les desiderata (approbation entre autres des résolutions contre l’Iran, Yémen, Liban etc)  de l’Arabie saoudite  qui profite du contexte actuel et de la faiblesse de ce pouvoir ,

D’ailleurs pour corroborer cela un colloque  de l’extrémisme et de l’intolérance s’est tenu le 30/12/2017  au centre de la culture à Alger parrainé par l’Etat algérien et  ou les héros de la révolution ont été traînés dans la boue et traités de traîtres ! Certains intervenants, poussant le mensonge jusqu’à falsifier l’histoire en faisant passer la révolution du 1er Novembre comme  une révolution islamique !!! !Ils n’auraient jamais tenu de pareils propos  du vivant de Mohamed Boudiaf, témoin de l’histoire et acteur du déclenchement de la révolution.

Qui a cru que l’Algérie permettra un jour à des extrémistes religieux, sponsorisés par l’Arabie saoudite, d’insulter la mémoire de ses propres  héros ?

Si ce n’est la démission de ce pouvoir qui, pour se maintenir pour un 5e mandat, se prostitue à ce point en s’appuyant sur les forces les plus rétrogrades de la société qui prônent le fondamentalisme religieux pourquoi ce silence si assourdissant du ministère des Moudjahidines ?

Ce pouvoir instaure sournoisement  une « république » de l’intolérance, de l’exclusion et de la haine. Qu’en sera-t-il avec un cinquième mandat et les coudées franches ?

En fait, l’Algérie d’aujourd’hui, après quatre mandat sous ce président, n’est plus cette Algérie , avant-gardiste ;plurielle et singulière. Bouteflika réussi à la transformer et en faire une pâle copie de certains pays arabes réactionnaires qui lui servent dorénavant de repère.

Et pourtant, même le grand savant musulman Ibn Ruchd /Averroes qui avait de de l’estime pour  le savant juif Moïse Maïmonide /Abou Imrane Moussa ibn Maïmoun  qui était médecin personnel de Salah al Din /Saladin (Quelle tolérance !) a bien averti  où peut mener l’intégrisme religieux ! Et surtout si l’orthopraxie prend la forme d’un mimétisme irréfléchi de certains rites et us d’un autre âge. Et il en a fait les frais et a beaucoup souffert ! Et combien le temps lui a donné raison et combien il a vu juste en privilégiant la raison, et l’ouverture aux autres religions, pensées et cultures. L’histoire se répète. C’était il y a plus de huit siècles !

Et ce pouvoir, avec ce 5e mandat veux instaurer une république rétrograde en balisant tout, en censurant, en entretenant l’intolérance et l’exclusion, en introduisant des autodafés de livres et la destructions des œuvres d’art non conformes aux points de vue de certains illuminés !

C’est triste ! En 2018 !

Auteur
Rachid B.

 




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