Mardi 27 février 2018
Saïd Sadi: Oppositions algériennes : au-delà du pouvoir
Nous vous proposons des extraits de la contribution de Saïd Sadi à middleeasteye.net.
L’Algérie ne vit pas une crise politique. Elle s’abîme dans une impasse historique. Tout en étant responsable, l’opposition doit prôner un changement de système et renoncer aux illusions de changements dans le système
Ces dernières années, les observateurs étrangers s’intéressant à la scène algérienne sont partagés entre incompréhension et inquiétude.
Les moins avertis ne comprennent pas qu’un tel pays lie son sort aux fluctuations du prix du baril et s’accommode d’une agonie présidentielle qui dégrade son image. Les plus familiers sont inquiets, car l’opposition ne parvient pas à assumer collectivement un projet de rupture négocié. Les conséquences régionales de cette décadence sont légitimement redoutées par tous.
L’opacité d’un système façonné dans les arcanes du KGB voile toute visibilité et quand elles existent, les statistiques sont aléatoires, partielles voire partiales. Cependant, en zoomant sur les grandes décisions, on peut encore décoder quelques intentions.
Après l’avoir amendée pour limiter les mandats présidentiels, Bouteflika ouvre la Constitution pour la présidence à vie.
Classique de l’autisme de despotes murés dans le déni : le gigantisme architectural. Une méga mosquée est érigée contre l’avis des urbanistes algériens qui en ont contesté l’assiette et le coût faramineux pour une esthétique douteuse. La masse de l’édifice abîme en effet la baie d’Alger, balafrant du même coup son entrée orientale par un lugubre mur de béton. Pour réaliser ce monument néo-stalinien, cinq Centres hospitaliers universitaires (CHU) de dernière génération ont été sacrifiés (…)
Délitement des mœurs politiques
À l’incurie économique s’ajoute l’enfermement. La censure et la désinformation givrent ou parasitent la vie publique et la justice est caporalisée. Les programmes scolaires sont préemptés par le wahhabisme. Le tourisme est banni et la frontière terrestre avec le Maroc est toujours fermée. La prison Algérie est bien gardée. Pour en sortir durablement, il faut fuir sur le net ou risquer de périlleuses migrations. Hémorragiques, ces dernières emportent les jeunes et les cadres.
Le délitement des mœurs politiques sidère. Inspirée par un groupe de cinq oligarques, l’éviction du Premier ministre Tebboune, en août 2017, soit moins de trois mois après sa nomination, fut révélée par le frère du chef de l’État lors d’un enterrement !(…)
Les quatre courants de l’opposition
Ce discours rencontrera les entraves de rentiers s’accrochant à des situations indûment acquises ou de personnages moulés dans un immobilisme qui confond mouvement et aventurisme. S’il faut veiller à trouver les termes qui apaisent et rassurent, il convient d’être ferme sur l’objectif d’une mise à plat générale.
Cette exigence envers les tenants du pouvoir a aussi des implications très concrètes pour l’opposition dont on peut schématiquement distinguer quatre catégories.(…)
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