23 novembre 2024
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Le suspense mal placé d’Abdelaziz Bouteflika

Cinquième mandat

Le suspense mal placé d’Abdelaziz Bouteflika

Le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, adore le suspense et n’hésite pas à le faire durer le plus longtemps possible, chaque fois que l’occasion se présente, comme en ce moment avec son refus de se prononcer sur son intention de briguer ou non un cinquième mandat.

Abdelaziz Bouteflika sait très bien ce qu’il veut, mais il préfère rester dans le bois, motus et bouche cousue, pour laisser ses adversaires dans l’expectative, incapables d’échafauder un quelconque projet. C’est que l’homme ne veut nullement changer son mode de gouvernance fait de suspense, d’intrigue et de coups tordus. Ses idoles demeurent Agatha Christie pour son suspense, et Mouammar Kadhafi pour son art de surprendre.

En procédant de la sorte, Abdelaziz Bouteflika démontre toutefois qu’il ne joue pas franc jeu. S’il était vraiment franc, il s’adresserait directement à la nation et déclarerait sans ambages ses réelles ambitions, si tant est qu’il en a encore à
bientôt 81 ans.

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En entretenant sciemment le flou artistique, le chef de l’Etat oublie aussi, ou fait semblant d’oublier, que sa tactique favorise peut-être ses desseins mais paralyse tout un pays. Tout semble, en effet, suspendu à ce cinquième mandat qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Si dans d’autres pays africains on a pu convaincre des chefs d’Etat bien portants à jeter l’éponge sportivement, chez nous on cherche plutôt à maintenir en poste un chef de l’Etat impotent. C’est toute la différence entre ceux qui placent l’intérêt de leur pays avant toute autre considération et ceux qui cultivent encore le culte de la personnalité avec exagération.

Décidemment, les présidents algériens se suivent et se ressemblent. Quand ils sont en poste, les laudateurs les vénèrent magnifiquement, et quand ils démissionnent ou décèdent, leurs successeurs les tournent en dérision, sans
ménagement. Les quolibets d’Abdelaziz Bouteflika sur Chadli Bendjedid et Liamine Zeroual sont encore vivaces dans les esprits.

Abdelaziz Bouteflika pourra donc faire durer le suspense autant qu’il voudra, mais tôt ou tard il ne sera plus là, et ses successeurs, ne dérogeant pas à la règle, croqueront à belles dents son long règne, qui est loin d’être un long fleuve tranquille.

Auteur
Ahcène Bettahar

 




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