Dimanche 9 mai 2021
Vers l’interdiction des marches du Hirak !
Le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire a indiqué, dimanche dans un communiqué, que les organisateurs des marches sont tenus à la déclaration, auprès des services compétents, des noms des responsables de l’organisation de la marche et des heures de son début et de sa fin, affirmant que le non-respect de ces procédures « dénue la marche de tout caractère légal ».
Le communiqué du ministère de l’Intérieur vient siffler la fin des marches de protestation contre le régime. Par ses rappels de procédures et en invoquant certains impératifs jusque-là jamais soulignés, le ministère de l’Intérieur rend de fait impossible toute organisation de marche populaire.
Le ministère de l’Intérieur justifie cette décision par des « dérapages » observés. Pourtant les marches des Algériens sont célébrées de par le monde pour leur pacifisme. Qu’importe ! « Il a été constaté récemment que les marches hebdomadaires commencent à enregistrer de graves dérapages et dérives en termes d’indifférence aux désagréments causés aux citoyens et d’atteintes aux libertés du fait d’individus changeant, à tout moment, l’itinéraire sous prétexte d’être libres de marcher dans n’importe quelle direction et à travers n’importe quel axe, ce qui est contraire à l’ordre public et aux lois de la République », justifie le communiqué.
Rappelant ce que consacre la Constitution de novembre 2020 en matière de liberté de marches, le ministère de l’Intérieur fait savoir que « les organisateurs des marches sont tenus à la déclaration, auprès des services compétents, des noms des responsables de l’organisation de la marche, des heures de son début et de sa fin, de l’itinéraire et des slogans à lever, conformément à la loi. Les rédacteurs de ce rappel de déclaration de marche savent pertinemment qu’elle est impossible à effectuer puisque les Algériens qui sont sortis le 22 février et tous les vendredis suivants n’ont pas attendu l’autorisation des autorités. Faut-il rappeler que si c’était le cas, Bouteflika aurait été toujours président.
« Le non-respect de ces procédures constitue une infraction aux yeux de la loi et de la Constitution, ce qui dénue la marche de tout caractère légal et implique un traitement en conséquence », conclut le communiqué.
Cette énième charge contre les manifestations populaires vient compléter tout l’arsenal policier, judiciaire et médiatique déployé par le régime depuis plusieurs semaines. Tout porte à croire que les imposantes manifestations pacifiques de vendredi 7 mai ont sérieusement ébranlé le régime qui croyait le Hirak essouflé.
A la lumière de ce communiqué, ira-t-on, vendredi prochain, lendemain de l’Aid, vers une répression des marcheurs ? La question mérite d’être posée surtout si l’on sait que jusqu’à aujourd’hui hormis les arrestations de manifestants pacifiques, les autorités n’ont émis aucune interdiction des marches hebdomadaires.
Alors pourquoi maintenant ?