23 novembre 2024
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Yacine Mebarki écope d’une lourde peine pour « incitation à l’athéisme »

ARBITRAIRE

Yacine Mebarki écope d’une lourde peine pour « incitation à l’athéisme »

Un militant du mouvement de dissidence populaire, Yacine Mebarki, a été condamné jeudi à dix ans de prison pour « incitation à l’athéisme » et « offense à l’islam », la plus lourde peine jamais prononcée contre une personnalité du Hirak.

Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), a déclaré à l’AFP que M. Mebarki avait été condamné « à dix de prison ferme et à dix millions de dinars d’amende (66.000 EUR) » par le tribunal de Khenchela (est).

Cette nouvelle condamnation s’inscrit dans une vague de répression ciblant quotidiennement des militants de la contestation ou « Hirak », des opposants politiques, des journalistes et des blogueurs.

M. Salhi s’est dit « choqué par la lourdeur du verdict contre un citoyen qui n’a fait qu’exprimer son opinion sur les réseaux sociaux ».

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Il s’agit de la plus lourde peine prononcée contre un militant du « Hirak » depuis le début en février 2019 du soulèvement populaire pacifique pour réclamer un « changement du système » en Algérie.

Le parquet avait requis mardi huit ans de prison. Il est rare qu’un juge prononce une peine supérieure à celle réclamée par le parquet.

Le prévenu, qui clame son innocence, a décidé de faire appel, a indiqué M. Salhi, en réclamant sa libération, l’annulation du procès et l’abandon des poursuites.

Yacine Mebarki était poursuivi notamment pour « incitation à l’athéisme » et « offense ou dénigrement du dogme ou des préceptes de l’islam », a-t-il ajouté sans préciser qu’est ce qui était exactement reproché au militant.

L’athéisme est sévèrement condamné dans le monde musulman. 

Liberté de conscience 

Très impliqué localement dans le « Hirak » et militant berbère, M. Mebarki, 52 ans, a été arrêté le 30 septembre après une perquisition à son domicile.

Selon un ami du condamné, joint au téléphone par l’AFP et qui était présent au tribunal, les policiers auraient trouvé chez lui un exemplaire jauni du Coran appartenant à son grand-père, « dont une des feuilles était déchirée » du fait de l’ancienneté de l’ouvrage.

Déchirer une page du livre saint est considéré comme une atteinte à l’islam.

Dans un communiqué, la LADDH « rappelle les garanties contenues dans le droit national notamment la Constitution et les conventions internationales ratifiées par l’Algérie, en matière du respect des libertés de conscience et d’opinion ».

« En #Algérie on applique les mêmes peines aux islamistes qui incitent au meurtre comme Ali Belhadj, qu’aux militants #laïque-s comme Yacine Mebarki », a réagi un internaute, en référence à l’ancien numéro deux du Front islamique du salut (FIS, dissous). 

Egalement jeudi, le parquet de Dar El Beïda, dans la banlieue d’Alger, a requis deux ans de prison ferme et une amende de 100.000 dinars à l’encontre de Fodil Boumala, opposant et figure du « Hirak », suspendu depuis mars dernier en raison de l’épidémie de Covid-19.

Selon le Comité pour la libération des détenus (CNLD), M. Boumala est poursuivi pour « incitation à attroupement non armé, outrage à corps constitué et publications pouvant porter atteinte à l’intérêt national ». A Oran, un rassemblement pacifique en hommage à la jeune Chaïma, violée et tuée, a été brutalement dispersé. La police a procédé à de nombreuses interpellations. Les personnes interpellées ont été relâchées dans la journée. Ce n’est pas le cas des manifestants arrêtés lundi 5 octobre. 

Quelque 70 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie pour des faits liés à la contestation, la plupart pour des publications sur Facebook, d’après le CNLD. 

Soulèvement inédit, pacifique et sans véritable leadership, le « Hirak » est né en février 2019 d’un immense ras-le-bol des Algériens qui réclament un profond changement du « système » en place depuis 1962. En vain jusqu’à présent, même s’il a poussé en avril 2019 au départ du président Abdelaziz Bouteflika après 20 ans au pouvoir.

Auteur
Avec AFP

 




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