Jeudi 2 mai 2019
Finlande : les Amazigh ont célébré le Printemps Amazigh à Helsinki
Ozzy Ousman et Sana Elmansouri en performant des chansons amazighes libyennes. Crédit photo : Ilkka Roitto
Dans le cadre du projet Café des Rencontres (Kohtaamiskahvila), lancé par la Ville d’Helsinki, la bibliothèque multilingue de Pasila a organisé samedi 27 avril la Journée culturelle amazighe. Cette activité s’est deroulée en collaboration avec l’Association Afous-Afous, créée en 2008, pour la promotion de la culture amazighe en Finlande.
Allocution de l’ouverture par Hamza Amarouche, producteur de l’événement. Crédit photo : Ellen Tammisto
Deux ateliers de tatouage du harkous amazigh et de tifinagh
Dans son allocution d’ouverture, Hamza Amarouche, producteur et coordinateur du projet Café des Rencontres, a souligné le rôle plus important des peuples amazighs dans le développement de l’humanité, et cela dans plusieurs disciplines à travers une histoire datant de plus de 3000 ans.
L’événement a commencé par une réception dans laquelle un couscous traditionnel a été servi aux participants. Ensuite, le programme a continué avec deux ateliers de tatouage pour enfants ont été organisés par Hanna Yikona et Satu Riikonen, de l’Association Afous-Afous.
L’objectif du premier atelier est de mettre en avant le tatouage amazigh harkous qui a des origines très anciennes et est traditionnellement utilisé en Afrique du Nord. Par ailleurs, le deuxième atelier a été dévoué à l’apprentissage du tifinagh aux enfants. Cet ancien alphabet a été présenté aux participants pour choisir une lettre au tatouage, ceci a permis de faire connaître aux participants le tifinagh qui reste, en effet, conservé dans l’aire linguistique dans plusieurs régions amazighes en Afrique du Nord.
Atelier sur le tatouage amazigh (harkous), par Hanna Yikona, présidente de l’association Afous-Afous en Finlande. Crédit photo Ellen Tammisto
Contacté par Le Matin d’Algérie, Hamza Amarouche, producteur d’événements, affirme que de cette festivité culturelle vise à promouvoir la culture amazighe en Finlande pour donner plus de visibilité à cette culture authentique longtemps opprimée chez elle.
»Nous avons organisé cette journée culturelle pour célébrer en même temps le Printemps Amazigh. D’ailleurs, c’est la première fois qu’on commémore les événements d’Avril 1980 et 2001, et nous comptons continuer dans cette dynamique de projet’’, a-t-il affirmé.
Miriam Mekhane rend hommage au défunt artiste Abdelkader Meksa
Dans une présentation de piano, l’artiste finlandaise Miriam Mekhane, d’origine algérienne, a rendu hommage à l’artiste kabyle Abdelkader Meksa, disparu dans des circonstances mystérieuses en 1988, en France.
Avant d’interpréter la sublissime chanson Anzar, Miriam a souligné que Anzar retouche aux mythes amazighs les plus importants. Pour cette jeune artiste finlandaise, le texte de cette chanson est authentique et représente au même titre la vie traditionnelle »de nos ancêtres kabyles dans les montagnes ».
»Je suis très fière de mes racines kabyles, et pour cela que je voulais d’interpréter cette chanson du grand artiste Abdelkader Meksa. Cela m’a pris du temps, et ce n’était pas facile pour moi d’arriver à prononcer certains mots et lettres. Mais grâce à l’aide de mon père qui m’a accompagné tout au long d’apprentissage, j’ai enfin réussi à le faire. Je suis très contente d’avoir participé à cette célébration et je compte faire d’autres reprises pour introduire ma culture aux Finlandais », a t-elle dit.
Sana Elmansouri et Ozzy Ousman: hommage aux Amazighs de la Libye
La deuxième performance a été faite par le duo libyen Ousman Ozzy et Sana Elmansouri, venu du Royaume-Uni spécialement pour prendre part à cet événement. En plus d’une belle prestation contenant un bouquet de chansons amazighes libyennes, ce duo a profité de l’occasion pour transmettre un message de paix pour rappeler le monde du combat juste des Amazighs en Libye.
En répondant à une question du Matin d’Algérie, Elmansouri a affirmé qu’elle était vraiment impressionnée par l’organisation et les efforts déployés par les organisateurs pour que tout le monde soit présent et impressionné par la culture amazighe. D’autant plus qu’elle était touché par »le dévouement de la communauté kabyle qui s’est portée volontaire pour que l’événement réussisse ». a t-elle-souligné.
»C’était une atmosphère très réconfortante, loin du désespoir et du stress des conflits, de l’égoïsme et de la cupidité des partis politiques détruisant nos foyers », a-t-elle-conclu.
À rappeler, Sana Elmansouri est journaliste, artiste et la première présentatrice de télévision tamazight de l’histoire de la Libye.
Stina : la gratuité des événement est importante
À son tour, l’artiste finlandaise Stina n’a pas manqué cette grande célébration pour prouver encore une fois son attachement à la culture amazighe. Stina a régalé la bibliothèque multilingue de Pasila et a offert au public un bouquet de chansons de grands artistes kabyles.
En plus des participants qui sont venus nombreux à la bibliothèque, un Facebook live a été diffusé sur sa page pour permettre à ses fans de partager l’ambiance de l’évènement.
À noter que le hall de la bibliothèque était plein de visiteurs qui ont représenté plusieurs pays, l’Algérie, le Maroc, la Libye, la France, la Chine, la Russie, la Syrie, l’Irak, la Colombie, la République Tchèque, la Somalie… etc. Certains Amazighs sont venus en famille de Saint-Petersburg pour y assister.
Selon le producteur Hamza Amarouche, c’est essentiel que toutes les communautés soient présentes pour qu’elles explorent la culture amazighe. Célébrer ses propres fêtes avec d’autres peuples est une dynamique de la coexistence et cela garantit plus de visibilité.
»Notre projet Café des Rencontres vise à stimuler le multiculturalisme en offrant des évènements gratuits au public pour effectuer la diversité dans toute la métropole d’Helsinki », a-t-il estimé.
D’ailleurs, la gratuité de l’événement a été appréciée non seulement par le public mais plutôt par certains artistes, notamment Stina, qui a insisté que le printemps amazigh doit garder le principe de gratuité car c’est un thème qui passionne et qui réunit.
»Je suis très contente d’avoir participé à cette célébration du Printemps Amazigh en Finlande. L’ambiance est particulière et initiative est juste excellente. J’espère vraiment que ça va continuer », a-t-elle dit.
Vers une caravane culturelle amazighe en Europe du Nord
Amarouche estime que le moment est venu pour que les Amazighs dans les pays scandinaves s’organisent pour lancer continuellement plusieurs festivités culturelles. Selon notre interlocuteur, cela va renforcer la promotion de la culture amazighe dans cette région.
»Pour le moment, nous travaillons sur un projet pour lancer la Caravane Culturelle amazighe dans tous les pays baltes et scandinaves. Nous sommes en contact même avec certains Amazighs de Saint-Petersburg qui veulent être impliqués dans cette initiative. C’est une action qu’on compte lancer dans deux ou trois ans, et tout cela dépendra du budget et des partenaires qui seront impliqués dans ces pays », a-t-il confié.
Enfin, Amarouche nous a laissé savoir qu’il venait de faire un agrément avec la bibliothèque multilingue d’Helsinki (Pasila) pour que l’association Afous-Afous puisse organiser une exposition d’objets traditionnels kabyles et touaregs tout au long du mois de mai. Cette exposition sera présenté pendant un mois et sera visitée par des centaines de visiteurs qui se rendent quotidiennement à cette bibliothèque.
»Les responsables de bibliothèque multilingue d’Helsinki nous ont exprimé le souhait de recevoir des livres en tamazight au profit de leurs visiteurs. Cela ne va pas exclure des livres en anglais qui parlent de notre culture et retracent le parcours des grandes figures amazighes qui ont contribué au développement le développement de l’humanité dans toute disciplines », a-t-il conclu.
Stina en discutant avec le public juste après sa performance. Crédit photo : Ellen Tammisto