Mercredi 11 avril 2018
Aucune piste n’est privilégiée
Un avion de l’armée algérienne s’est écrasé mercredi peu après son décollage d’une base au sud d’Alger, faisant 257 morts, majoritairement des militaires et des membres de leurs familles, la pire catastrophe aérienne en Algérie.
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a décrété un deuil national de trois jours à compter de mercredi en mémoire des victimes.
Un photographe de l’AFP a vu l’épave calcinée et noircie de l’appareil, gisant dans un champ à quelque 100 mètres des murs d’enceinte de la base aérienne de Boufarik, à une trentaine de km au sud de la capitale algérienne.
Aucune hypothèse n’a été pour l’heure avancée pour expliquer l’accident. Des témoins, qui travaillaient dans les champs alentour, ont indiqué à l’AFP avoir vu des flammes s’échapper de l’avion avant qu’il ne s’écrase dans cette zone inhabitée.
Les victimes sont les dix membres d’équipage et 247 passagers, « dont la plupart sont des personnels de l’Armée nationale populaire ainsi que des membres de leurs familles », a précisé le ministère algérien de la Défense. Une personne au sol, le gardien du champ où est tombé l’avion, a été blessée, selon des témoins.
Ce bilan en fait la pire catastrophe aérienne -civile ou militaire- survenue en Algérie et la quatrième la plus meurtrière au monde ces 20 dernières années.
Outre le deuil national de trois jours, la « Prière de l’absent » sera récitée à la mémoire des victimes vendredi dans toutes les mosquées d’Algérie, à l’issue de la grande prière hebdomadaire.
Abdelaziz Bouteflika a qualifié l’accident de « tragédie » et les victimes de « martyrs du devoir national ».
Commission d’enquête
Le vice-ministre algérien de la Défense et chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, a ordonné la mise en place « immédiate d’une commission d’enquête afin de déterminer les circonstances de l’accident ».
L’appareil accidenté est un Iliouchine-76, a indiqué une source militaire à l’AFP. Selon le site internet du constructeur, l’IL-76, un quadriréacteur civil ou militaire de fabrication soviétique puis russe, peut transporter entre 126 et 225 passagers selon les versions.
Selon le ministère de la Défense, il assurait un vol entre Boufarik et les villes de Tindouf (sud-ouest) et Béchar (ouest). Il s’est écrasé à 07H50 locales (06H50 GMT).
Tindouf, à 1.800 km d’Alger, près des frontières du Maroc et du Sahara occidental, abrite des camps de réfugiés sahraouis ainsi que le siège d’administrations de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée en 1976 par les indépendantistes du Front Polisario.
Le Polisario, soutenu par Alger, réclame l’indépendance du Sahara occidental, revendiqué par le Maroc qui en occupe la majeure partie depuis 1975.
Béchar, à 1.000 km environ au sud-ouest d’Alger, abrite une importe base militaire, près de la frontière fermée entre l’Algérie et le Maroc, les deux frères ennemis du Maghreb.
Parmi les victimes figurent 30 Sahraouis, « des malades et leurs accompagnateurs, hommes, femmes et enfants, qui revenaient d’Algérie où ils étaient allés se soigner », a indiqué le Front Polisario, qui a déclaré sept jours de « deuil national ».
Série d’accidents
L’accident le plus meurtrier enregistré en Algérie jusqu’ici remontait à 2003 quand un Boeing-737 de la compagnie nationale Air Algérie s’était écrasé au décollage de Tamanrasset, à 2.000 km au sud d’Alger, tuant 102 des 103 passagers et membres d’équipage.
En juillet 2014, un appareil affrété par Air Algérie et reliant Ouagadougou à Alger s’était écrasé au Mali (116 morts). Ces dernières années, plusieurs appareils de l’armée algérienne ont subi des accidents qui ont fait des dizaines de victimes.
Le plus grave jusqu’ici avait eu lieu en février 2014: 77 personnes -des militaires et des membres de leur familles – avaient péri dans l’accident d’un Hercules C-130 qui s’est écrasé alors qu’il survolait le mont Fortas (quelque 500 km à l’est d’Alger).
Plus récemment, en mars 2016, 12 militaires algériens sont morts quand leur hélicoptère s’est écrasé dans le sud du pays en raison d’une panne technique.