22 novembre 2024
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Le Barbier de Séville (4)

Les grands airs d’opéra expliqués aux jeunes Algériens

Le Barbier de Séville (4)

Contrairement à l’air célèbre que je vous avais proposé dans l’opus précédent, dans lequel il fallait laisser monter la musique un court instant pour que la mémoire la reconnaisse, nous revenons à la particularité des premiers airs présentés qui se reconnaissent immédiatement. 

Le barbier de Séville est un célèbre opéra composé par Gioachino Rossini en 1816 d’après la comédie de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (dit Beaumarchais) présentée au théâtre en 1775 portant le même nom avec un autre titre, la Précaution inutile.

Il s’agit du premier volet d’une trilogie dont les deux suivants seront Le Mariage de Figaro (1784) et le drame La Mère coupable (1792).   

L’histoire est assez connue par tous les lycéens qui en présentent généralement une fiche de lecture dont je vais vous résumer l’essentiel de l’histoire.

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Nous sommes à Séville, au XVIIIe siècle, un « grand d’Espagne » (haut rang de la noblesse espagnole), le Comte Almaviva, tombe éperdument amoureux d’une jeune fille, Rosine, qu’il n’a portant jamais rencontrée ni vue.

Rosine est prisonnière du vieux médecin, Bartholo, son tuteur qui veut épouser la belle jeune fille, sa pupille sur laquelle il a un ascendant de pouvoir. Almaviva se déguise en jeune bachelier et rôde sous le balcon de la belle Rosine en chantant des sérénades.

C’est ainsi que surgit sur la grande place, Figaro, l’ancien valet du jeune noble Almaviva qui va l’aider dans son entreprise amoureuse. Cet opéra a la particularité de contenir plusieurs airs reconnaissables par le grand public. Je vous ai choisi l’un de ces airs que je pense être le plus reconnaissable par les jeunes tant il est présent, aussi bien dans les publicités, dessins animés et dans diverses occasions. L’air est dénommé « Largo al  factotum », celui par lequel apparaît Figaro dont il sera le chanteur.

Dès la première seconde, le Barbier de Séville surgit, virevolte, enivre et ne laisse personne hors de l’attention qui accapare l’esprit. « Mais oui, je connais cet air d’opéra ! » 

Et c’est bien là l’objectif de ma chronique, au fil des airs présentés, celui de faire naître une plus grande curiosité pour des œuvres reconnues par l’oreille mais ignorées dans leur origine comme dans leur contenu.

Figaro est charmeur, insolent, se présente compétent en tout, y compris en chirurgie, il est l’homme qui rend tous les services et toujours prêt à toutes les astuces, sur un ton attirant toute la sympathie des passants. C’est ainsi que le Comte Almaviva lui demande son aide.

Les paroles de cet air immensément connu peuvent se traduire par quelques vers très significatifs de l’air enjoué. Voici les premiers:

Faites place au factotum de la cité.Tralala-lalala-lalala-la !

Se précipitant dans son échoppe dès l’aube.Tralala-lalala-lalala-la !

Ah, quelle belle vie, quelle vie plaisante pour un barbier de talent !Ah, bien joué Figaro ! Bien joué, vraiment bien joué !Tralala-lalala-lalala-la !

Le plus chanceux du monde, en vérité ! Bravo !Tralala-lalala-lalala-la !

Le plus chanceux du monde, en vérité ! (x2)Tralala-lalala-lalala-la !

Prêt à tout faire, nuit et jour,Toujours occupé, toujours à courir.Pour un barbier, une meilleure vie,Une vie plus noble n’est pas possible. Tralalala, etc. ! 

Et ainsi de suite dans un débit oratoire très célèbre qu’il est impossible d’ignorer. Le reste de l’histoire, je laisse les jeunes la découvrir plutôt dans le texte rédigé par Beaumarchais puisque ceux qui connaissent l’auteur de cette chronique se souviennent de ses articles pour promouvoir la lecture des jeunes.

Nous l’avions rapidement précisé dans le premier chapitre de la chronique, ce sont les « librettistes » qui rédigent une étape intermédiaire de mise en forme, comme un scénario tiré d’un roman afin de le présenter au metteur en scène d’un film. Sauf qu’il s’agit ici du compositeur musical, le metteur en scène étant celui qui agencera le spectacle sur scène pour les acteurs qui chantent et qui « jouent » l’histoire. L’opéra est une pièce de théâtre chantée, une évidence qu’il fallait rappeler aux jeunes.

Nous voici, après Carmen, pour la seconde fois confrontés à une œuvre musicale qui prend ses racines dans la littérature de Beaumarchais. Les œuvres lyriques sont avant tout des histoires portées en musique et doivent donc avoir une source écrite même si celle-ci relève de la mythologie comme c’est souvent le cas. 

Trois ponts de connaissance indispensables :

1. Beaumarchais fut réellement un homme à tout faire, probablement dans les limites de la loi de l’époque. Il eut d’ailleurs des ennuis du côté judiciaires. J’aurai l’occasion, dans un article en page culture, de revenir sur ce personnage hors du commun, aux compétences et métiers multiples,  qui est considéré comme le père du droit d’auteur que nous connaissons actuellement.

2. Nous sommes aux portes de l’éclatement de la révolution française de 1789 lorsque Beaumarchais écrit ce texte. Le barbier de Séville est une féroce critique de l’époque et particulièrement de la noblesse avec ses mœurs hypocrites.

Dissimuler la critique sociale est de longue date dissimulée par ce qu’on appelle « les bouffons du roi ». Chez les écrivains comme Molière, cette critique est la plupart du temps véhiculée à travers les valets ou les simples d’esprit.

Leur « petite condition sociale » leur permet des insolences que ne se seraient pas permis les auteurs d’une manière frontale. Figaro est de ces valets caractéristiques d’une vérité dissimulée dans l’insolence des rangs inférieurs de la société.
 

Lien de la vidéo :

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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