23 novembre 2024
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Algérie-Maroc : entre commandeur des croyants et croyants aux commandes

OPINION

Algérie-Maroc : entre commandeur des croyants et croyants aux commandes

On a beau cogiter le problème algéro-marocain dans tous les sens, on arrive toujours au même constat, à savoir que les deux pays vivent sous des régimes despotiques sous lesquels les peuples autochtones sont restreints à leurs simples aspects folkloriques, et le citoyen réduit au silence.

Bien sûr on ne peut que déplorer la mort d’hommes, mais peut-on pour autant oublier le fait qu’aussi bien du côté monarchique de sa majesté que du régime militaire d’Alger, on n’hésite pas à emprisonner, voire éliminer toute voix discordante à une musique qui remonte à la Djahilia, celle de la conquête de nos contrées par l’épée ?

“Win idiruḥan yebwid rebiss da mɛiwen”, 

“Kemel ayen id-yugran ulla d-ṛebbi d-ayla n-sen” 

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Chaque envahisseur ramène son Dieu comme soutien

Pourquoi les contester si même Dieu leur appartient ?

Postulait Dda Lounis Aït Menguellet, il y a plus de 30 ans !

Côté, monarchique, comment oublier l’affaire Mehdi Ben Barka ? Cet opposant au roi Hassan II, assassiné le 29 octobre 1965. Avec l’aide du gouvernement français, faut-il le rappeler ? Comme quoi la France est cette amie qui nous veut tant de bien, nous les autochtones !

Côté régime militaire d’Alger, comment oublier l’assassinat du Dr Kamel Eddine Fekhar, dont les larmes des siens n’ont pas encore séchées, et tous ces jeunes que l’on ne cesse de mettre au cachot depuis que le clown A. a remplacé le bouffon B. ?

Pourquoi ces assassinats et ces emprisonnements sinon qu’aussi bien du côté des colons de Rabat que de celui des envahisseurs d’Oujda on adhère à la suprématie de la Oumma, et que d’un côté comme de l’autre, pour entraver tout libre choix, on décrète « Islam religion d’État » ? 

Quant aux autochtones ils n’ont qu’à prendre la valise ou choisir de vivre dans ce cercueil géant coincé entre l’extrême Est et le far Ouest. 

On pourrait disserter à l’infini sur ces régimes colonialistes, mais il suffit de parcourir ce poème de Harold Pinter dédié à l’assassinat Mehdi Ben Barka pour appréhender les procédés de ces sans-scrupules qui se prétendent croyants. Comment diable peut-on se prétendre croyant quand on a les mains tachées du sang de tant d’innocents ?

« Son corps n’a jamais été retrouvé.

Où a-t-on trouvé le corps mort ?

Qui a trouvé le corps mort ?

Le corps était-il mort quand on l’a trouvé ?

Comment a-t-on trouvé le corps mort ?

Qui était le corps mort ?

Qui était le père ou la fille ou le frère ?

Où l’oncle ou la sœur ou la mère ou le fils ?

Du corps mort et abandonné ?

Le corps était-il mort quand on l’a abandonné ?

Le corps était-il abandonné ?

Par qui a-t-il été abandonné ?

Le corps mort était-il nu ou en costume de voyage ?

Quelle raison aviez-vous de déclarer le décès du corps mort ?

Avez-vous déclaré la mort du corps mort ?

Quels étaient les liens avec le corps mort ?

Comment avez-vous su la mort du corps mort ?

Avez-vous lavé le corps mort ?

Lui avez-vous fermé les deux yeux ?

Avez-vous enterré le corps ?

L’avez- vous laissé abandonné ?

Avez-vous embrassé le corps mort ? »

Et ça se dit commandeur des croyants !

K.M.

Auteur
Kacem Madani

 




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