Dimanche 29 août 2021
Kabylie : entre solidarité citoyenne et manipulations politiciennes
La Kabylie, une terre, des Hommes et des valeurs. Depuis plusieurs jours maintenant, tous Les chemins qui montent et même ceux qui descendent, donnent tous sur un même horizon, Un horizon de flammes, de braises et de cendres.
Une terre brûlée, des vies calcinées et des valeurs humaines malmenées. Les forces du mal ont encore frappé cette terre de liberté et d’espoir.
L’attitude exemplaire des algériens qui s’est exprimée en faveur de la Kabylie, suite aux incendies sans précédent, ravageant forêts, demeures et population, est une belle leçon de solidarité et d’humanisme. Mais pas seulement, puisqu’elle a mis en échec la démarche macabre des tenants du pouvoir en Algérie. Une démarche qui vise dans un premier temps l’anéantissement de la Kabylie par des feux de forêts, dont les raisons de leurs départs sont plus que douteuses, et dans un second temps, présenter avec la complicité de ses médias et dans une diversion honteuse, la Kabylie comme étant « une région terroriste » pour justifier, justement, leurs actes criminels. Je ne parle pas ici, de la version officielle du gouvernement algérien concernant la piste criminelle.
En fait, les départs de ces feux sont vraisemblablement criminels, sauf que le criminel pour les citoyens est différent de celui désigné par le pouvoir algérien.
La solidarité, l’humanisme, la liberté, des valeurs qui ne sont pas que des mots pour les Kabyles. C’est ces vertus mêmes, qui ont fait de la Kabylie ce qu’elle est aujourd’hui, adulée par les esprits saints et diabolisée par les fossoyeurs de la paix.
Pour les citoyens algériens désintéressés, loin des aprioris et considérations politiques, la Kabyle c’est : « Blade Qbayel, Irgazen », une terre de liberté qui a payé un lourd tribut pendant la guerre d’Algérie. L’Algérien qui a manifesté sa solidarité envers la Kabylie, porte cette dernière dans son cœur, j’en ai la conviction. C’est cet aspect d’humanisme et de reconnaissance qui, de mon point de vue, explique toute cette solidarité instantanée des algériens à l’égard de la Kabylie. Que l’on me comprenne bien, je parle ici de l’aspect humain, et non d’une adhésion de masse à une vision ou un projet politique portés par des mouvements politiques kabyles. Ce dernier cas de figure est encore loin de susciter le même engouement que celui de la solidarité citoyenne, à laquelle on a assisté pendant ces incendies.
Par des accusations ubuesques, le régime algérien ne cherche pas à convaincre ou à être crédible, il est malin, contrairement aux idées reçues quant à son « intelligence destructrice ». Il cherche juste à créer un événement politique secondaire, une sorte d’intrus qui arrive à tous les coups à se faire accepter. En d’autre terme, il installe une diversion que tout le monde semble accepter, en faisant énergiquement son jeu.
Ils nous annonceront demain que c’est Si Muh Mhend, le grand poète kabyle errant au verbe fixe qui a assassiné Djamel, et on va tous s’adonner à défendre Le poète et le village d’Icar3iwen !
En revanche, on a toutes les raisons de penser que les responsables de ces événements tragiques de Kabylie, sont les mêmes responsables de l’arrestation arbitraire de militants politiques pacifiques tels que B. Ait Chebib, H. Boumedine, H. Azem, B. Becha, B. Amarkhoudja, et de nombreux autres détenus d’opinion!
La politique devrait s’exercer avec passion certes, mais loin de toute émotion qui pourrait fausser une compréhension objective et une approche concluante d’un fait politique. Surtout, lorsqu’il s’agit d’une diversion aux objectifs diaboliques.
En politique, et même dans la vie de tous les jours, ce n’est pas parce que l’un a tort que l’autre est nécessairement dans le vrai.
Par conséquent, la question qu’il y a lieu de poser à mon avis est la suivante : pourquoi on a tué un innocent et pourquoi on veut mettre la Kabylie à terre ?
Une question qui exige de nous de l’objectivité analytique, du sérieux et une certaine honnêteté intellectuelle.
Ce qui ne me semble pas le cas, hélas! Lorsque je lis certaines réactions d’intellectuelles, de journalistes, d’écrivains, de « spécialistes en géopolitiques » …
Au lieu d’éclairer les citoyens pour déjouer l’hécatombe dans laquelle le pouvoir voudrait précipiter l’Algérie, et la Kabylie en particulier, ils aiguisent leurs plumes pour semer encore l’incompréhension et le doutes dans l’esprit des citoyens.
Il y a lieu de s’inquiéter, lorsque des intellectuels s’aventurent à comparer à titre d’exemple, les Berbéristes aux islamistes pour justifier la situation dramatique dans laquelle se trouve leur pays. Or, les Berbéristes d’hier ce ne sont que les démocrates d’aujourd’hui. Leur seul souci, c’est d’hisser l’Algérie vers le haut.
Ce sont aussi tous ces hommes qui ont combattu le terrorisme islamistes, on mettant en place des groupes d’autodéfense. Nouredine Ait Hamouda, était parmi ces Kabyles qui se sont dressés militairement contre cette gangrène islamiste. Aujourd’hui, N. Ait Hamouda est injustement en détention, et Madani Mezrag, l’égorgeur d’innocents, respire paisiblement l’air de la liberté.
Accuser sans preuves probantes, une organisation non-gouvernementale, le CMA en l’occurrence, qui œuvre pour la défense des droits des Amazighs, activant sous les règles de l’Organisation des Nations Unies, et dans le cadre du droit international, qu’elle est une création du Mossad est une ignominie. Cette accusation est de l’ordre de l’absurde, une insulte à l’intelligence des citoyennes et citoyens algériens, et plus grave encore, c’est une prise de position politique pour justifier d’éventuels sévis contre les membres du CMA. D’ailleurs, la Coprésidente, Kamira. Nait Sid, aurait été arrêtée par les autorités algériennes.
De mon point de vue, je ne vois pas pour le moment une opération « Zéro kabyle », ce qui n’enlève en rien mes inquiétudes sur ce plan génocidaire. Par ces arrestations de militants kabyles pacifiques, et le classement du MAK comme une organisation terroriste par la dictature algérienne, en désignant ses militants ou ex-militants comme responsables des incendies en Kabylie, et même de l’assassinat de Djamel Bensmail, il y a là, plutôt, une tentative de manipulation de l’opinion algérienne et internationale.
Dans les faits, les héritiers du clan d’Oujda, ont juste trouvé leur « coupable idéale ». Et ce n’est pas parce que le MAK est largement soutenu par les Kabyles, qu’il s’attaque à lui, c’est parce ce que l’idée d’une indépendance pour la Kabylie que ce mouvement prône, constitue un argument de taille et du sur-mesure, pour un Etat-Nation au modèle jacobin qui refuse tout débat, sur la mise en place d’un système politique démocratique, correspondants aux réalités des peuples qui vivent sur ce territoire, et qui cris régulièrement à la menace imaginaire à l’unité nationale, pour berner les citoyens , afin de détourner leur regarde sur les vrai problèmes de leur pays.
Le MAK ne représente pas tous les Kabyles, c’est une réalité. Mais ces militants représentent indiscutablement l’esprit de paix et de liberté qui règne sur ce territoire depuis la nuit des temps, et défendre ses militants accusés et arrêtés à tort, est un devoir humain que chacun doit accomplir.
Pour conclure son bal du ridicule, l’Etat algérien, vient d’annoncer sa décision de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc, au moment où Mohamed VI, dans son dernier discours adressé à son peuple, a tendu la main à L’Algérie et au peuple algérien qu’il considère par ailleurs, comme un peuple frère.
Selon le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, le Maroc est parmi les sources majeures de la crise dans laquelle est plongée l’Algérie, depuis la prise du pouvoir illégitime par le clan d’Oujda ! En lieu d’incantations, nous attendons de connaitre les preuves concrètes dont dispose le pouvoir sur une éventuelle implication du Maroc dans les crises politiques successives en Algérie.
Enfin, toute cette machination de manipulation à vouloir présenter la Kabylie comme « l’ennemie » des Algériens, est uniquement dans l’objectif d’écarter toute initiative d’une sortie de crise politique venant de la Kabylie, ravivant la flamme d’un combat politique qui éclairera aussi le chemin aux algériens. La Kabylie n’est pas l’ennemie de l’Algérie. Elle est l’Algérie. Cette vérité est connue des Algériens, leur récente solidarité à l’égard des Kabyles durant ces feux est la meilleure illustration.