23 novembre 2024
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Les pervers narcissiques fleurent la rosserie méphitique (1)  

TRIBUNE

Les pervers narcissiques fleurent la rosserie méphitique (1)  

« Les pervers n’ont jamais honte puisque pour eux l’autre n’existe pas, c’est un pantin qui n’est là que pour leur propre plaisir. » Boris Cyrulnik.  

C’est accessoirement au sein du couple, mais surtout essentiellement dans l’univers des entreprises et dans le monde de la politique et du pouvoir que les pervers narcissiques sévissent. Prennent leur service. Pour infliger leurs sévices. Le pervers narcissique, autrement désigné sous le nom de manipulateur caractériel, est un individu pourvu d’un ego surdimensionné. Le pervers narcissique (PN) éprouve un besoin insatiable de se mettre en valeur, se donner de l’importance, gagner ses galons, prendre de la hauteur, pour s’assurer de sa supériorité. Pourtant, cette supériorité affichée n’est que le masque d’une faiblesse bien nichée, bien cachée, bien entachée.     

En général, par le déploiement d’une stratégie de séduction bien rodée, le PN parvient à tisser sa toile de manipulation psychologique autour de sa proie pour bien l’étouffer sous sa torturante emprise, mieux l’embrigader, l’enrégimenter, l’encaserner. Tout individu (tout peuple) pris entre les mailles d’un pervers narcissique devient prisonnier psychologique (politique) de son tortionnaire. Vidé de sa personnalité, de sa dignité, il devient rapidement l’ombre de lui-même, le jouet de son bourreau. Le pervers narcissique avance toujours masqué, mais souvent attifé d’un costume du civilisé pour escamoter sa barbarie, ou harnaché de treillis pour imposer sa force vermoulue.  

À l’image de la femme aguicheuse au visage peinturluré, le PN maquille constamment sa figure pour séduire sa proie. Il trouve le moyen de ne jamais abattre ses cartes, pour mieux rabattre ses proies dans les filets de ses machiavéliques rets, ses diaboliques projets. À l’instar du vampire, le PN, dépourvu d’humanité, se nourrit de l’humanité de sa proie (son peuple) pour la vider de sa substance (ses richesses) jusqu’à sa dévastation (malnutrition). Sans pour autant se remplir de l’humanité de sa victime, car le PN est un être mortifère. Il s’emploie à sucer l’humanité de l’autre (son peuple) par simple besoin sadique de destruction. Il se contente de se nourrir de l’énergie de sa proie (peuple) par l’envahissement de son psychisme séquestré, soudoyé, dévoyé.  

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Dans le monde du travail, les PN sont légion. Particulièrement dans les hautes sphères de la hiérarchie. La majorité des patrons et dirigeants d’entreprises est PN. Le fonctionnement même de l’entreprise induit la perversité. Effectivement, toutes les formes de travail fondées sur l’exigence de l’accroissement des performances génèrent le stress et favorisent l’expression de la perversité. La perversité est consubstantiellement inhérente au monde de l’entreprise capitaliste. En effet, dès lors que la fin justifie les moyens, y compris par la dégradation psychologique des salariés pour remplir les objectifs productifs et commerciaux de l’entreprise, la perversité est prégnante, régnante, saignante. Le moyen pervers le plus employé dans l’univers de l’entreprise est le harcèlement. De fait, le harcèlement est cette forme d’autoritarisme exercée par un chef contre un salarié subalterne réfractaire à l’asservissement aliénant.   

Le harcèlement s’exprime par la dévalorisation, la dépréciation, l’humiliation, la persécution du salarié devenu la proie facile, la victime expiatoire du chef pervers narcissique. En proie aux brimades, à la stigmatisation, aux manœuvres hostiles dégradantes, le salarié ciblé finit par se persuader d’être un mauvais agent et sombre dans la dépression, première étape de sa chute vertigineuse vers les abîmes du suicide. La singularité du harcèlement s’exprime par la récurrence des vexations et humiliations infligées au salarié. En l’espèce, il ne s’agit pas d’une banale remarque blessante isolée, mais d’une permanente entreprise de torpillages psychologiques dégradants et dévastateurs.   

En outre, au sein de l’entreprise (comme à l’échelle d’un pays gouverné par des dictateurs), de manière machiavélique, le dirigeant PN développe toute une stratégie de division entre collègues (le peuple), brisant par-là toutes les alliances possibles. Ainsi, quand un salarié (opposant politique, protestataire, gréviste) se montre réfractaire, récalcitrant (rebelle), le dirigeant PN s’active à lui confier (le coffrer) des tâches ingrates, pénibles et dégradantes, pour bien le brimer, le brider, le briser. Au sein d’une équipe de travail (de son pays), le PN s’emploie toujours à rassembler par la séduction autour de lui les membres dociles, soumis, corrompus, pour les employer à des basses besognes (barbouzeries).

À l’évidence, ces fréquentes conduites perverses répandues dans les entreprises (les pays dictatoriaux et « démocratiques » mais, dans ces derniers, avec une finesse psychologique manipulatoire imperceptible) ont de graves conséquences sur la santé psychologique (politique) des victimes (citoyens). Cela se traduit par des dépressions (désarroi), voire des suicides (résignation hypnotique collective).  

À plus forte raison, le pervers narcissique aime faire carrière en politique. Assoiffé de pouvoir, la politique lui permet d’exercer son autorité, assouvir sa tyrannie, servir ses intérêts. Les promesses lui servent de carte de visite, quoiqu’elles soient inscrites aux abonnés absents, car jamais honorées. Et si le PN est pris en flagrant délit de mensonge, il est capable de protester de son innocence avec un aplomb hors du commun. Opportuniste, le PN est un caméléon de la politique. Il change de programme comme de cravate, qu’il aime porter pour tenter de dissimuler (vainement) sa médiocrité congénitale. Il change de parti comme de costume, qu’il pense symboliser l’homme, tant il est persuadé que l’habit fait le Moi. Il sert un autre maître ou un nouveau régime sans scrupule, pourvu qu’il lui permette de gravir au sommet du pouvoir pour assouvir ses instincts de domination, son esprit de prédation et de dépravation. Le PN politique n’admet aucun reproche, comme il n’admet jamais se remplir les poches. Le PN étant dénué d’amour envers autrui (corollaire d’absence d’amour pour soi), de là s’explique la haine, l’inhumanité, la barbarie avec lesquelles il gouverne, son aversion pour le peuple, sa férocité naturelle à l’opprimer, à le bastonner, à l’embastiller.  

Le pervers narcissique n’existe que pour haïr. La haine constitue son oxygène, son carburant. Il n’aime rien tant que d’opprimer, exploiter, asservir.   

Pour reluire, il doit détruire. Il ne brille que par la mise à l’ombre de ses victimes (son peuple), la mise à mort de ses opposants.  

Au demeurant, inapte au bonheur, le PN s’acharne à torpiller le bonheur de ses proches (de son peuple). Dépourvu de tout sentiment, il est incapable de nouer une relation amoureuse naturelle (une gouvernance fondée sur le respect, l’égalité, la loyauté). Toutes (toute sa gouvernance) ses relations amicales, professionnelles ou sentimentales sont (est) polluées par les conflits, les tensions, les manipulations. Ses relations sont toxiques, pathogènes, psychopathiques. Dans ses relations (sa gouvernance), l’objectif du PN est l’appropriation (l’assujettissement) de l’autre (du peuple), et non pas la construction d’une relation égalitaire et respectueuse avec son prochain (peuple).  

L’autre (le peuple) est chosifié. C’est la raison pour laquelle il n’hésite pas à détruire la liberté de l’autre pour se l’approprier, le coloniser, le vampiriser.    

Avec le PN, on est en présence d’une mentalité d’emblée agressive. Sa perception est subjective, complotiste, dépourvue de toute rationalité. Elle peut même être délirante, paranoïaque. Au demeurant, foncièrement pessimiste, le PN ne supporte pas l’optimisme des autres (du peuple). D’où sa propension à démolir l’enthousiasme, la joie de vivre de ses proches (du peuple), leur indépendance d’esprit, leurs aspirations émancipatrices, égalitaires. Notamment par ses ténébreuses observations sur l’existence, sa révulsion des innovations, des transformations politiques ou sociales.   

Il fait preuve d’une grande psychorigidité (conservatisme, sectarisme, autoritarisme). En permanence, il s’emploie à dénigrer la vie, le monde, les individus. Pour lui, les autres (le peuple) sont mauvais (pas lui, bien sûr), le partenaire est mauvais (pas lui). Par son pessimisme, le PN parvient à influencer son prochain (partenaire, ami, collègues, ses administrés, son peuple), puis à l’embarquer sur une inclination dépressive, régressive, réactionnaire. Ensuite, cyniquement, il se met à lui reprocher son tempérament dépressif, régressif, réactionnaire. 

Le PN est virtuose dans l’art de la distillation des doutes sur les qualités, les compétences, les capacités transformatrices, la personnalité des autres (du peuple). Il a l’art de diffuser le venin de la critique et de la dévalorisation des autres (du peuple), avec un cynisme couronné d’autorité despotique. Sa morale est celle de la loi du plus fort et du plus retors. Il ne respecte que les gens hauts placés, hauts gradés, dotés de la force, du pouvoir et de la richesse.

Il méprise l’humble humanité, le travailleur, le peuple, la femme – cette partie enfouie en lui qu’il réprime -, car le PN est également machiste, misogyne (le misogyne est un homme qui hait la partie féminine tapie au fin fond de sa personnalité sexuellement clivée). Pour le PN, faire preuve d’humanité, de sensibilité est l’expression d’une faiblesse, d’une naïve sensiblerie. Pour lui, seuls ses objectifs comptent, ses résultats priment, ses plans prévalent, sa feuille de route roule : « la fin justifie les moyens ». Aussi, tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins, y compris la force, la violence, (la répression, l’incarcération de ses rivaux, opposants). A suivre

 

Auteur
Khider Mesloub

 




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