24 novembre 2024
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Coronavirus : et s’il n’est pas vaincu

REFLEXION

Coronavirus : et s’il n’est pas vaincu

On n’a jamais vu le monde dans l’état où il est depuis quelques jours, comme s’il avait été frappé par une catastrophe menaçant de mettre fin à bref délai à la présence humaine sur la terre. 

Entré sans préavis en guerre contre un ennemi furtif du fait de sa taille de quatre ou cinq milliardièmes de mètre, le monde a envoyé en urgence sur le front où tombaient chaque jour des êtres humains de toutes nationalités, par centaines puis par milliers, des escouades de praticiens de la santé armés de vieux thermomètres ou de récents détecteurs de chaleur pour s’assurer de la présence de l’ennemi sans toutefois rien pouvoir contre lui.

En guise de protection contre ce microscopique ennemi ils portaient, les braves, des blouses blanches et des masques jetables leur couvrant bouche et narines.

Moins l’ennemi est visible, plus la terreur qu’il inspire est grande. Aussi l’inconscient humain prêta-t-il au coronavirus les proportions imaginaires d’un astéroïde de la taille de Jupiter condamné par sa trajectoire à percuter notre planète. Pourtant, à l’heure où est publiée cette chronique, le nombre de morts qui lui est imputé tourne autour de 7000 sur un total de 200.000 contaminés en trois mois dans 150 pays. Combien de personnes décèdent chaque jour de mort naturelle ou de diverses pathologies dans ces mêmes pays dont le cumul des populations représente la moitié de l’humanité ? Des milliers de fois plus !

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Le problème n’est pas si le coronavirus sera vaincu, mais quand et à quel prix. Sur le plan humain, le bilan des victimes de l’épidémie est communiqué quotidiennement. Mais en quelques jours les pays les mieux lotis du monde ont découvert les limites de leurs capacités médicales et sanitaires face à ce prédateur qui a choisi la planète entière comme territoire et le genre humain comme proie, obligeant les médecins à modifier l’ordre des maladies à soigner, ce qui se soldera fatalement par des pertes de vies supplémentaires qui ne ressortiront pas dans les statistiques du coronavirus. Au rythme où progresse la pandémie, le moment approche où les dispositifs médicaux des pays touchés ploieront sous le nombre de malades et seront submergés, entrainant la réapparition d’autres épidémies par manque de soins.

L’humanité est engagée dans une course contre la montre, contre la mort, car le temps ne joue pas en sa faveur. Le coronavirus n’a pas seulement choisi le terrain et le timing, il veut enfermer l’humanité dans un choix cornélien qui lui profite et condamne les hommes dans les deux cas : mourir par asphyxie en se laissant contaminer par lui, ou se confiner, se cloîtrer pour se soustraire à l’invasion, tactique qui peut s’avérer judicieuse et salutaire pour un temps, mais intenable en termes économiques, psychologiques et politiques si elle dépasse une certaine limite.

On peut mettre en quarantaine un groupe d’individus, mais pas l’espèce humaine en entier. On peut s’enfermer dans un espace donné pour une durée raisonnable, quarante jours comme l’indique le mot quarantaine, mais pas indéfiniment.  La vie moderne ne le permettrait pas, la société perdrait son sens, son utilité vitale, et les êtres humains déclineraient jusqu’à renouer avec les instincts de la vie sauvage. L’homme est un animal social, pas un loup solitaire, encore que les loups vivent en groupe.

Il faut se pencher de plus près sur la stratégie du confinement, et interroger au besoin psychologues et sociologues. La méthode a certes prouvé son efficacité en Chine, mais tout le monde n’est pas la Chine avec sa culture sociale ancestrale, son régime politique autoritaire et ses fabuleuses capacités économiques et financières qui peuvent lui permettre de vivre pratiquement en autarcie. 

Bon nombre de pays, y compris parmi les plus avancés, ne survivraient pas à plusieurs mois consécutifs de marasme économique, de pénuries de toute sorte, de récession, de chômage, sans oublier les effets psychiques de l’inactivité et de l’isolement. L’interdiction de sortie, la réclusion à domicile, la mise en résidence surveillée sont des contraintes, des sanctions, pas des sinécures

Le monde s’est trouvé dans l’obligation de protéger la vie humaine de l’invasion du coronavirus, quitte à geler la vie économique pour un temps dont il n’a pas la maîtrise.

Déjà endettés jusqu’au coup, les gouvernements n’ont d’alternative que la fuite en avant : aller à contre-sens de leurs politiques qui visaient à remettre à flot leurs finances en maîtrisant les dépenses. Or voilà que, contraints par le péril représenté par le coronavirus, ils se voient en devoir de soutenir à bout de bras des centaines de milliers d’entreprises, à payer des millions de salaires sans contrepartie productive, et à renationaliser de grosses entreprises.

Les travailleurs, les personnels et les cadres ont été mis d’office en grève générale jusqu’à ce qu’un antidote ait été mis au point pour neutraliser le virus, ce qui est une affaire d’un an au bas mot auquel il faut ajouter les délais pour vacciner le genre humain dans son ensemble.

Si le coût financier pour stopper l’épidémie et mettre au point l’antidote sera dérisoire, le coût des conséquences de la grève générale obligatoire mettra par terre les économies du monde plus gravement que ne l’ont fait les crises économiques et financières connues entre 1929 et 2008. Si les experts scientifiques ne neutralisent pas le coronavirus en quelques mois, le désordre et la pauvreté ajouteront leur cortège de morts à la létalité à celle du virus. Mais tôt ou tard il connaîtra le sort des microbes, bactéries, bacilles et virus dévastateurs dont la science est venue à bout. 

Il faut se préparer à ces hypothèses, à ces risques réels, à ces probabilités d’aggravation de la crise. Il faut se concerter mondialement, mettre en commun les ressources de chaque pays, préparer des plans d’urgence…Il faut défendre notre foyer qui est notre planète et non plus notre maison, notre pays, notre culture. C’est le sort de l’espèce qui est en jeu.

On peut mourir en grand nombre, on peut revenir plusieurs siècles en arrière, mais l’espèce humaine qui a survécu à tous les périls, grands et petits, survivra car elle seule dans l’univers donne sens à la Création. Que serait Dieu sans l’Homme ? Que serait le système solaire sans la planète bleue où le plus beau miracle apparut à sa surface en quatre milliards d’années est l’Homme ? 

Nous vivons une époque où l’humanité est très mal représentée au niveau politique suprême. Dans les périodes difficiles, les nations qui ont trouvé en leur sein des hommes d’Etat visionnaires ont pu sortir d’une mauvaise passe et réaliser de grandes avancées. L’Histoire a gardé leur souvenir. Tandis que de nos jours ce sont des hommes à histoires qui, à l’image de la grande Amérique, ont été placés à leurs têtes, rendant impossible toute vision d’un futur profitable à l’espèce humaine comme sauver la planète à terme, ou vaincre immédiatement le coronavirus.

Alors que dans maint pays musulmans l’Etat a commencé par mobiliser les savants religieux pour trouver les arguments justifiant aux yeux du peuple la fermeture des mosquées de peur qu’il ne leur reprochent de vouloir de la sorte confiner Dieu, le coronavirus est traqué par des scientifiques travaillant d’arrache-pied dans les laboratoires de divers pays pour sauver l’humanité et du même coup leurs homologues musulmans (les savants religieux) du péril qu’il leur fait courir ensemble. Que Dieu les assiste !

 

Auteur
Nour-Edddine Boukrouh 

 




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