Mercredi 1 janvier 2020
2020 : l’année de la révolte des peuples opprimés
Une année extraordinaire vient de s’achever. Elle nous a offert 365 jours de vie supplémentaire emplie furtivement de joie, mais constamment débordante de tourments. Remercions le Capital d’être, nous, encore en survie, et lui, en sursis. Par sa grâce, nous nous sommes encore, au cours de cette année écoulée, enrichis d’abondantes misères distribuées généreusement par la majesté le capital.
Que demander à la nouvelle année annonciatrice d’explosions sociales, sinon de nous gratifier d’un lot de 12 mois d’existence agrémenté à ras bord de bonheurs simplement humains, embelli par une fraternité partagée avec l’humble et souffrante humanité, gorgé de solidarité accordée à toutes les personnes dans le besoin, assoiffées de justice sociale.
Par-delà notre petite minuscule individualité, la collectivité souffrante humaine doit avoir les faveurs de notre cœur ; la préoccupation primordiale de notre énergie intellectuelle ; l’objectif prioritaire de notre combat politique.
L’amour de notre frère de misère doit affermir notre aspiration à la justice sociale. La misère de notre frère doit nous inciter à lâcher bride à notre révolte, à libérer notre rage pour exiger la fin de toutes les formes d’injustice, instaurer une société débarrassée de toutes les formes d’oppression et d’aliénations.
Aujourd’hui, la misère ne connaît pas de frontières. Elle s’est mondialisée, comme le capital, responsable de ce crime contre l’humanité. D’Alger à Caracas, du Caire à Paris, aucune ville n’est épargnée par cette vile économie capitaliste.
De manière inattendue, l’année 2019 s’est réveillée de sa longue nuit de sommeil hivernale sociale. Le printemps des prolétaires en lutte pour une vie meilleure s’est enfin levé partout dans le monde : en France, en Algérie, au Chili, en Irak, en Iran, au Liban. Son rayonnement s’est irradié de pays en pays, propageant une lumière d’espoir de libération sociale à tous les prolétaires opprimés. Plus aucun peuple ne tolère vivre sous la férule de la dictature de la finance.
Plus aucun peuple n’est disposé à accepter les sacrifices, depuis des décennies consentis au nom de l’intérêt général de la nation. L’intérêt général a toujours revêtu les atours de l’intérêt particulier des classes dirigeantes mondialistes, apatrides, illégitimement identifiées à la nation. Ces classes parasitaires n’incarnent aucunement la nation qu’elles piétinent et bradent à leur guise à la finance internationale.
Comme en 1789 et en 1871 en France, en 1917 en Russie, en Chine en 1949, en 1954 en Algérie, l’année 2020 va-t-elle concrétiser définitivement les projets d’émancipation humaine de nos pionniers hommes et femmes historiquement exceptionnels de bravoure révolutionnaire ?
De la résolution de chacun à emboîter le pas à nos glorieux martyrs, à nos exemplaires militants, dépend le renversement du rapport de force. Et, par conséquent, la fin des rapports de domination. Le recouvrement de la dignité sociale des peuples algérien, français, vénézuélien, américain, canadien, de toute la communauté humaine.
A la veille de 1789, aucun homme politique n’aurait misé un écu sur la fin définitive de l’ancien régime aristocratique millénaire français. A la veille de 1917, aucun militant n’aurait parié un kopeck sur le renversement de la monarchie tsariste. A la veille de 1954, aucun homme politique au monde n’aurait misé un franc sur la fin du colonialisme en Algérie, renversé par la guerre de Libération nationale. Dans les trois exemples, seule l’entrée en lutte du peuple opprimé a permis un changement révolutionnaire du cours de l’histoire.
De manière générale, jamais dans l’histoire une classe régnante a d’elle-même remis les rênes de son pouvoir au la classe révolutionnaire suivante. Il faut cesser les jérémiades. Le pouvoir a fait de nous des pleureuses sociales.
A chaque assassinat d’une mesure sociale perpétré par le pouvoir, nous transformons la rue en vaste mouvement processionnel liturgique, accompagnant le corbillard de notre dignité au cimetière social pour l’enterrer de nos propres mains, avec l’aide experte de ces fossoyeurs syndicalistes et politiciens, sous le regard jubilatoire du capital.
Par notre personnalité pusillanime, notre frilosité combative, notre lâcheté politique, nous nous offrons avec notre bénédiction en victimes expiatoires au capital, sacrifiées comme des boucs émissaires, offrant à la finance une nouvelle ère de jouvence obtenue par notre mise à mort sociale prématurée.
Cessons de nous agenouiller devant le monstre gouvernemental pour l’implorer de nous épargner ! Cela me rappelle ce vieux proverbe kabyle : l’arbre s’est plaint de douleur à la hache, laquelle lui a répondu que le manche vient de lui.
Le peuple, personnifié par l’arbre, a toujours octroyé de son plein gré à la classe dominante le manche de la hache, à savoir le pouvoir avec lequel il sévit contre le peuple : pour mettre le peuple en coupes réglées.