Vendredi 2 août 2019
Et s’il n’en reste que dix, ils seront de ceux-là
Maintenant qu’il y a de moins en moins de secrets ni de doutes sur la vassalité effective du panel de Karim Younes et que la vox populi a fini par ne plus croire à quelque avancée positive que ce soit par cette instance, il faut absolument passer à la vitesse supérieure afin de peser lourdement dans la division qui semble régner au sommet du pouvoir, là où plus personne ne semble réellement inquiet de l’avenir immédiat du pays.
Maintenant qu’il est de plus en plus évident que les partis dits de l’opposition ne sont pas en mesure d’inventer un mécanisme uni autour d’une plateforme qui dessinerait les clauses d’une alternative consensuelle, il faut que les enfants sages de cette nation rebondissent et surgissent sur la scène politique au nom de l’intérêt suprême du peuple.
Maintenant que nous savons avec précision que le système Bouteflika, parrainé et protégé par Gaïd Salah et le commandement militaire, a torpillé ce pays en aggravant son bilan par une corruption dont on peinait à imaginer le volume, nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre que cinq ou six personnages crépusculaires, malléables à merci, puissent nous faire traverser le pont historique devant lequel nous sommes.
Maintenant qu’il est urgentissime de renvoyer tous ces clowns malfaisants qui constituent le gouvernement Bedoui dont certains membres multiplient les mesures les plus irréfléchies et les plus préjudiciables alors qu’ils ne relèvent d’aucune sorte de légitimité ou légalité.
Maintenant que l’urgence est de sauver/relancer l’économie du pays, éliminer définitivement toute forme de police politique, redonner à la justice sa fonction et sa dignité, nous réconcilier avec tous les paramètres de notre identité historico-culturelle, redonner au pays sa véritable posture géopolitique au lieu de le ravaler à un vil exécutant des monarchies hideuses du Golfe, redonner espoir et confiance à cette jeunesse qui a animé le hirak, il faut absolument qu’une dizaine de personnalités nationales, moralement incontestables, civiles ou militaires, se pose unilatéralement comme instance interlocutrice de transition et s’impose pour la sauvegarde de l’Algérie.
Afin d’éviter tous les mauvais procès et contourner les ego surdimensionnés de ceux qui veulent éviter toute instance de transition pour préserver leurs ambitions présidentielles, afin de faire avancer très rapidement les choses, ces personnalités ne parleront pas au nom du hirak mais se placeront au niveau de l’intérêt général et suprême du pays.
C’est un sursaut, un acte héroïque, un geste à la mesure des exigences de ce moment historique pour mettre un terme à cette mascarade de gouvernance nuisible dans laquelle un ministre continue à être ministre bien que mis en examen, une gouvernance de pacotille dans laquelle un ministre se voit refouler à l’aéroport.
Trop c’est trop!. Que d’humiliations devons-nous encore subir avant que les plus sages et les plus courageux d’entre nous, forts de leur parcours irréprochable, sautent le pas qui sépare l’attentisme de la témérité ?
Nous ne pouvons pas comprendre ou admettre plus longtemps qu’on veuille imposer un quasi-putsch à un peuple dont le pacifisme, la détermination, l’humour et le patriotisme ont fini par configurer une nation en devenir, une nation haute en couleurs, une nation qui veut refaire irruption sur la scène du monde comme l’avait fait si admirablement nos aînés en 1954.
Nous avons absolument besoin que cette dizaine de sages vienne enfin dire au commandement militaire que l’armée est d’abord l’armée du peuple, qu’elle n’appartient en aucune façon à ces officiers supérieurs, courageusement anonymes, terrés derrière leur chef d’état-major.
Le pays peut sortir de cette impasse car il est difficile de croire que le système Bouteflika ait totalement asséché la société de tous ses valeureux enfants, de ses intellectuels honnêtes et intègres.
Il y a urgence pour ce sursaut car certains thuriféraires de l’université ou de la presse, semblent séduits par les bruits de botte et le cliquetis des armes alors que tout le pays répète à l’unisson «Dawla Madania machi Aaskaria».
Si ce scénario est plausible c’est justement parce que la société ne nourrit aucune animosité vis-à-vis de son armée et que cette dernière est très certainement composée de patriotes qui voient, comme nous tous, vers quels dangers nous mène le discours militaire liberticide de leur chef, étrangement obnubilé par l’élection présidentielle alors même que le pays vit sans président depuis 2013.