21 décembre 2024
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Vers une solution globale à la crise actuelle   

TRIBUNE

Vers une solution globale à la crise actuelle   

Il paraît de plus en plus clair que notre pays s’oriente vers une solution globale à la  crise politique qu’il traverse depuis plus de cinq mois.

La mise en place d’un Panel de six personnalités : Karim Younès, Fatiha Benabbou, Smaïl Lalmas, Lazhari Bouzid, Benaissa Azzedine et A Bendjelloul sont chargés de conduire un dialogue inclusif associant l’ensemble des forces vives de la nation. L’indépendance des membres de ce Panel est indiscutable. Chacune des personnalités choisies est précédée d’une autorité morale et intellectuelle reconnue, leur engagement dans le mouvement populaire établi, ainsi du reste que leur virginité politique (à l’exception de Karim Younès qui fut Président de l’APN entre 2002 et 2004), enfin leur neutralité totale vis-à vis de l’institution militaire ne fait pas débat. Il n’aurait pas été anormal que ces personnalités voulussent exercer des responsabilités politiques ultérieurement, par exemple en sollicitant le suffrage universel. C’est un peu dommage, mais c’est la règle du jeu qui a été fixée et chaque protagoniste s’est engagé à la respecter. 

Les membres du Panel sont des personnalités au-dessus de tout soupçon 

Comme il fallait s’y attendre et comme nous sommes un certain nombre à l’avoir dit, le Haut Commandement Militaire a tenu parole. Le dialogue inclusif  portera sur la préparation d’un scrutin présidentiel qui devra être un modèle de transparence pour tous les pays. C’est ainsi que l’ensemble des aspects relatifs à la préparation, l’organisation, le fonctionnement, la composante et les prérogatives d’une entité totalement indépendante devront faire l’objet du consensus le plus large, afin que soient réunies l’ensemble des conditions de déroulement d’un scrutin présidentiel dont les résultats devront être à l’abri de toute contestation. Ni l’administration rattachée au Ministère de l’Intérieur et des collectivités locales ni celle du Ministère de la Justice ni, a fortiori, celle de l’Institution militaire, ne seront parties prenantes à la mise en place et au fonctionnement de l’Autorité électorale indépendante dont la mission ne sera bornée par aucune ligne rouge. Cette Autorité disposera d’un budget considérable, abondé par des crédits de l’Etat qui ont déjà été mobilisés, cependant que la loi électorale actuelle dont les insuffisances ont été mises en évidence à plusieurs reprises, sera amendée afin que son architecture soit impeccable. 

Le Panel dispose d’un chèque en blanc pour accomplir sa mission  

C’est le Panel et lui seul qui déterminera sa feuille de route, explorera avec l’ensemble des représentants des populations algériennes dans son spectre le plus large, les voies et moyens permettant d’intégrer les doléances des citoyens, celles des syndicats, des associations, des corporations, des ordres professionnels. Tout au long de ces cinq mois, une foultitude de projets de refondation des relations entre l’Etat et la société, de l’organisation des pouvoirs publics, des garanties des libertés individuelles et collectives, de l’émergence d’un véritable état de droit où la justice serait la même pour tous, ont été présentés, débattus et discutés. Le défi que devra relever le Panel consistera à faire la synthèse des centaines de contributions de la société civile et du mouvement populaire pour rédiger une véritable charte des doléances citoyennes qui sera le premier document que le ou la Président(e) élu(e) sera amené(e) à consulter et sur cette base, commencer d’entreprendre les profondes réformes de structure dont le pays a urgemment besoin.

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Ne pas jouer avec le destin du pays dans le contexte national et international actuel

Le Secrétaire Général de la Présidence de la République, Noureddine Ayadi, grand commis de l’Etat, compétent, intègre et patriote a su expliquer les inconvénients majeurs que ne manquerait pas d’induire sur la gouvernance du pays une période de transition. Celle-ci serait propice à toutes les surenchères et perturberait le fonctionnement des institutions de l’Etat qui font déjà face à une situation économique, financière et sociale de plus en plus complexe.

Elle fournirait l’occasion à une cohorte d’apprentis sorciers, que le sort de ce pays a toujours laissé indifférent, de suggérer des remèdes plus nocifs que les maux dont souffre l’Algérie ; des apprentis sorciers dont il est utile de rappeler qu’ils se sont contentés d’observer de loin la mise en coupe réglée de toute l’économie du pays entre 1999 et 2019, et lorsque le Haut Commandement Militaire y a mis bon ordre, cette engeance, toute honte bue, lui a demandé de se désengager de la scène politique et lui laisser la place. Contrairement à ce que nombre d’Algériens imaginent, le Nouvel Ordre Mondial opère déjà au Maghreb. Notre pays dispose, grâce à son Armée, la plus puissante d’Afrique, de moyens de résister aux pressions extérieures, mais à la condition que le pays demeure uni et qu’un pacte social interne véritable, émerge au lendemain de l’élection présidentielle.

Des éléments documentés seront communiqués aux populations, le moment venu, pour les instruire de l’existence réelle d’un complot visant l’Etat, ses institutions et l’Armée en particulier. Ce projet piloté par le clan de l’ex-Président de la République, et des généraux Mediène et Tartag ainsi que de leurs affidés civils et militaires, allait aboutir mais il a été éventé in extremis, grâce à la vigilance du Chef d’État-major et des membres du Haut Commandement Militaire.

Avec les dernières nominations intervenues au niveau des régions militaires et la désignation d’un nouveau patron de la Gendarmerie nationale, connu pour sa compétence et son intégrité (à la différence de son prédécesseur), le HCM est désormais devenu une bastille imprenable dont les préoccupations cardinales sont les trois suivantes : rester à l’écoute de la population, récupérer l’ensemble des éléments du patrimoine immobilier et mobilier soustraits au Trésor de l’Etat et à la population par la plus dangereuse bande mafieuse de l’histoire de ce pays, faire élire par la population, dans le cadre le plus transparent, l’homme ou la femme qui sera chargé(e) de transformer en profondeur la société algérienne.. 

Des mesures d’apaisement nécessaires et souhaitables

Il ne serait pas normal qu’un dialogue destiné à permettre aux principes sacro-saints de la souveraineté populaire et de la souveraineté nationale de recevoir application se tînt, sans que des mesures d’apaisement ne fussent prises par le Chef de l’Etat. La population algérienne, dans son ensemble, apprécierait que les jeunes qui ont brandi le drapeau amazigh fussent libérés, car ils ont été circonvenus par les personnes qui avancent toujours masqués. Elle apprécierait l’élargissement du commandant Lakhdar Bouregâa, 86 ans, très malade, et celui du Général Hocine Benhadid, 76 ans, encore plus malade. Elle apprécierait que Maitre Salah Dabbouz, militant des droits de l’homme, bénéficiât d’un non-lieu.

La légitimité de l’Institution militaire est désormais établie. C’est elle qui a remis le pays en ordre de marche, c’est grâce à elle que l’Algérie, en récupérant quelque 150 milliards de dollars d’ici 2022, ne fera pas appel au financement extérieur pour mener à bien la diversification de son économie. C’est grâce à elle que l’Algérie figurera, d’ici la fin de l’année 2019, dans le Top 10 des pays luttant efficacement contre la corruption et le crime en bande organisée.

En revanche, l’avenir de celles et ceux qui ont comploté contre l’Etat, ses institutions, envisagé d’éliminer physiquement le Chef d’État-major et les membres du Haut commandement Militaire, doit être celui que leur destine la rigueur des lois.  Pour mémoire, le Général argentin, Jorge Rafael Videla, dont le placard regorgeait d’autant de cadavres que ceux de Mediène et Tartag, est décédé en prison des suites d’un cancer, le 17 novembre 2013. La justice avait obstinément refusé qu’il fût soigné ailleurs que dans la prison où il purgeait une peine de réclusion à perpétuité.

Reste le problème du Premier ministre qui fait l’unanimité contre lui. Son maintien serait de nature à compliquer la tâche du Panel, voire à compromettre les résultats prometteurs attendus de la mission des six. Ce serait vraiment regrettable. Désigner un homme ou une femme consensuelle à la tête du Gouvernement, un ministre de l’intérieur et un ministre de la Justice crédibles et précédés d’une réputation d’intégrité et de rigueur, et c’est la certitude que l’Algérie va s’engager résolument sur la bonne voie et que le Général Ahmed Gaid Salah pour qui mon affection reste inaltérable, malgré toutes les critiques que je reçois pour prix de mon soutien à son action, rentrera dans l’histoire par la plus haute des portes.

 

Auteur
Ali Mebroukine, Professeur de droit 

 




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