Dimanche 30 juin 2019
« Père du peuple » … et dictateur !
Dans le monde, on sait comment les dictatures naissent dans certains pays, mais on ne sait jamais à l’avance comment elles se terminent. Une certitude cependant, elles se terminent toujours mal.
La surenchère nationaliste des discours du MDN, les promesses de ‘’protection’’ des citoyens (des ‘’bons ‘’ citoyens (sic!)), ‘’d’accompagnement’’ du mouvement de contestation populaire pour rester ‘’dans le bon chemin pacifique’’, n’augurent rien de bon pour le pays.
Cette forme de littérature mielleuse du nouveau pouvoir de fait ne rassure pas. Elle ne sert réellement qu’à gagner du temps et faire passer la pilule.
Les dernières décisions répressives (interdiction du drapeau amazigh sur la voie publique lors des manifestations) et l’instrumentalisation de la justice pour l’emprisonnement des manifestants, lèvent le voile sur les intentions et les moyens engagés.
Nous connaissons les promesses des vainqueurs, après chaque coup d’État, de revenir à la vie démocratique et parlementaire dans «les six prochains mois ». Les promesses n’engagent que ceux qui y croient et les réveils sont toujours douloureux.
L’annonce récente de la tenue de ‘’la conférence du dialogue’’ le 6 juillet 2019, avec probablement les dinosaures du système politique (Hamrouche, Taleb Ahmed, …) qui veulent se recycler sur le dos du peuple, marque un pas de plus dans le scenario de la contre-révolution.
Le pouvoir de fait ne prend même pas la peine de mettre les formes et n’assume même pas la nomination du coordinateur supposé (A. Rahabi). Le fiasco de la mission de Lakhdar Brahimi, il y a quelques mois, n’est pas encore soldé.
L’élément déterminant de cette stratégie de prise du pouvoir pour le long terme (et non pour une courte période de transition sans transition), c’est le processus en cours de contrôle total de l’administration de l’État avec le changement du personnel politique et diplomatique et la mise sous tutelle du MDN de certaines administrations relevant d’autres départements ministériels. La lutte contre la corruption est l’argument vendeur agité avec insistance et assurance.
On ne s’étonnera pas d’apprendre demain que l’APC de Haïzer est passée sous la tutelle du MDN.
De leur temps, Ben Bella et Boumediène cumulaient plusieurs postes ministériels, en plus du pouvoir suprême. Abdelaziz Bouteflika avait innové, il se désignait lui-même « rédacteur en chef de la télévision nationale ». L’actuel vice-ministre de la défense nationale vient de suivre le même chemin dans la mise au pas de la société et de décider lui-même ce que doivent être les médias nationaux : des béni oui-oui.
Le langage paternaliste utilisé dans les nombreux discours tenus dans les casernes, parfois en alternance avec un autre langage à peine voilé de menace, ne doit pas faire illusion.
La stratégie de ‘’père du peuple’’ est bien rodée et a été appliquée ‘’avec succès’’ dans beaucoup de pays… avec beaucoup de dégâts (1) (2).
Alors, vigilance envers ceux qui promettent la paix et le bonheur aux prix de la docilité !
Nous ne pouvons pas dire que nous ne savions pas.
A.U. L.
Notes :
(1) Joseph Staline, né le 18 décembre 1878 à Gori (Empire russe, actuelle Géorgie) et mort le 5 mars 1953 à Moscou, est un révolutionnaire bolchevik et homme d’État soviétique d’origine géorgienne. Il dirige l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) à partir de la fin des années 1920 jusqu’à sa mort en établissant un régime de dictature personnelle absolue. Les historiens le jugent responsable, à des degrés divers, de la mort de trois à plus de vingt millions de personnes. Wikipédia.
2) Hitler (1889-1945) est arrivé au pouvoir par des élections démocratiques en 1933 et instaure une dictature totalitaire, impérialiste, antisémite et raciste désignée sous le nom de Troisième Reich. Il déclencha la 2eme guerre mondiale.