Mercredi 10 avril 2019
Le 20 avril et la révolte algérienne
La célébration du 20 avril va se dérouler dans une conjoncture politique particulière cette année. En effet, le 39ème anniversaire du Printemps berbère et le 18ème du Printemps noir se coïncident avec une mobilisation populaire sans précédent dans l’Algérie indépendante.
Depuis la mi-février, des millions d’Algériens sortent hebdomadairement pour réclamer le changement du régime politique qui a dirigé le pays depuis son accession à l’indépendance. Sans être dans la démagogie et le populisme, le 20 avril, après la rébellion du FFS en 1963, reste le symbole des luttes démocratiques et identitaires.
C’est le 20 avril 1980 qui a brisé le mur de la peur imposée par la junte militaire au pouvoir. C’est le 20 avril 2001 qui a définitivement creusé le fossé entre la Kabylie et l’État algérien.
Le 20 avril est le précurseur des luttes algériennes d’aujourd’hui et il devrait être célébré dans chaque coin du territoire algérien, ce qui est déjà le cas au Maroc, en Tunisie et en Libye. La Kabylie, en tous cas, en tant qu’entité culturelle et linguistique d’un côté et en tant qu’entité politique et bastion de l’opposition démocratique de l’autre, a mûri ses revendications et à affini ses ambitions. La Kabylie n’aspire plus à « démocratiser » l’Algérie ni à « kabyliser » les Algériens.
Depuis les tragiques événements du Printemps noir où pas moins de 127 jeunes manifestants ont été assassinés par des armes de guerre tenues par les forces de répression algériennes, une nouvelle revendication a émergé et un nouveau discours politique voit le jour.
La Kabylie aspire dorénavant à la mise en place de ses propres institutions. Maintenant que l’actualité politique et le bouleversement que vient de connaître l’Algérie nous offrent des données nouvelles et avec lesquelles il faudra compter, le combat reste d’actualité mais la perspective n’est plus la même.
Étant donné les luttes passées, les échecs passés suis-je tenté de dire, la classe politique et l’élite intellectuelle kabyle doivent plus que jamais concentrer leurs efforts sur l’avenir immédiat de la Kabylie, soit dans un cadre d’une nouvelle Algérie basée sur la reconnaissance des uns et des autres, soit en dehors de celle-ci si la tentation fasciste et hégémoniste arabo-islamique prenne le dessus.
Une chose est sûre, c’est que les rapports entre la Kabylie et l’Algérie ont été définitivement modifiés et le 21e siècle dans lequel l’Algérie avance à reculons a sonné le glas des dictatures et de la pensée unique.
Le 20 avril 2019 sera la journée de l’union et de la liberté de la Kabylie.
Ahviv Mekdam,
Universitaire, journaliste.et militant souverainiste kabyle.