23 novembre 2024
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Saïd Bouteflika, je serai ton avocat, car je suis un humaniste  !

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Saïd Bouteflika, je serai ton avocat, car je suis un humaniste  !

Lorsque j’ai posté l’annonce du Matin d’Algérie sur ma page Facebook, il y a eu un déferlement de messages comme je n’en ai jamais eu depuis que je fréquente ce réseau. De la joie, c’est peu dire, mais froide et retenue comme celle qui est si longtemps contenue dans le plus profond des âmes.

Aujourd’hui, nous pouvons faire appel à tellement de proverbes et de citations qui pourraient, à l’infini, décrire ce que nous ressentons.

Je pense particulièrement à une citation de la Bible, la plus connue, « Qui a vécu par l’épée, périra par l’épée ». Oh rassurez-vous, il ne s’agit que d’une métaphore car je suis un démocrate et humaniste, farouche partisan de l’abolition de la peine de mort.

Ce qu’il faut entendre par cette métaphore est qu’il a eu ce régime entre les mains. Il ne l’a pas créé mais il en a été l’âme et le Raspoutine, jusqu’à provoquer la terreur sur quiconque osait lever la tête et lui causer un tort.

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Il n’a aucune compétence constitutionnelle et s’est arrogé la main mise sur les institutions algériennes. Il n’est que le frère du prince mais a fait trembler bien d’autres barons et, c’est peu dire, les plus modestes des citoyens.

Il était l’interlocuteur des médias, le lien hiérarchique avec les ambassadeurs et celui qui faisait et défaisait les clans des plus puissants de ce pays.

Il a permis des fortunes gigantesques et a régné sur une oligarchie qui, de père en fils, a pillé l’Algérie jusqu’à ses dernières guenilles.

Alors, beaucoup ne vont pas s’offusquer de la manière dont il serait arrêté, les charges retenues et les risques de condamnation, qui seront, probablement pour certaines, arbitraires. Il a tenu la justice d’une main de fer, qu’il se débrouille, diront-ils, avec un régime des plus barbares qu’il a dirigé en lieu et place d’un frère grabataire.

En juin 2016, j’avais publié sur Le Matin « un souvenir tenace », racontant ma rencontre avec cet individu, lors d’un couscous préparé par une amie commune (je ne le connaissais pas). Il était alors très jeune, comme nous l’étions à l’époque, mais les dents étaient longues et il manifestait son désir que sa présence soit accueillie avec le respect dû à son patronyme.

Puis j’ai tellement rédigé d’articles à son propos que je ne saurais par quel bout prendre ce personnage de malheur pour l’Algérie.

Raspoutine va terminer comme toutes les personnes qui ont créé un monstre, dévoré par ce monstre. Car il est bien évident que les généraux doivent absolument se retourner contre Saïd comme ils se sont retournés contre Ali Haddad.

Nous nous souvenons de l’histoire, encore plus dramatique, du Président roumain qui fut jugé et exécuté juste dans la cour du tribunal, tout cela en une heure.

Nous le savions mais aujourd’hui les archives et les témoignages l’attestent, les responsables du régime ne pouvaient se permettre un procès où tant de choses allaient être déballées et leur causer du tort. Trop de compromission, trop de milliards en jeu.

Pourtant, Saïd, au moment où tu es face à ta créature du diable, je me rends compte que je suis un humaniste, avant tout.

Comme Raspoutine tu as vécu, tu finiras misérable et pourchassé par la justice. Cependant, si je ne suis qu’un juriste, pas un avocat, je prendrai ta défense si on me le permettait. Je défendrais le diable s’il était possible de le faire.

Car, moi, Saïd, j’ai un profond sentiment d’humaniste qui m’anime et si, dans les prochains jours, le respect de l’humanité n’est pas au rendez-vous, je prendrai ta défense.

Je sais plus que quiconque que c’est la lâcheté des êtres humains et leurs intérêts qui permettent des pouvoirs comme le tien. Alors, je ne saurais aboyer avec les chiens ni hurler avec les loups. Un avocat, cela défend les pires humains, son rôle est d’aller rechercher au plus profond de la bête, une lumière d’humanité.

Je le ferais, Saïd, car moi, l’athée, j’ai une immense croyance en la rédemption des hommes.

En attendant, il faut que tu affrontes cette terrible peur qui tenaille les gens soumis, ceux que tu as terrorisés.

Et cela, je ne crois pas que ce soit une justice expéditive si tu ressens la terreur que as causée aux algériens. La ressentir me permettra d’aller au fond de toi pour rechercher ce reste d’humanité, aussi minime qu’il soit.

Et si tu ressens cette terreur dans les prochains jours, c’est qu’il te reste un fond d’humanité. Je plaiderai pour ta défense.

Auteur
Boumediene Sid Lakhdar, enseignant

 




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